Je ne sais pas si vous êtes comme moi mais, par-delà les comptes, l’extrême rigueur des plans d’ajustement, au-delà de la froideur des chiffres, sans porter de jugement sur le pourquoi, le comment ce pays en est arrivé là, je juge l’attitude purement punitive des censeurs, avec à leur tête la chancelière, indigne et mortifère. Que diable, lorsque les temps étaient aux cigales que n’ont-ils pas prévenu les gouvernants grecs, mis en place des signaux préventifs… Non, la Grèce, ses banques, son économie souterraine, ses grandes fortunes non imposées, son marché c’était tout bon pour nos prédateurs. Ils pensaient se goinfrer et ils se sont ramassés des gamelles. Mettre à genoux tout un peuple, surtout le petit peuple, attitude impériale de la grande Allemagne, lâcheté de son allié privilégié, est indigne d’une solidarité bien comprise. Que les gouvernants grecs aient failli, amenant leur pays au fond du gouffre d’un surendettement vertigineux, ne doit pas nous faire oublier, qu’à notre propre échelle, nous ne sommes pas indemnes de tout reproche. Effacer l’ardoise du « mauvais élève » est impératif car ceux qui donnent la leçon ont été de bien piètres professeurs. Rappelons-nous les purges que le FMI voulait imposer à l’Argentine lorsqu’elle était elle aussi en quasi-faillite. Ce pays a résisté et s’est relevé…
Je m’en tiens là et je vous propose d’écouter Angélique Ionatos link et Nena Venetsanou chanter Sappho de Mytilène.
« La nature crée ses propres parentés, quelquefois plus puissantes que celles forgées par le sang.
Deux mille cinq cents ans en arrière, à Mytilène, je crois voir Sappho comme une cousine lointaine avec qui je jouais dans les mêmes jardins, autour des mêmes grenadiers, au-dessus des mêmes puits.
A peine plus âgée que moi, brune, avec des fleurs dans les cheveux et un cahier secret plein de poèmes qu’elle ne m’a jamais permis de toucher.
Il est vrai que nous avons vécu sur la même île. Nous avons eu la même sensation du monde naturel, si caractéristique, et qui continue à marquer – inaltérable – depuis ces temps lointains jusqu’à aujourd’hui, les enfants d’Eole.
Mais avant tout, nous avons travaillé – chacun à sa mesure – sur les mêmes notions pour ne pas dire les mêmes mots : le ciel et la mer, le soleil et la lune, les végétaux, les filles, l’amour. Qu’on ne me tienne pas rigueur, alors, si je parle d’elle comme une contemporaine. Dans la poésie, comme dans les rêves, personne ne vieillit. »
Odysseus Elytis Prix Nobel de littérature