Gérard Depardieu : « Mon foyer est là où les gens m'aiment » AVANT-GOÛT | Il était parti avec fracas, il revient sur les écrans dans le film d'Abel Ferrara, « Welcome to New York » inspiré de l'affaire DSK. Gérard Depardieu est à la une de « Télérama ». Propos recueillis par Fabienne Pascaud le 06/05/2014 à 10h31 link
Question : « Pourquoi les comédiens boivent-ils autant ? »
Gérard Depardieu
« Parce qu’ils sont fragiles. Ça commence par un whisky à 5 heures pour se donner le courage de jouer le soir. C’est presque un médicament. Ça rallume la chaudière. Mais ça amène au mensonge. Peu à peu les alcooliques se cachent, ils ont honte. C’est pour ça que je ne suis pas un alcoolique, je ne me cache jamais. Si je bois – j’ai arrêté depuis cinq mois -, c’est par excès de vie. Je suis une nature, un peu con parfois… Il m’est arrivé de tenir à peine debout pendant les représentations de La Bête de la Jungle avec Fanny Ardant ; même l’oreillette que je devais porter pour être capable de dire mon texte tombait par terre… dans Tartuffe aussi, monté par Jacques Lasalle, avec François Périer. J’avais observé que François partait aux toilettes cinq minutes avant la représentation, je pensais qu’il picolait en douce. Un soir où j’avais soif, je pars avant lui et je découvre effectivement une bouteille au goût de Fernet-Branca, je l’avale et reviens comme si de rien n’était. Il sort à son tour des WC, excédé : « Qui m’a pris ma lotion pour les cheveux ? ». Il la cachait pour faire le beau et je l’avais ingurgité. Un soir, j’étais si ivre que lors de la scène de séduction avec Elmire, c’est elle, Elizabeth Depardieu, qui a dû me souffler chaque mot de ma déclaration d’amour. Finalement ça donnait une certaine perversité à la scène. Mais trop boire tue peu à peu le côté festif de la chose, ça isole, renferme sur soi, sur ses douleurs narcissique. Et ça marque, ça fatigue. Pourtant Marguerite Duras m’a souvent avoué qu’elle regrettait de ne plus boire. »