« Oglio gli indifferenti » c’est le titre original d’un livre d’Antonio Gramcsi. Je l’ai repris pour titrer ce post où je me contente de relayer la colère froide et salutaire d’Hervé Bizeul dans sa chronique « Après le feu » link qui faisait suite à «Grêle pour les uns, incendies pour les autres »link
« Si l'on peut lutter, si l'on voit un avenir, alors tout est possible, rien n'est vraiment douloureux, même si la situation est terriblement difficile.
Quand on vend mal ou pas du tout, quand on vend en bradant son travail, son terroir, son patrimoine, clairement en dessous des coûts de revient, depuis des années parfois, et qu'en plus une telle catastrophe vous tombe dessus, cela doit être terrible. Ce n'est pas mon cas, loin de là. Et je suis donc très mal placé pour en parler. Mais il y a aujourd'hui nombre de situations désespérées et je regrette que certains ne les décrivent pas davantage. Dans le plus terrible malheur, les paysans seraient alors moins seuls. Je regrette aussi, en fait je ressens même ça comme une offense, le silence de la presse spécialisée. En vacances au lieu d'être en reportage, bien au frais, le cul dans la graisse, les journalistes préparent leur longue complainte de la « mort de la presse » ayant bouclé leur « spécial foire au vin » dont les ficelles sont vraiment trop grosses... Mais ne seraient-ils pas plus à leur place dans l'entre deux mers, au chevet des vignerons blessés, pour raconter leur détresse, climatique et économique, (eux qui vendent le tonneau de Bordeaux au prix d'il y a...26 ans !) au lieu d'être à quelques kilomètres de là parfois dans la maison de vacances même d'un cru classé 1855 où ils sont « invités » ? Et ces mêmes « 50 marques » sur qui l'argent dégouline depuis dix ans, ne se grandiraient-elles pas en montant un petit fond de solidarité, en envoyant un peu de personnel pour aider, en garantissant auprès des banques quelques prêts, collectivement ou mano à mano ? Bon, j'arrête là, je vais encore me faire des amis ou me faire insulter de la pire façon : « idéaliste, va... »