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22 novembre 2012 4 22 /11 /novembre /2012 00:09

Je dédie cette chronique à mes chers collègues docteurs vétérinaires de la DGAL…


« On arrêtait à tour de bras de pauvres bons vivants* (que N de R se rassure il n’est pas menacé), par ailleurs pères de famille aussi honnêtes que vous et moi, accusés d’alimenter divers marchés noirs. Chaque semaine, des saisies de nourriture clandestine faisaient l’ouverture du JT. »


« Des attentats visaient régulièrement les locaux de la police alimentaire. Des extrémistes en appelaient à la guérilla et certains prétendaient la France au bord de la guerre civile… »

Trouble à l’ordre public, dealer de foie gras poursuivi par un zélé de la brigade de la SPA succombant à une crise cardiaque, des émeutes secouant les grandes villes, l’incarcération de 2 membres du réseau Ripailles pour trafic de camembert au lait cru, c’est quoi au juste que cette histoire ?

Ripailles-006.JPG

C’est une histoire racontée par Chantal Pelletier, un « roman-cuisine », déjanté, un OCNI : Objet Culinaire Non Identifié où se mélangent, au fo uet bien sûr, un texte original de la dite Pelletier, des recettes déstructurées de Claudia Cabri alias Miss Lunch et de délicieuses illustrations de Christine Barbe. Ces donzelles publient sur papier recyclé aux toutes nouvelles éditions 1973 www.1973.fr Plat de Résistance farce clandestine à l'usage des becs fins. Ça vaut 20€. Un détail important à signaler à ce bataillon en jupon, le Taulier, qui lui aussi est entré en résistance aux facilités de la commande sur Internet, a dû à L’Écume des Pages, certes un dimanche : 1- demander si l’opus était en stock 2- suite à la réponse positive soit 2 livres mander de l’aide pour le trouver dans les étals 3- nous nous sommes mis à 3 pour le chercher 4- c’est à genoux qu’il fut déniché par un employé de la librairie dans un rayonnage situé tout en bas, invisible aux yeux des badauds ordinaires.


Donc l’histoire, nous avertit-on, qui est « racontée ici s’est déroulée il y a plusieurs années, à un moment où la délinquance alimentaire n’avait pas été matée. Les pratiques barbares* dont il est question ont par bonheur disparu. Nous en rendons compte afin que chacun se réjouisse du confort moral et d’hygiène auquel nous sommes enfin parvenus. »


Tuer le cochon à la ferme ou consommer des fromages non pasteurisés ou élever des volailles en plein air, par exemple.


Le réseau des résistants se dénomme donc Ripailles.


Pour exciter votre appétit, je vous propose quelques amuse-bouche de la romancière ribaude:


Ripailles-007.JPG

« Entre elle et Max, c’était râpé depuis belle lurette et la filoute, philosophe, savait que l’amour, c’est comme les œufs au plat, ça ne se réchauffe pas ! »


« Comment Charmaine et Honoré passèrent-ils des crudités aux mots crus qui les allongèrent sur le tapis du bureau de l’association, personne le sut. »


« … le sex-appeal de ses journées émoustillantes où la nature band dru incite à la débauche. Le ciel doux avait des parfums de drap propre, la pâte d’amandes pointait sous le corsage des bourgeons, la moindre branche était au supplice d’une pousse priapique. »


« Les derniers survivants de variétés multicolores – il s’agit de volailles NDLR – pataugeaient  dans des flaques d’eau et gadoues, se dandinaient sur l’herbe, engloutissaient asticots vivants, graviers et herbes à saveurs, comme le faisaient jadis les poules et leurs plus ou moins semblables pour donner du vrai goût à leur viande sur pattes. »


« les yeux en micro-ondes de la gardienne de basse-cour, pas souriante, plutôt acide, lui mixèrent les entrailles, et cette froideur lui fit un effet bœuf. À trois mètres d’elle, un feu thermostat 8, lui léchait déjà les bourses, il en avait la chair de poule. »


« Au pousse-café, les voiles hissées par l’alcool, il voguait en eaux troubles, et Charlotte, qui n’était pas en reste, avait déjà commencé la cueillette. D’aliment à amant, ils tombèrent au lit, où un bouche à bouche apéritif les conduisit à un corps à corps plus cochon. Jambons, saindoux, abricot fendu et saucisson mêlés… Charlotte bien dessalée, buvait du petit lait, et Max retrouva son savoir-faire pâtissier : pétrir, malaxer, dresser, fourrer, abaisser. La fermière et le militant grignotèrent toutes sortes de douceurs, finirent par des liqueurs. Ils gardèrent une poire pour la soif et, après un trou normand qu’il ne serait pas convenable de préciser ici, remirent le couvert, inversant le menu, réchauffant diverses cochonneries, faisant le  tour des animaux de la ferme, ma caille, mon canard, mon lapin, ma poule, mon taureau, mon poussin, et ils s’attaquèrent sur le coup de trois heures du matin aux religieuses et au saint-honoré, convertis l’un à l’autre et adeptes du même évangile : mangez ceci est mon corps, buvez ceci est mon sang. »


Tout ceci n'est que l'appétissant fumet d’un fricot fort roboratif, je n’ai que soulevé le couvercle du faitout, précipitez-vous pour mettre ce roman-cuisine dans votre cabas entre vos topinambours, votre tête de veau, et bien sûr votre kil de rouge : c’est, bon poids, 12 chapitres, 70 pages à savourer, c’est délicieusement parisien, campagne de carte postale, pour un Taulier qui a vécu toute sa jeunesse au milieu des veaux, vaches, cochons, couvées, des vrais, mais malheureusement en ce temps-là les jeunes fermières étaient bien moins délurées. Les 80 pages qui suivent, sous le bandeau GIBIERS hors-série Le goût de la raison, tirage illégal du 26 avril 2042, accueillent des recettes reliées aux têtes de chapitres : Lapin, Charlotte, Ail, Cochon, Piments entre autres, avec des appellations à décoiffer Jean-Pierre Coffe.


À consommer sans modération, même avec les doigts, manque un peu de noms sous les jajas, je croyais pourtant que les filles étaient folles de vin, des natures, des sans soufre, des coquins qui vous jettent dans l’extase, quand ce n’est pas l’épectase… Va falloir, les clandestines vous bouger pour apporter aux becs fins de quoi se l’humecter sinon c’est la pépie assurée. Et pour les ébats ça vaut mieux que les abats qui vous restent sur l’estomac…

 

Signé :

 

Jacques Berthomeau dit le Taulier secrétaire-Perpétuel autoproclamé de l’A.B.V. Amicale du Bien-Vivre dites des Bons Vivants  (Relire le manifeste de l'A.B.V.  ICI link )

 

Ripailles-008-copie-1.JPG


LA TRAVERSEE..."SALAUDS DE PAUVRES" par richardanthony

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