Rappelez-vous Mendès lolo ! Du droit d’un Président de la République à boire ce que bon lui semble !
Il est de bon ton dans notre milieu du vin de railler le fait que notre Président ait consommé, dit-on – je n’étais pas présent à Châteauneuf-du-Pape – du jus de cerise lors de sa rencontre avec des professionnels du vin. Mais c’est son droit le plus strict. Au risque de passer pour un provocateur je trouve qu’il a fait preuve de courage en ne se soumettant pas à un geste pour simplement faire plaisir à ses interlocuteurs.
Pour autant, cette abstinence, le disqualifierait-il en l’empêchant de porter sur nos problèmes un jugement serein ?
Pour moi la réponse est bien sûr non.
Quand à se pencher sur le pourquoi, les raisons de son choix j’estime que c’est une pure inquisition qui n’a rien à voir avec la sacro-sainte transparence.
Que notre Président se retrouve dans la catégorie majoritaire des non consommateurs absolus de vin qui est passée de 19% en 1980 à 38% à 2010 et que l’on prévoit à 42% en 2015 devrait nous amener à sortir de nos analyses à courte vue (chronique de demain )
Dans ma jeunesse Pierre Mendès-France, baptisé Mendès-lolo pour sa distribution de lait dans les écoles, s’est aliéné le vote de ceux qui lui reprochait sa croisade contre les bouilleurs de cru et a été vilipendé dans les campagnes. Pour autant, était-ce un mauvais dirigeant politique ? Il était l’élu d’un département normand où l’on ne suçait pas que de la glace et son combat était respectable.
Notre Président ne peut être taxé d’être anti-vin car il n’en boit pas. L’important pour nous tous c’est que lui-même et ceux qui se présenteront à la magistrature suprême comprennent ce nous sommes vraiment et ne se laissent pas seulement influencer par le lobby des hygiénistes. Nous sommes le fruit d’une Histoire, le vin n’est plus la boisson nationale, à nous de convaincre nos décideurs de la place nouvelle qu’il occupe dans nos sociétés urbaines déshumanisées. Gardons-nous de nous faire plaisir avec des facilités de plume ou de langage.
La colère est souvent bien mauvaise conseillère. Moi le premier il m’arrive de m’y laisser prendre. Mon ami David Cobbold me le faisait remarquer il y a quelques jours lorsque j’ironisais sur le nom d’un de mes détracteurs favoris. Il avait raison et je vais plus encore être attentif à garder au débat une certaine forme de tenue. Que nous fussions irrités, fâchés, exaspérés par la mauvaise foi de certains de nos adversaires, par la réceptivité des médias à leur argumentaire, je le comprends aisément mais pour autant gardons-nous de céder à la facilité, à l’emphase, aux arguments qui nous font tant plaisir mais qui desservent notre belle cause.
Comme nul ne peut me taxer d’être un thuriféraire de notre Président j’ajoute à cette chronique en défense que l’intérêt général n’a jamais été, et ne sera jamais l’addition des intérêts particuliers, mais la capacité que nous aurons à demander à nos hommes politiques d’énoncer des choix clairs qui nous permettrons de choisir en toute connaissance de cause et non à entendre des promesses, dont beaucoup ne seront jamais tenues. Comme je n’ai pas la vocation, ni l’envie d’ailleurs, d’énoncer ces choix pour notre secteur du vin je forme des vœux pour que ceux qui en ont la charge représentative le fassent. C’est le moins qu’on puisse espérer d’eux…