Les faits sont têtus. Réécrire l’Histoire ou l’ignorer semble être la ligne adoptée par les blogueurs sauteurs et les chefs du vin.
Lorsque Roselyne Bachelot, alors Ministre de la Santé, présenta son projet de loi « Hôpital, patients, santé et territoires » en octobre 2008, il prévoyait l’encadrement de la publicité pour l’alcool sur Internet. Il ne s'agissait pas d'une simple recommandation d’un Professeur via la MILDT mais tout bêtement d'un texte adopté en Conseil des Ministres, lequel est présidé chaque semaine par le Président de la République. Je suppose que celui-ci avait été informé par ses collaborateurs de la teneur de ce texte et qu’il en approuvait le contenu.
Bien entendu, le monde du vin monta au créneau, Vin&Société en tête pour demander aux parlementaires de l’amender. Ce qu’ils ont fait après une rude bataille où le maire de Bordeaux, Alain Juppé, pesa de tout son poids et Roselyne Bachelot ne se fit pas prier pour aller dans le bon sens. Le texte de loi a été adopté le 23 juin 2009 par l’Assemblée nationale et le 24 juin 2009 par le Sénat. Il est paru au Journal Officiel le 22 juillet 2009.
Venons-nous de vivre un remake ?
La réponse est assurément non !
Les préconisations de la MILDT n’ont pas été acté par le gouvernement, ce qui fâche beaucoup mes amis de l'ANPAA, même si le copié-collé égaré dans un § étrange, au bas de la page 45, nous a tous « enduit » en erreur. Je me suis permis de faire un peu de pédagogie dimanche pour expliquer, via les écrits de Guy Carcassonne, le fonctionnement de Matignon qui n’a pas varié d’un pouce avec l’alternance.link
Ce qui me fait sourire c’est qu’en 2009, Vin&Société n’a pas placardé sur le Net la tronche de notre Président de l’époque et de son collaborateur à Matignon buvant un verre de vin.
Pourquoi diable ?
Tout bêtement parce qu’il n’y avait pas de photos des susdit avec un verre en magasin.
Comme c’est étrange cette soudaine combativité à l'endroit des nouveaux occupants. Ne cède-t-on pas à la facilité ?
Qui en 2009 était monté au créneau pour défendre une position raisonnable auprès des parlementaires ?
La Présidente de Vin&Société Marie-Christine Tarby.
Sur les questions d'importance ce sont les patrons ou patronnes qui doivent monter au créneau pas ceux chargé de leur fournir les munitions. Je parle en connaissance de cause ayant servi des Ministres et des Patrons de grand groupe.
Et puis, il y a un grand principe qu’il faut toujours respecter : « la proportionnalité de la riposte à l’importance de la menace… » À trop crier au loup lorsque le loup n’y ait pas on perd de sa crédibilité auprès de l’opinion publique.
Moi je n’ai pas varié d’un centimètre depuis ma prise de position du 18 mai 2009 « Urgence : défendons le seul chemin vicinal qui relie Embres&Castelmaure à New-York : l'Internet! »link À cette époque je signale que je prenais une position qui combattait celle de mon Ministre, mon employeur, qui en tant que membre du Conseil des Ministres avait approuvé le projet de loi et se devait d’être solidaire même s’il n’en pensait pas moins.
Je n’ai donc aucune leçon à recevoir de qui que soit sur le sujet.
Je peux donc me permettre d’écrire que le tam-tam de Vin&Société, qui se voulait très médiatique, ne me dérange pas mais il me semble surjoué, ne s’adressant qu’aux gens du vin, une forme de coup d’épée dans l’eau d’un lac qui n’était pas très agité sur le sujet quoi qu’on en dise. Les menaces existent. Je suis le premier à le constater mais, à trop s’agiter on renforce le camp des prohibitionnistes qui hurlent au lobby du vin ce qui a bien plus d’impact sur le grand public.
Pour preuve rappelez-vous le tam-tam du rapport Chabalier sous Douste-Blazy Ministre de la Santé. Ce cher Hervé patron et fondateur de l'agence CAPA est passé sur tous les grands plateaux de télé au 20 h lui alors que je n’y ai jamais vu un des représentants du monde du vin sur ce sujet. On peut trouver ça navrant, injuste mais c’est ainsi. On ne livre pas un combat de longue haleine en geignant. On le mène pour inverser la tendance. Je ne trouve pas que nous en prenions le chemin.
Ce n’est que mon avis. Personne ne m’a rien demandé mais je le donne car je n’ai pas changé de ligne de conduite je cultive avec passion et soin ma liberté de pensée.
Pour finir je pose deux questions à tous :
- Combien de Français sont des non-consommateurs de vin ?
- Combien la filière vin française consacre-t-elle à faire de la publicité pour le vin en France ?
Fuir la réalité ne change pas la réalité. Il nous faut lever le nez de notre verre et prendre en compte comment vit la société française. Croire ou accroire que l’on fait changer les mentalités par des discours entre-soi ou des campagnes de communication c’est entrer dans le jeu des gens d’en face. Moi je ne joue pas à ce jeu-là…