« Elle est bocage et plage à la fois, schistes et argiles, faîte de landes et de pâturages, peuplée de ventres à choux et de ventres à sardines. Bref, elle est plurielle et singulière, très, très catholique et un chouya protestante, assez royaliste mais beaucoup républicaine. Personnellement, je la trouve optimiste, chaleureuse et dynamique et c’est pourquoi je m’y rends volontiers de temps en temps, histoire de changer d’air. Quant aux rosés, ils ne sont pas chers pécuniairement parlant, mais chers dans mon cœur dans la mesure où ils me procurent du plaisir. » écrit-il. La suite ICI link
Il est 5 heures, le jour se lève et la prime lumière me fait penser qu'il sera beau, alors de me jeter dans d'autres écritures je rebondis sur la flamme de Michel.
Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, né à La Mothe-Achard, à la limite du bocage, là où il bute sur l’océan, entre le chef-lieu, plusieurs fois débaptisé, et la station balnéaire chic des Sables d’Olonne avec son remblai, son sable fin et son casino, je suis vendéen.
Dès mon plus jeune âge, via un baptême en l’église Saint Jacques le majeur, j’ai baigné dans l’eau bénite. Enfant de chœur j’ai porté la soutane et le surplis empesé, manié le goupillon et l’encensoir, tout en étant « dressé » au sein de « l’école libre » sous la férule des frères de Louis Marie Grignon de Montfort.
Je n’ai jamais aimé notre blason et sa devise « Deux cœurs entrelacés surmontés d’une couronne et d’une croix, avec pour devise « Utrique fidelis » car ils sentaient trop la captation par le camp des maîtres. De plus, ce symbole, comme beaucoup d’autres en 1943, était né sous le Gouvernement de Vichy.
Très tôt je me suis intéressé à l’Histoire des Guerres de Vendée afin de dépasser la légende qui nous était enseignée. Je ne vais pas y revenir ce matin car « l'étude historique de la guerre de Vendée est marquée par une longue tradition conflictuelle, où s'expriment les rivalités mémorielles, les querelles entre écoles historiques et courants idéologiques, entre les historiens universitaires et les érudits, les publicistes ou les académiciens. Le résultat de ces querelles est une immense bibliographie, opposant deux courants, celui des partisans de la Révolution et celui des partisans des Vendéens. »
Je reviens au double cœur :
Le double cœur, surmonté de la croix et de la couronne, comment ne pas y voir une référence claire au soulèvement de 1793 et l’empreinte de Louis Marie Grignon de Montfort qui promut le culte du Sacré Cœur de Jésus dans un bas-Poitou alors fortement imprégnée par le calvinisme.
Quel rapport avec les insurgés de1793 ?
Le Sacré Cœur était l’emblème que les révoltés de 1793 arboraient à la boutonnière. La plupart des insurgés marchaient derrière les bannières de procession de leur paroisse, très peu eurent le loisir de broder des drapeaux spécifiques.
Les origines
« Il faut remonter à la « guimbarde », broche en forme de cœur ajouré, qui était un accessoire servant d’épingle de col aux hommes, en Poitou, Charente et Saintonge. Cette guimbarde, du nom d’un instrument de musique rudimentaire dont la forme est très proche de la sienne, était fabriquée principalement à Niort et à Nantes, vraisemblablement dès l’Ancien Régime.
Sa forme en cœur – pas encore double – relève, non pas d’une dévotion au Sacré-Cœur (pourtant fort répandue dans l’Ouest au XVIIIe siècle), mais de la symbolique amoureuse, comme le confirme bien souvent la présence d’une flèche, celle de Cupidon, transperçant le cœur. Ces flèches disparaissent d’ailleurs lorsque la croix apparaît, plus tardivement, au sommet du bijou. Quant à la couronne, attestée avant la croix, elle ne peut symboliser que le mariage, qui « couronne » l’amour. Portée à l’origine par les hommes, cette broche pouvait être un présent amoureux, celui d’une fiancée.
Au début du XIXe siècle, la symbolique amoureuse de l’accessoire vestimentaire est concurrencée par une référence collective politico-religieuse, en relation avec le Sacré-Cœur de Jésus, arboré par les combattants vendéens et chouans comme signe de reconnaissance.
Ce n’est véritablement qu’après l’équipée de la duchesse de Berry dans l’Ouest, en 1832, que se répand le bijou en double cœur à connotation religieuse et monarchiste que l’on connaît : un cœur pour Dieu (symbolisé par la croix) et l’autre pour le Roi (représenté par la couronne). Fabriqué principalement à Niort et aux Sables-d’Olonne, il connaît un grand succès et, du coup, perd progressivement sa référence politique pour devenir un simple bijou d’ornement, représentatif d’une région.
La vocation « emblématique » de cette broche, due à l’attachement identitaire que lui portent les Vendéens, va aussi fixer définitivement sa forme. Ainsi, la liberté de style propre aux guimbardes fonctionnelles (annulaire ou cordiforme, avec ou sans flèche, avec ou sans couronne, avec ou sans fleur de lys, …) va s’uniformiser en un double cœur couronné et sommé d’une croix. Ce modèle, fixé au milieu du XIXe siècle, ne variera guère et demeurera en usage populaire jusqu’au milieu du XXe siècle, avant de connaître un certain renouveau dans les années 1980. »
Extrait de l’article publié par Fabian de Montjoye, antiquaire en bijoux anciens, « La broche dite « double cœur vendéen », Revue du Souvenir vendéen, juin 2010, p. 15-17 link