De toute ma carrière je n’ai exercé de fonctions d’inspection car je n’ai que peu de goût pour ce type de travail, j’aime trop l’action en alternance avec la réflexion, en revanche lors de mon passage au 78 rue de Varenne j’ai pu constater que beaucoup de membres des grands corps d’Inspection de l’Etat, des Finances et Cour des Comptes, avaient une grande appétence pour les cabinets ministériels. Moi, simple contractuel, j’ai eu sous ma direction ce type de bel esprit, brillant, compétent, ambitieux. Pas simple mais très intéressant de pouvoir leur mettre le nez dans la réalité et leur voir perdre de leur superbe.
Le point de vue d’Hélène Strohl qui a partagé quelques années de service à l'IGAS (Inspection générale des affaires sociales) avec Aquilino Morelle, me paraît digne d’intérêt.
Elle dit de lui « qu'il est aimable, drôle et très intelligent. » avant d’ajouter qu’elle « n'aime pas les dénonciations publiques »
Je partage son point-de-vue lorsqu’elle souligne qu’ « Aquilino Morelle incarne un type de hauts fonctionnaires: ceux qui considèrent que l'administration, le service public ne constituent plus un lieu intéressant de pouvoir et qui pensent qu'une carrière réussie débouche forcément sur un poste politique ou /et lucratif dans une entreprise privée. »
« … comme un certain nombre de membres des corps de contrôle de l'Etat, il n'a jamais considéré que le contrôle, l'audit, le conseil de divers services publics, d'Etat, de collectivités territoriales eût une quelconque importance ni le moindre intérêt. Sauf quand il s'agissait de rapports à forte densité politique et médiatique.
Les objectifs du service public sont devenus pour toute une série de hauts fonctionnaires totalement abstraits. Ils méprisent la petitesse des actions quotidiennes, le petit nombre d'usagers concernés par le bon fonctionnement d'un hôpital ou d'un service départemental de protection de l'enfance comparés à l'importance des grandes analyses économiques et statistiques aboutissant à de grandes réformes, gravées «dans le marbre (certains le disent encore) de grandes lois. Que l'on renouvelle à périodicité de plus en plus fréquente puisqu'elles sont de moins en moins mises en œuvre.
Ce qui n'est pas généralisable ou universel dès le premier abord ne mérite pas qu'un fonctionnaire haut s'y intéresse. »
C'est une illusion que de croire que l'on se prémunira par des procédures, déclarations, contrôles etc. contre « les conflits d'intérêt ».
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* « Servir, c’est la devise de tous ceux qui aiment commander » Jean Giraudoux