« La popularité de l'exécutif encore malmenée » titrait il y a 4 jours Libération « Les deux sondages publiés ce jour à propos de l'exécutif ne donnent pas exactement les mêmes chiffres mais convergent sur la tendance : leur popularité n'est pas au mieux, celle du Président étant, dans les deux cas, inférieure à 50%.
Selon LH2 pour le Nouvel Observateur, 49% des sondés ont une opinion «très positive» ou «assez positive» de François Hollande — une baisse de 4 points par rapport à la dernière vague, réalisée en juillet — contre 43% ayant une opinion «assez» ou «très négative» . Du côté d'Ipsos pour Le Point, l'équilibre est encore plus défavorable: 44% des personnes interrogées portent un jugement «très» ou «plutôt favorable» sur «l'action de François Hollande» contre 49% d'avis «défavorables». Détail qui a peut-être son importance, le premier institut pose la question de «l'opinion» sur Hollande, le second parle de «l'action».
Mais qu'est-ce que la popularité au juste?
Le fait d'être connu et aimé du plus grand nombre.
Emile de Girardin estimait que « La popularité est plus communément un écueil qu'une récompense. »
La popularité, c'est comme du vent, ça peut tourner à tout moment et nos politiques qui, démocratie oblige, doivent se soumettre au verdict du suffrage universel sont placés face à un dilemme qui leur est bien difficile de surmonter : pour être élu ils doivent séduire le plus grand nombre, donc être populaire, mais dès qu’ils sont élus placés face à une réalité sur laquelle ils ont de moins en moins de prise ils s’exposent à l’impopularité.
Pour ma part, j’ai toujours eu en exécration la période dite d’état de grâce pour un Président nouvellement élu où, sous prétexte de tenir ses promesses, celui-ci récompense la somme des corporatismes de son camp. Je suis un mendésiste : gouverner c’est choisir et choisir c’est frustrer une partie de ceux qui ont voté pour vous au second tour. Notre mode de scrutin à deux tours, au premier on choisit, au second face aux deux candidats arrivés en tête certains électeurs se rallient, avec plus ou moins, de conviction à celui des deux qui leur paraît le plus proche de leurs convictions. Ça donne des frustrés en puissance, beaucoup de déçus potentiels, bref l’appoint de voix reste ce qui fait basculer l’élection pour l’un ou l’autre camp mais pour autant, sauf alliance gouvernementale, c’est le noyau dur du premier tour qui constitue la base de l’action.
L’obsession de la réélection, certes compréhensible, ne doit pas conduire à des demi-mesures : demande-t-on au capitaine d’un navire affrontant le gros temps d’être populaire ? Non, on lui demande d’être à la manœuvre et d’amener son bateau, ses passagers et son équipage à bon port. Nous les Français avons une fâcheuse tendance à être de grands partisans du changement, de la réforme, à la condition que cela touche essentiellement les autres. Le conglomérat dit de la classe moyenne est un fourre-tout pratique pour que ceux du haut puisse mettre en avant ceux du bas sans oublier ceux du ventre mou entre les deux, pour ne pas prendre sa part à l’effort. J’ai toujours admiré le discours anti 35 heures des cadres (je n’ai jamais soutenu cette réforme et surtout sa mise en œuvre stupide) supérieurs des grandes entreprises, et leur goût très prononcé pour les RTT : cap sur Deauville le vendredi avant la meute dans le 4x4 syndical. Arrêtons de nous voiler la face, la grande majorité d’entre nous avons bénéficié du surendettement de l’Etat ou des régimes sociaux. Je lisais dans le rapport de la Cour des Comptes les économies substantielles que l’on pourrait faire sur les transports des malades : combien de gens qui pourraient utiliser leurs propres moyens préfèrent mobiliser une ambulance car c’est remboursé par la SS ?
Que la couche supérieure des dirigeants des grandes entreprises se soit goinfrée, continue de se goinfrer, je suis bien évidemment le premier à le reconnaître mais la loi du plus grand nombre exige malheureusement que l’assiette de l’effort soit la plus large possible pour espérer inverser la spirale de l’endettement. Reste à faire des économies sur le fonctionnement de l’Etat, des collectivités territoriales, des structures type Chambres Consulaires… Dans un ouvrage paru ce jeudi, le député PS de l'Aisne René Dosière lance des pistes pour faire des économies : c'est auprès des collectivités locales qu'il faudrait gratter : il a trouvé 15 milliards d'euros ce n’est pas rien ! Ce pactole se trouverait même sous nos pieds, ou plutôt entre les couches du millefeuille intercommunal. Dans son dernier ouvrage «L'État au régime», éditions du Seuil, le député apparenté PS de l'Aisne recommande une cinquantaine de mesures pour réduire les dépenses publiques. Et c'est donc dans ce fameux bloc communal, selon lui, c'est-à-dire les communes et les communautés de communes, que le gros des économies est à faire. « En cause, selon l'élu picard, les doublons et les dépenses de personnel inutiles qui auraient explosé ces 15 dernières années. «Lorsque les communautés de communes créent un emploi, les communes n'en suppriment pas, résume René Dosière. Dans une période où l'argent est rare, on doit dépenser moins. » «Gaspiller moins pour dépenser mieux », c'est justement le sous-titre de l'ouvrage du député de l'Aisne.
Bien sûr, cette baisse de la voilure va faire des mécontents, déclencher des résistances, mais sur le moyen terme, 5 ans au hasard, lorsque les dividendes de l’impopularité tomberont dans l’escarcelle de nos gouvernants, que nous nous serons réellement désendettés, que nous aurons retrouvé des marges de manœuvre pour investir dans les secteurs porteur d’avenir, il me semble que la réélection est plus sûre d’être assurée, alors qu’un parcours à la godille, pour tenter de ne plaire qu’à sa clientèle électorale, sera le gage d’une belle alternance sanction : les Français adore ça, moi pas… Alors « Vive l’impopularité » liée au courage de celui qui affronte les temps difficiles avec détermination