« Pourquoi appelle-t-on les pois « petits » lorsqu'ils sont frais ? Pourquoi appelle-t-on les pois « cassés » quand ils sont secs ? Pourquoi appelle-t-on les pois « gourmands » quand on en mange la cosse ? »
Réponse de Guy Savoy
« Parce que le pois a ses secrets que le dictionnaire ne connaît pas. »
Avant le 1er octobre 1968, la publicité de marques était interdite à la télévision mais 3mn chaque jour étaient dévolues à des campagnes collectives pour des secteurs de l’économie française à encourager.
Ainsi, en 1966, des producteurs de petits pois se sont offert une page de réclame avec Pipiou, un oisillon qui répétait à l’envie : « On a toujours besoin de petits pois chez soi ».
Notre ex, fondu de télé, à son arrivée à l'Elysée, en mai 2007, s’en est souvenu puisqu’il compara les magistrats à «des petits pois» ayant «la même couleur, le même gabarit et la même absence de saveur».
Ça permet aujourd’hui à l’indestructible Jean-Pierre Elkabbach de s’interroger à propos de la énième séquence judiciaire de notre ex sur le retour : « Est-ce la revanche des petits pois » ?
Pauvre petits pois réduits à l’appertisé, la boîte de conserve des fonds de placard, celle que l’on ouvre en dernier recours pour accompagner tout et n’importe quoi.
Le plus drôle dans cette histoire de petits pois mis en boîtes (vous appréciez je l’espère toute la saveur de mon allusion) c’est que suite à la campagne « On a toujours besoin de petits pois chez soi » les ventes ont d’abord décollées puis chutées. En effet le spot ne disait pas de manger les petits pois et les Français encore traumatisés par les tickets de rationnement les ont conservés précieusement et n’en n’ont pas racheté…
Il faut réhabiliter le petit pois qui vient directement du champ, frais !
L’industriel, normalisé, appertisé, venu des plaines du Nord, même s’il reste le roi du garde-manger, doit laisser la place à l’authentique, à l’originel, le savoureux, le raffiné, celui que l’on achète en cosses au marché.
Celui qu’on écosse !
J’écosse, tu écosses, il écosse, nous écossons, vous écossez…
Guy Savoy se fait poète « Ce qui me plaît, dans l'écossage c'est que, à peine commencé, l'esprit s'évade immédiatement et la tête est libre de penser, de rêver. »
« Écosser une livre de petits pois, c'est entreprendre un voyage intérieur d'un bon quart d'heure (mais si vous souhaitez voyager plus longtemps, vous pouvez ralentir la vitesse de l'écossage !) Et lorsque tous les petits grains vert tendre sont sortis des cosses, plongez vos mains dans ce gros tas, la sensation physique est délicieuse et, après avoir voyagé en terres lointaines, vous vous transportez dans le bac à sable. Le petit pois a plus d'un tour dans son sac ! »
Alors qu’attendez-vous ?
Vous les aimez comment les petits pois frais ?
- En classique jardinière avec carottes, petits navets, pommes de terre nouvelles et feuille de laitue, cuit à la vapeur.
- Avec le risotto où vous pouvez utiliser les cosses pour faire le bouillon afin de nourrir le riz.
- Le navarin d’agneau
Et avec ça vous boirez quoi ?
Une cuvée du Président ?
* Pour une fois le Nicolas dont il est question ici n'est pas le cher bedeau de Norbert le Forestier...