Ce que j’aime dans le premier mois de l’année c’est de pouvoir embrasser en toute sérénité, je n’ose écrire sécurité, plein de jolies femmes que tout au long de l’année je dois me contenter de saluer. Plus sérieusement, autant les vœux en routage et les discours interminables me gonflent, ce rituel un peu désuet du « bonne année » me plaît. Prendre le temps d’envoyer un petit mot, de téléphoner, d’échanger des sms, de renouer avec une parcelle de chaleur des liens un peu distendus c’est un « peu de douceur dans un monde de brutes ». Pour ne rien vous cacher chers lecteurs j’aurais été sensible à cette chaleur qui fut bien frêle et bien vacillante en ce début d’année... Merci à ceux qui ont pris le temps. Je leur répondrai personnellement. Pour les autres, même si ce n’est pas très commercial de morigéner ses lecteurs, je leur propose de lire cette chronique de mes vœux 2006 qui illustre mon petit propos matinal.
« Chers lecteurs, chers abonnés, ou vous qui êtes de passage, connus ou inconnus, ce matin loin de sacrifier à un rituel c'est avec plaisir que je saisis ma plume électronique pour vous souhaiter à vous et à ceux qui vous sont chers :
Une Bonne et Heureuse Année 2006
Chaque jour ou presque je m'adresse à vous, je tente plus ou moins adroitement de renouer les fils, de faire bouger les lignes, de créer les conditions du dialogue, de la discussion ; s'écouter, s'entendre, s'élever, s'accepter, vivre en société, vaincre nos peurs, être des hommes de paix résolument, refuser le fatalisme, croire en notre capacité de dépasser nos égoïsmes, travailler avec passion dans un monde dangereux et dur, si opulent et si démuni, oui chers amis vivre ensemble tout simplement...
Les mots écrits ont un poids et permettez-moi brièvement de vous conter une chose de la vie, de ma vie au temps où j'occupais le bureau ovale de l'Hôtel de Villeroy au 78 rue de Varenne. Chaque soir, la pile des parapheurs, lire, signer tout ce courrier en réponse aux lettres adressées au Ministre. La froideur et l'inhumanité du courrier administratif, lettres argumentées, la sécheresse du style, la chute brutale : en conséquence nous ne pouvons pas faire droit à votre requête... Un soir, en vis à vis d'un de ces courriers, un appel au secours d'une dame pour son fils empêtré dans les absurdités de l'attribution de la dotation jeunes agriculteurs, pour d'obscures raisons l'administration disait non après avoir indiqué que ce serait oui.
Je n'avais pas envie de signer ce torchon gris. Alors je pris ma plume et j'écrivis à madame Chadozeau de Cellefrouin 16260. Je n'ai plus souvenir de ce que lui écrivis mais par la suite, à chaque nouvel an, sur une petite carte naïve je reçus les voeux de cette dame avec en final cette phrase « encore merci d'avoir bien voulu perdre votre temps pour nous répondre (et pas une lettre « tapée machine ») Merci... Vous comprendrez donc que les voeux sur papier glacé n'auront jamais la valeur de ceux de madame Chadozeau. Encore une fois tous mes bons voeux...