N’en déplaise aux anarchistes j’ai toujours détesté l’injure « mort aux vaches » car il n’y a rien de plus paisible qu’une belle et bonne vache qui rumine dans un pré.
Alors pourquoi pas « mort aux taons ! »
En effet, comme l’écrit Jules Verne dans Michel Strogoff à propos des marais de Baraba « qui est une funeste région, que l’homme dispute chèrement aux tipules, aux cousins, aux maringouins, aux taons […] Le cheval de Michel Strogoff, talonné par ces venimeux diptères, bondissait comme si les molettes de mille éperons lui fussent entrées dans le flanc. Pris d’une rage folle, il s’emportait, il s’emballait, il franchissait verste sur verste, avec la vitesse d’un express, se battant les flancs de sa queue, cherchant dans la rapidité de sa course un adoucissement à son supplice […]
L’horreur absolu donc qui va me permettre de digresser sur ces affreuses bestioles pour épingler les gros taons de la Toile.
Pour les petites louves et loups des villes qui n’ont jamais mis les pieds dans un pré, une zone humide comme disent les écolos, les taons sont comme les mouches des Diptères (insectes n’ayant que 2 ailes) appartenant à la famille des Tabanidés. Ce sont les femelles qui sont redoutables, outre qu’elles pondent plusieurs centaines d’œufs elles sont généralement carnivores et s’attaquent aux autres insectes aquatiques, aux vers de vases, aux mollusques ou aux crustacés. D’autres sont plutôt détritiphages (mangeuses de détritus) et consomment des débris organiques. Les femelles de taons doivent sucer du sang afin d’avoir l’énergie nécessaire au développement de leurs œufs. Elles recherchent des vertébrés comme les chevaux, les bovins et, parfois, l’homme. Elles complètent souvent leur repas en butinant ou en buvant. Les mâles butinent également, mais ne piquent pas.
Quand je guidais Nénette, notre brave jument, le redoutais que ces salopes de taons la harcellent. « Mouches et cheval cohabitent, douloureusement, depuis fort longtemps. Parasites internes ou ectoparasites piqueurs-suceurs de sang, de nombreux Diptères profitent d’Equus caballus qui se défend, à coups de crinière et de queue – voire de fuite éperdue –, ses armes naturelles, et de quelques artéfacts mécaniques et chimiques. »
L’Hippobosque du cheval, Hippobosca equina est, à l’état adulte, parasite hématophage obligatoire du cheval, de l’âne… mais aussi des bovins et des camélidés. Les Hippobosques sont bien connus et redoutés des éleveurs (les animaux-hôtes subissent des piqûres et réagissent comme ils peuvent, souvent violemment) sous divers noms expressifs comme « Mouche-araignée », Mouche plate ou Mouche-crabe. Localement, c’est la mouche à vers ou la bouine (ou mouche bouzine).
En France, l’espèce la plus impressionnante (jusqu’à 3 cm de long), sinon la plus courante, est le Taon des bœuf Tabanus bovinus Loew. Ces pestes transmettent de nombreuses maladies : anémie pernicieuse, charbon…
Ce petit rappel d’entomologie paysanne n’avait d’autre but que de me permettre d’ouvrir la chasse aux gros taons de la Toile. Je dois concéder que le gibier se raréfie mais les survivants sont résistants et virulents. Ce sont essentiellement des mâles, des vieux taons, qui se repaissent des écrits des autres pour baver dessus. Ils sont aussi tenaces que « les taons femelles qui évitent de se poser sur un vêtement clair afin de ne pas se faire repérer et lorsqu’elles sont chassées d’un revers de main, elles ne s’envolent que pour se reposer à quelques centimètres. »
Le libre accès aux chroniques sur la Toile leur permet de sévir en toute impunité, de se vautrer, de se repaître essentiellement sur Face de Bouc où n’importe quel crétin peut se prendre pour un génie des Carpates. Comme il n’existe pas de tapettes à gros taons et que je suis allergique au Flytox (un pulvérisateur à main d’insecticide (à base de DDT) utilisé jusqu’aux années 1950) il me reste plus, puisqu’ils veulent que je ferme ma crèmerie, qu’à les harceler, à les éradiquer.
Je m’y emploie. Dès qu’un de ces gros taons, en règle générale pendant une période donnée le gros taon officie en solitaire avec un goût prononcé pour l’acharnement et les œillères, attendant le bon moment pour fondre sur une de mes chroniques, non pour faire des commentaires, mais pour tenter de s’extraire de sa médiocrité et se mettre en valeur je lui fous un coup de tampon sur la gueule : « Mort aux taons ! »
Nul n’est tenu de lire ce que je mets en ligne chaque jour. Un espace de liberté n’est pas une piste d’atterrissage pour vieux taons en mal de notoriété ou de reconnaissance.
Qu’ils aillent sucer leur fiel ailleurs !
Ce pluriel bien singulier m’a permis ce matin de pointer le doigt sur un gros taon qui me conchie et qui devrait être déposé au Pavillon de Sèvres comme le taon étalon, pour être en quelque sorte reconnu comme « le roi des taons ». D'ailleurs sur Face de bouc l'autre jour il le confessait doctement : Soyons un peu moins taons ! Tout ça pour calmer ses affreuses aigreurs d'estomac « entre Bios pas beaux, acidos-pseudo-minéraux, star de bazar spécial copinage et découvertes dont tout le monde parle... Paris souffre sans soufre et semble boire la daube dont on ne veux pas en Province.»
Il nous prend pour des cons ce gros taon mais c'est celui qui dit qu'y est comme on disait dans les cours de récréation...
Hors la planète vin, il y a plein de gros taon, l'un d'eux est vraiment le plus gros taon de la Toile sans contestation Pierre Ménès consultant-foot qui porte la débilité à sa plus haut niveau de quintessence.