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9 juin 2013 7 09 /06 /juin /2013 07:00

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Exceptionnellement il n’y aura pas ce dimanche l’épisode habituel du petit roman du dimanche tenu par le Taulier depuis le 7 novembre 2006 link . Oui, oui, ce n’est qu’une fiction dominicale, je rassure ainsi ceux qui m’ont posé la question de savoir pourquoi j’avais adhéré à l’UMP. La raison de ce petit blanc – admirez l’à-propos – va sans doute vous paraître étrange mais elle est bien dans l’esprit du narrateur de cette histoire. C’est une raison deux en un :


-         En mai 1968 il n’y eut pas un seul mort… et celle d’un gamin de Science-Po anti-facho link  qui aimait les polos Fred Perry sous les coups de poing américain de la vérole d’extrême-droite.


-          Le souvenir de Pierre Mauroy, son veste croisée épaulée, ses bras levés et ses belles mains dans la salle Colbert de l’Assemblée Nationale en mai 81 face à la marée rose des députés évoquant la fermeture inéluctable des Mines du Nord…


20 ans en mai 1968, le plus bel âge de la vie n’en déplaise à Paul Nizan dans Aden Arabie,  et 33, l’âge du Christ en mai 1981…


Mais votre Taulier a été sauvé du blanc par une grande amie à lui la Sandrine Blanchard du Monde  link . En effet, alors qu’il cherchait dans le Monde du jour ce qu’elle allait écrire sur le rapport de Michel  Raynaud à la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (chronique de ce matin link ) lorsqu’il est tombé sur Pierre Desproges à Normale-Sup et tout en bas c’était signé Sandrine Blanchard.


Les dieux étaient avec moi quand on connaît le goût de Pierre Desproges pour le bon jaja (1) et, cerise sur le gâteau, pour ceux qui lisent mon fichu petit roman du dimanche Normale Sup et Benny Levy y occupent avec les frelons de la Gauche Prolétarienne une place de choix. link 


(1)   L'amour 14 FÉVRIER : SAINT VALENTIN En amour, on est toujours deux. Un qui s’emmerde et un qui est malheureux. Chroniques de la haine ordinaire

 

« J’étais littéralement fou de cette femme. Pour elle, pour l’étincelance amusée de ses yeux mouillés d’intelligence aiguë, pour sa voix cassée lourde et basse et de luxure assouvie, pour son cul furibond, pour sa culture, pour sa tendresse et pour ses mains, je me sentais jouvenceau fulgurant, prêt à soulever d’impossibles rochers pour y tailler des cathédrales où j’entrerais botté sur un irrésistible alezan fou, lui aussi. (…)

Je l’emmenai déjeuner dans l’antre bordelais d’un truculent saucier qui ne sert que six tables, au fond d’une impasse endormie du XVe où j’ai mes habitudes. Je nous revois, dégustant de moelleux bolets noirs en célébrant l’automne, romantiques et graves, d’une gravité d’amants crépusculaires. Elle me regardait, pâle et sereine comme cette enfant scandinave que j’avais entrevue penchée sur la tombe de Stravinski, par un matin froid de Venise. J’étais au bord de dire des choses à l’eau de rose, quand le sommelier est arrivé. J’avais commandé un Figeac 71, mon saint-émilion préféré. Introuvable. Sublime. Rouge et doré comme peu de couchers de soleil. Profond comme un la mineur de contrebasse. Eclatant en orgasme au soleil. Plus long en bouche qu’un final de Verdi. Un vin si grand que Dieu existe à sa seule vue.

Elle a mis de l’eau dedans. Je ne l’ai plus jamais aimée. »

 

Qu’écrivait donc notre Sandrine ?


« Vingt-cinq ans après sa mort, Pierre Desproges a les honneurs de la faculté. Etonnant, non ? Vendredi 7 juin, à l'Ecole normale supérieure (ENS) de Paris, des universitaires ont décortiqué le corpus du procureur du « Tribunal des flagrants délires », du chroniqueur de la haine ordinaire et de l'auteur du Dictionnaire superflu à l'usage de l'élite et des biens nantis. Cette "Journée nécessaire de Monsieur Pierre. Aspects de l'humour desprogien", imaginée par les linguistes Florence Leca (université Paris-Sorbonne) et Anne-Marie Paillet (ENS Ulm), entendait "rendre justice intellectuellement et stylistiquement" à ce comique hors pair qui jouait avec le langage.


Universitaires belges et français, spécialistes de l'humour et de l'ironie, ont loué cet « écriveur », ce « grammairien », magicien du lexique et de la syntaxe, «  torpilleur de l'hypocrisie sociale et des clichés langagiers », « déconstructeur de la bien-pensance », « humaniste corrosif ».  suite ICI link


Votre Taulier, un peu vexé de n’avoir pas été invité alors qu’il a largement œuvré à la diffusion de la prose desprogienne « Au Paradis, on est assis à la droite de Dieu : c'est normal, c'est la place du mort. » Pierre Desprogeslink


« Cette journée d’étude, comme son nom l’indique, vise à rendre justice intellectuellement et stylistiquement à l’humoriste Pierre Desproges, dont le comique atypique a suscité encore trop peu d’intérêt universitaire. Il existe toutefois quelques travaux pionniers comme ceux de Bernard Sarrazin (« Le rire et le croire : Devos, Desproges, Dieu » dans Approche du discours comique de J.-M. Fays et L. Rosier, 1999), ou ceux de F. Leca (« Ironie polyphonique et transgression des tabous chez Pierre Desproges », 2010 ; « Étude comparée des manuels de savoir-vivre de P. Louÿs, San-Antonio et P. Desproges », dans San-Antonio et la culture française, 2010). Ces travaux, associés à ceux sur l’humour et l’ironie en général, permettent de dégager les lignes de force de l’approche qui sera explorée ici. Cette journée rassemblera pour la première fois, une série de spécialistes de l’humour et de l’ironie, autour d’un auteur encore peu étudié, alors même que son corpus est riche d’indéniables qualités littéraires dignes d’être exploitées. Tout le corpus desprogien pourra être sollicité, via des approches multiples et croisées (littéraires, intersémiotiques avec l’analyse du posturo-mimo-gestuel et de l’intonation, pragmatiques, stylistiques…).


Quelques pistes d’étude privilégiées :


- La richesse de ses textes, qui se singularisent par leur copia et leur style littéraire (parodique ou non ?) peut faire l’objet d’une analyse stylistique.


- La spécificité de son jeu de scène, de son phrasé en particulier, mériterait une étude spécifique. À cet égard, le témoignage artistique de Christine Murillo, qui a interprété l’hiver dernier avec Dominique Valadié des textes extraits des Chroniques de la haine ordinaire, sera un apport précieux.


- Les aspects polyphoniques de son écriture seront aussi un champ à explorer. De nombreux textes possèdent une dimension intertextuelle (Pastiches persillés de parodies que constituent le Dictionnaire superflu, le Manuel de savoir-vivre, l’Almanach, les Réquisitoires…).


- Pour analyser la spécificité du comique desprogien (du comique de scène en particulier) il pourra être comparé à celui d’autres « amuseurs publics » (pour reprendre le titre du numéro de la revue Humoresques qui leur a été consacré en mars 2011), comme Raymond Devos, Pierre Dac, Pierre Doris, ou des humoristes plus contemporains (voir A.-M. Paillet, « Bourges et beaufs : ironie et « styles de vie » chez les humoristes français », colloque de Cerisy, septembre 2009, « Style, discours, société », organisé par E. Bordas et G. Molinié, à paraître).


Les questionnements partagés :


- Comment caractériser le rire suscité par Desproges ? Y-a-t-il une ironie desprogienne ? Desproges n’atteint-il pas souvent un « au-delà » de l’ironie, non réductible cependant à l’humour noir et au nonsense hérité de son maître Pierre Doris ? (voir « Jeu surréaliste et humour noir, sous la direction de Jacqueline Chénieux-Gendron, 1993 et André Breton et la notion d’humour noir : une révolte supérieure de l’esprit de Christophe Graulle, 2001).


- D’un point de vue pragmatique, on peut poser la question qui fâche : le rire desprogien est-il soluble dans la modernité ? Fait-il toujours rire ? La satire, la parodie, le pastiche sont des formes particulièrement vulnérables au passage du temps et à l’oubli des référents… Là encore, le témoignage de Christine Murillo pourra apporter un éclairage précieux.


À travers le cas des textes de Pierre Desproges, la journée d’étude se propose de réfléchir aux frontières et aux catégorisations très débattues des notions : « humour » / « humour noir » / « ironie ». La notion d’humour est-elle englobante ou excluante ? (voir à ce sujet Patrick Charaudeau, « Des catégories pour l’humour ? », in Questions de communication, 2006). Des théoriciens spécialistes de ces questions comme Laurence Rosier et Pierre Schoentjes apporteront leur contribution à la réflexion.


Ce débat pourra donc s’inscrire dans les réflexions contemporaines sur la notion d’humour et de ses frontières (voir les actes du colloque sur l’humour tenu en février 2012 à Madrid, à paraître prochainement sous le titre Frontières de l’humour, aux Presses Universitaires de Franche-Comté).


Florence Leca et Anne-Marie Paillet link 

 

Bon ça vole très très haut lms cocos, normal à Normale Sup. Votre Taulier qui n’a pu honorer de sa haute stature ces ébats intellectuels va demander si des minutes de cette journée d’études vont être publiées et bien sûr il se fera un plaisir de vous les commenter. 

 

L’expression utilisée dans mon titre « On s’enfarge dans les fleurs du tapis depuis trop longtemps» est de quelle origine ?

 

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