Coaltar à tous les étages, coup de blues en rafales : les Français dépriment, se défient de tout et de rien, râlent, manifestent, s’engueulent, s’insultent, s’enfoncent dans une morosité bougonne, trop de ceci, pas assez de cela, overdose de solitude, c’est le burn-out généralisé.
N’étant ni sociologue, ni psychologue, ni politologue, ni conseil en ceci ou cela, je me pose une seule question : « Ne serions-nous pas en panne de lieu de convivialité ? »
Entre 2007 et 2011, Paris avait vu le nombre de bars baisser de près de 7%, selon l’atelier parisien d’urbanisme. Actuellement, la capitale compterait autour de 1.500 bars, pour un total de «32.000 à 34.000 sur tout le territoire français», alors qu’«en 1960, il y en avait 200.000 en France». link
L’image d’Epinal du bar où tu pouvais te taper tranquille un vrai jambon-beurre en éclusant un ballon de rouge à toute heure du jour ou de la nuit, est définitivement rangée au fond de la boîte en fer du grand-père. Y’a même plus d’œufs durs au comptoir dans les bars faut bouffer du réchauffé sinon tu te fais lourder. Service grincheux, douloureuse de plus en plus lourde, déco pompeuse, sandwiches sous cellophane, bière qui te donne soif, pinard de petite vertu… Bref, t’as plus envie donc tu fuis…
Pas étonnant que le jambon-beurre soit grignoté par la concurrence vu qu’on l’achète de plus en plus dans la rue pour le bouffer debout en marchant, ou assis dans le métro, ou en solitaire sur un banc. Rares sont ceux qui font couler la miette.link Alors ils vont au Mac Do où le plateau est aussi gai qu'une ration de l'AP de Paris.
Pas étonnant que plus de 12% des salariés présentent un risque élevé de burn-out, selon une étude. Les cadres sont tout particulièrement touchés.link
Dans ce paysage dévasté 2 bonnes nouvelles :
1- Le retour en force du baby-foot dans les bars ;
2- Facebook va-t-il perdre 80% de ses utilisateurs d’ici 2017 ? link
Que du bonheur : une bonne partie de baby-foot dans un bar exige que l’on bouge son cul de son fauteuil, qu’on abandonne son écran chéri où l’on passe son temps à poster des commentaires pourris sur le mur d’un ami de Face de Bouc.
Face de Bouc est en effet malheureusement de plus en plus la fosse d’aisance de la cohorte des crétins haineux et refoulés. Les brèves de comptoir du populo ne volaient pas toujours très haut mais au moins elles étaient proférées en public loin de l’anonymat de la Toile.