C’est un peu comme si le bel Alexandre Stavisky dit Sacha, le 7 janvier 1934, au lieu de se suicider « d’un coup de révolver qui lui a été tiré à bout portant » s’était contenté de changer de nom. Toujours en parodiant le Canard Enchaîné de l’époque qui ironisait « Stavisky s'est suicidé d'une balle tirée à 3 mètres. Voilà ce que c'est que d'avoir le bras long » je souligne, avec une ironie non feinte, que nos bras longs à nous sont bien plus astucieux car, suite à leur indigestion de « produits pourris », dont ils s’étaient goinfrés, qui nous a précipité dans une « belle » crise mondiale, eux savent laver leur linge sale dans le grand tambour de la communication institutionnelle : Calyon change de nom nous dit-on sur les écrans de télévision !
Mais qu’est-ce donc ce Calyon ? Ce n’est pas, en dépit de ses « vertus » laxatives, une marque de suppositoires contre la constipation. Calyon est née de la fusion des activités banques de financement et d’investissement du Crédit Agricole et du Crédit Lyonnais après le rachat de cette dernière en 2003. Pour ce dernier, nos banquiers agricoles nous ont déjà fait le coup en masquant la mauvaise réputation du Lyonnais sous 3 initiales LCL, le tout accompagné d’une lourde campagne de promotion du nouveau flacon à la télévision. Comme la posologie semble s’être révélée payante, nos gars du boulevard Pasteur repassent les plats : Calyon sera rebaptisé Crédit Agricole Corporate Investment Bank, ou Crédit Agricole CIB pour les intimes.
Pour lancer l’opération y s’offrent les services d’un vieil écossais - normal après la cigale c'est la fourmi - qui porte beau : l’ex James Bond Sean Connery. Sans changer la nature de la cérémonie, si je puis m’exprimer ainsi, ils habillent la nouvelle mariée d’une robe du plus bel effet :«Ce changement de marque, 18 mois après la mise en place de notre nouvelle stratégie au service des besoins de nos clients et de l’économie réelle, est une nouvelle étape importante dans notre développement. Il confirme l’ambition du groupe Crédit Agricole dans la banque de financement et d’investissement : celle d’un engagement partenarial aux côtés de nos clients - grandes entreprises et institutions financières - pour contribuer à la réalisation de leurs projets, en France comme à l’international» a déclaré Patrick Valroff, directeur général de Crédit Agricole Corporate and Investment Bank.
C’est’ y pas beau ça mes amis ! Un peu de paille dans les sabots avec l’agricole crédit plus une grosse couche qui sonne Wall Street : Corporate and Investment Bank, ça pose son homme vous ne trouvez pas ? Alors que le Salon de l'agriculture ouvre ses portes je trouve cela fort goûteux pour les agriculteurs.
Avant que les hommes du terroir de la rue de la Boétie se payent la Caisse Nationale, au temps du couple Barsalou-Douroux, il était de bon ton, pour bien vanter l’enracinement du groupe Crédit Agricole dans son terroir, de vanner le pauvre Crédit Lyonnais en se gaussant de son patronyme le rattachant à la capitale des Gaules.
Sans ironiser plus que de raison la question pourrait aussi se poser pour la Banque Verte : agricole vous avez dit agricole ? Sa frilosité dans notre beau secteur m’a toujours étonné. Sans doute peut-on y voir les séquelles d’aventures passées pas très bien maîtrisées mais tout de même, en dehors de quelques bricoles dans le portefeuille de l’IDIA, ce n’est pas la joie et c’est vraiment petit bras. Trop risqué, manque de rentabilité, absence de stratégie, l’agricole crédit ne risque pas l’ivresse à notre endroit. Mais je suis sûr qu’avec Crédit Agricole Corporate Investment Bank tout va changer dans le style Beigbeder fait son blé en Ukraine ! Le Crédit Agricole ne serait-il plus qu'une marque déclinable à tout vent en fonction de l'air du temps ?