Beaucoup d’entre vous, après le massacre, ont exhibé un crayon pour rendre hommage aux gars de Charlie, à la liberté d’expression.
Les dessinateurs de presse m’ont toujours fasciné car très souvent, en quelques traits, bien mieux que de savantes analyses ils savent capter la vie dans toute sa vérité pas forcément très agréable.
Bosc et Chaval furent de ceux-là, et pourtant Chaval qui dessinait « avec difficulté, sans grand plaisir, pour pouvoir bouffer », qui a avoué avoir eu « mentalement, un côté collabo » et dont l’antisémitisme tenait davantage du populisme antidreyfusard que d’une idéologie de la haine raciale, n’est pas vraiment un homme avec qui j’aurais eu des atomes crochus.
« Chaval admirait Céline. Il y a des affinités entre ces deux-là : une même détestation de la société, une même misanthropie, un même amour des animaux aussi. Il y a du Léautaud aussi. Il y aurait beaucoup à dire sur les râleurs, leurs excès, leur prophétisme du malheur, leurs ruses aussi. Cette façon franchouillarde d’être anti-français. »
« Chaval est contre tout et contre tous. L’homme est un con, un con dangereux et un salaud aussi »
« Les idées politiques de Chaval seront sans nuance : « Je n’ai jamais appartenu à aucun parti politique. Je n’ai jamais milité. Je suis toujours resté seul. Je crois seulement que les hommes d’État, les dirigeants, les grands militaires, les présidents, toutes ces histoires-là, je crois que dans l’ensemble ce sont des ordures. »
Alors pourquoi me direz-vous évoquer Chaval en cette période difficile ?
Tout simplement parce que l’accès, via la Toile, à la libre expression débouche très souvent, et j’utilise ce verbe à dessein, sur des propos de bidet, du vomi, de la merde bien grasse. Les auteurs de ces merdes cultivant la même exécration que Chaval des puissants.
Je tire très souvent la chasse tout en m'étonnant de l'intérêt que portennt certaines de mes relations à ces écrits fétides.
Et puis, aussi peu estimable qu’il fut, CHAVAL avait, lui, du talent alors que nos graphomanes en sont absolument dépourvus.
* Les entre-guillemets sont des extraits de la préface de Frédéric Pajak au livre « Les Hommes sont des cons » de Chaval