La revue de la SAQ « CELLIER » automne 2009 publie un article dont ma chronique a repris le titre. L’auteur Marc Chapleau écrit en exergue de son article « Le Languedoc et aussi le Roussillon c’est le Nouveau Monde mais à la sauce française. Autrement dit, les raisins y mûrissent tout seuls, mais sous un climat politique et administratif assez lourd ». Suivent des « portraits » de domaines et de personnalités : le mas de Cynanque, Aimé Guibert, château Cazeneuve, château Puech Haut, domaine de l’Hortus, Cazes frères, Gérard Gauby, Mas Amiel et Simon Dauré. Je le retranscris sur mon espace de liberté. Dernier détail, sur la carte ci-dessus vous remarquerez que MONTREAL de l’Aude avec ses 2000 habitants est l’équivalent de Carcassonne. Beau clin d’œil de nos amis québécois qui dans l'affaire ont englobé le Roussillon dans le Languedoc.
Lisez attentivement cet article. Comme le disent certains jeunes : moi j’hallucine devant l’image donnée de leur région par certains... Se donner des verges pour se faire fouetter c’est d’un masochisme absolu. Le passage en bleu est extraordinaire : à diffuser dans toutes les chaumières vigneronnes... Pour mon ami Jacques Dupont gentiment je lui ferais remarquer qu’il ne doit pas aller souvent au bordel, ce qui est tout à son honneur (voir sa déclaration dans l’article pour comprendre ma fine allusion). Quand à la Catalogne du Nord chère à Gauby si ça lui fait plaisir, pourquoi pas, mais personne ne s’y trompe la Catalogne c’est Barcelone pas Perpinyà et ses alentours... Bref, tout le monde surjoue et presque tout le monde y perd sauf les preneurs de dividendes interprofessionnels.
« Voilà une quinzaine d’années, on se disait : « Ça y est, le Languedoc est en train d’émerger après des décennies de rouge bon marché. La notion de cru est arrivée, on peut parler de Californie française, sonnez tambour résonnez trompettes... »
Or le temps a passé et puis quoi ? Ce n’est pas le calme plat, loin de là, mais on fait un peu du surplace. Certes, soyons juste, on s’active beaucoup dans les officines languedociennes, de nombreux nouveaux vignerons s’installent et des étrangers, beaucoup d’Anglais notamment, ont investi les lieux il y a quelques années, la force de la livre anglaise et la baisse du prix du foncier aidant.
Mais à discuter avec des producteurs, à rencontrer divers intervenants dont certains présidents de syndicats d’appellation, le constat s’impose : la consécration tant annoncée tarde à venir. Le Languedoc, hormis dans l’esprit des inconditionnels, demeure ainsi au top... des ligues mineures.
Attention, cependant. Comme ses tarif sont souvent doux comparés aux sommes qu’exigent les ténors équivalents dans le Rhône, à Bordeaux ou en Bourgogne, cette apparente faiblesse est en réalité un atout, du moins pour les consommateurs, car les vins du Languedoc constituent dans l’ensemble de bons rapports qualité-prix..
C’est justement là où le bât blesse. »Je suis désolée, mais l’image de marque du Languedoc n’existe tout simplement pas, les acheteurs pensent à nous en termes de bas prix un point c’est tout », s’exclame ainsi Patricia Boyer-Domergue, propriétaire du Minervois la Livinière Clos Centeilles et présidente de son appellation.
Mais est-ce si injuste ? N’arrivent-ils quand même pas, chacun, à faire leurs frais et même à engranger de bons profits ? Réponse le plus souvent entendue durant notre reportage : « Le foncier coûte moins cher ici, vrai, mais les coûts de main-d’œuvre et les frais généraux sont les mêmes qu’ailleurs. » Où est le problème alors, vous demeurez gagnants, non ? « Pas avec des rendements près de la moitié moins élevé que dans le Bordelais... »
LE FAR WEST
« Le Languedoc, d’est le far west », dira encore l’ardente Patricia Boyer-Domergue. Or ce n’est pas faux, le vignoble est à la fois très ancien et tout nouveau... Après tout, avant Aimé Guibert er son Mas de Daumas Gassac en 1978 puis Olivier Jullien, en 1985, c’était pour ainsi dire le désert. Si bien que le Languedoc tel qu’on le connaît aujourd’hui est au fond très jeune. Et il n’en finit plus de renaître... « Nous avons été victimes du fait que c’est facile de cultiver du raisin ici, tout mûri tout seul ou presque, si bien qu’au début du XXe siècle on a produit beaucoup pour suffire à la demande, explique Louis Fabre, vigneron et président du syndicat d’appellation Corbières. Nous n’avons pas vraiment de tradition. Nous avons bien une histoire, vieille de plusieurs siècles, mais nous avons aussi connu un trou d’une centaine d’années, ou peu de bonnes choses sortaient de nos caves.
Ce laisser-aller et cette désorganisation font par ailleurs dire à un vigneron comme Vincent Goumard, du mas Cal Demours, qu’ »il faut faire l’unité collectivement [ ndlr : entre les diverses factions et appellations ] et communiquer d’une même voix. Ce que nous réussissons peu à peu » concède-t-il dans la foulée.
Si tous ne partagent pas sa vision, si un profond pessimisme voisine là-bas avec une foi mesurée en l’avenir, l’ensemble de la profession s’accorde à dire que la filière vin est trop politisée. Déjà que la bureaucratie, en France, s’est toujours remarquablement portée, il faudrait en rajouter une couche dans le vaste pays occitan et catalan. « C’est chaud en Languedoc, mais c’est la vie et le climat », philosophe Jean-Philippe Granier, directeur technique de l’appellation coteaux-du-Languedoc. « Un bordel invraisemblable, cette région », s’attriste de son côté Jacques Dupont, journaliste spécialisé au magazine français Le Point.
Chose certaine, l’auteur de ces lignes à dû lui-même se plier à certaines demandes expressément politiques afin de ménager les susceptibilités. Ainsi, au lieu de traiter avec un seul interlocuteur « Languedoc-Roussillon » qui représenterait toute la région, il faut négocier avec un comité spécifiquement Languedoc avec son pendant dans le Roussillon, avec une autre organisation parapluie pour les vins de pays d’Oc (qui représentent autour de 85% de la production languedocienne totale) et, la cerise sur la gâteau, le dessert, littéralement, avec les producteurs de vins doux naturels, qui font pratiquement bande à part eux aussi....
PLUSIEURS BEAUX VINS NÉANMOINS
Et les vins dans tout cela ? Pour commencer, nous avons goûté quantité de beaux rouges pas toujours très alcoolisés et même souvent moins que dans le Rhône pas très loin. Des vins qui, pour la plupart, n’ont pas cédé aux sirènes du vin « international », au fruité immédiat et conçu pour plaire, davantage que pour durer.
Mais aussi, et surtout, plusieurs très bons blancs, d’une fraîcheur étonnante et qui battent en brèche l’idée reçue du vin blanc du sud lourd et empâté. Également dignes de mention, les rosés élaborés par exemple près de Collioure, dans le Roussillon.
À ce propos, justement, pourquoi un long préambule sur le Languedoc sans dire un mot ou presque, sur la région voisine ? « Parce que les Catalans, c’est différent. » Cela est revenu comme un leitmotiv dans la bouche de plusieurs interlocuteurs, tout au long du reportage. Sur le plan politique, sur le plan viticole et sur le plan culturel aussi. Sur les contre-étiquettes de Gérard Gauby, en côtes-du-Roussillon, il est par exemple écrit « Catalogne nord ». « On fait partie de cet ensemble-là, dit ce dernier, d’ailleurs quand les catalans espagnols s’arrêtent au domaine, je les comprends ; je manque un peu de vocabulaire, mais c’est tout. »
Heureusement que cette pagaille et de l’adversité naissent la diversité, la chaleur et l’authenticité. Tout ce beau monde parle fort, souvent, on l’a constaté, mais cela n’empêche pas le vin du Languedoc-Roussillon d’arriver à chanter dans les verres, comme le dit l’expression consacrée... »
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