Le texte des vignerons alsaciens du groupe Transversal Alsace a été beaucoup lu, mais peu commenté, ce qui est assez normal car la réflexion n’a plus vraiment la cote par les temps qui courent car elle demande un peu d’effort et de travail.Le flux plus que le contenu, l'instantanéité nous prive de tout recul.
En revanche j’ai reçu un courrier personnel d’un très bon vigneron bourguignon qui me dit avoir écrit à Jean-Michel Deiss mais sans avoir reçu de réponses. Amis alsaciens il faudrait que vous acceptiez aussi de discuter hors de votre belle région !
Hier au soir, un bon expert des marchés du vin m’a envoyé ce texte qui me paraît fort intéressant. Je le propose à votre lecture en espérant amorcer la pompe d’une bonne et vraie discussion sur un sujet qui en vaut la peine.
« Je suis surpris que le long texte des viticulteurs alsaciens ne déclenche pas de réaction. Trop de texte ?
Oui, l’Alsace va mal, elle a sans doute 1/3 de stock en trop, et la baisse de revenus des vignerons, même s’ils restent globalement bons en moyenne, ne s’arrangent pas.
Je trouve le diagnostic bon sur 2 points qui se rejoignent :
- Le cépage plutôt que le terroir banalise les vins d’Alsace et les met dans un marché de prix,
- Aller à la facilité commerciale en développant des MDD et produits à marques non reconnues par les consommateurs se paie par une baisse de la valeur au bout d’un délai long, L’Alsace c’est juste un prix pour des produits peu différenciés car le travail de différenciation, rôle de la presse et des prescripteurs (cavistes, CHR, et surtout vignerons qui vous reçoivent si bien !) n’est plus suffisamment fait, aussi l’Alsace sort de la mémoire collective et ce qu’il en reste est une image datée (choucroute et danses folkloriques pour faire court),
Mais ils se trompent sur les solutions,
- « Faute de politique de protection ambitieuse et régulièrement défendue à l’Inao, le vin d’Alsace est devenu la proie des marchés massifiés », les règlements, notamment les seuils de rendements, n’intéressent pas les consommateurs, la quasi-totalité d’entre eux relèguent cela au blablabla entre spécialistes… et toute ces contraintes ont un coût soit donc un avantage prix pour les concurrents.
(Bis) Le poids de la GD est majoritaire dans tous les pays, ne travailler qu’avec les Monoprix du monde entier demande un travail d’entretien de réseau commercial qui n’est toujours pas dans les habitudes françaises. L’époque où un Kermit Lynch se déplaçait appartient au XXème siècle !
- La communication du CIVA reste dépendante des choix des élus et des budgets, or les cotisations de l’Alsace sont basses, et de toute façon trop limitées pour des actions de masses.
- Dans le segment de prix 3 à 12 €, la concurrence tant française (sud et Bourgogne) qu’étrangère (Italie notamment) se développe beaucoup plus vite que la demande, l’Alsace bénéficie certes d’un plus gros gâteau, mais elle doit surtout le partager avec d’avantage de monde !
Les solutions sont multiples, la plus évidente est de consacrer moins de temps à des questions réglementaires et plus à du relationnel commercial.
Repenser le message : qu’est ce qui fait qu’un Alsace est unique ?
Elargir la taille de la population de consommateur par des accords mets vins hors gastronomie alsacienne et augmenter la fréquence de conso est le pari de l’interprofession, cet axe ne doit pas être abandonné… »