Ce dimanche mes chroniques link ont pour dénominateur commun Bénédicte Martin qui connut son temps de gloire en 2003. Sous le titre LA VIE SENSUELLE DE BÉNÉDICTE M Audrey Diwan, écrivait le samedi 01 Novembre 2003 dans Tecknikart : « Petite nana à croquer, écrivaine douée et phénomène médiatique surhypé : voici la véritable histoire de Bénédicte Martin, auteur d’un recueil de nouvelles érotiques intitulé « Warm Up » qui risque de faire tomber beaucoup de feuilles cet automne. Ou comment devenir un bon coup éditorial en cinq leçons.
« Elle fait du porno espiègle… » À en croire Frédéric Beigbeder, éditeur chez Flammarion, sa dernière recrue est l’instigatrice d’une nouvelle forme de féminisme. Nicolas Rey la compare déjà à Henry Miller. Et Tecknikart consacre trois pages de ce numéro automnal à cette anti-Catherine Millet. La rumeur a bien fait son travail. Warm Up, premier livre de Bénédicte Martin, n’est pas encore sorti que le tout-Saint-Germain-des-Prés est déjà sur le qui-vive. Dans son recueil, chaque nouvelle, courte, percutante, bandante, ressemble à un court-métrage classé X, la poésie en plus. »
Eric Dahan, chroniqueur de la nuit à Libération, remarqua cette étrange nymphette à une soirée hip hop au bowling de l’Etoile : « Le lendemain, je l’ai appelée et lui ai demandé de poser nue pour moi. Ça nous a pris dix minutes, elle était très naturelle.» En prime, elle lui montre ses premiers jets d’auteur. « J’ai été frappé par une certaine maîtrise du récit. Je lui ai dit : « Tu n’as peut-être pas grand-chose à dire mais tu le dis très bien » La photo de Bénédicte en tenue d’Eve illustre la chronique Nuit blanche de Dahan. La petite a pris goût aux flashs qui le lui rendent bien. « J’aime son romantisme caché et son libertinage de surface, continue Dahan. Chez une fille, c’est très excitant. J’ai envie de la faire tourner dans un film érotique dès que j’aurai le temps. Elle est partante. »
De l’eau a coulé sous les ponts de la Seine depuis mais dans le Point, que n’aime pas tante Aline j’ai retrouvé ce texte de Patrick Besson, qui pendant la dernière campagne électorale empruntait la plume d'un écrivain, célèbre ou inconnu, pour nous la raconter.
Ma nuit sans défense avec Jean Sarkozy, par Bénédicte Martin
« Rouge ma bouche sur sa peau blanche. Je l'entends qui jouit, loin de ma nuque.
Derrière la baie vitrée, Tokyo ne dit rien. La ville ne nous regarde pas. Demain, dans l'avion de Singapore Airlines, il relira ses cours de droit.
Je croyais, quand il m'a proposé d'aller avec lui à ce sommet mondial contre les États voyous au Sri Lanka, qu'il avait fini ses études.
Je redresse mes épaules nues. J'aime son regard sur mes cheveux en bataille rangée. Le saké nous attend sur la table de nuit.
On est passés par Tokyo. Ça l'amusait et ça m'amusait qu'il s'amuse. Je marche dans la suite. Il dit que j'ai huit tatouages. Je rectifie : neuf.
Il ne sait même pas compter les tatouages. Il faut dire que ce n'est pas facile, car les filles nues bougent. Sur mon bras, il y a le nom de ma fille. Sur ma fesse, celui de mon chien. Sur la fesse droite. Sur la gauche, il n'y a rien. J'en ai parlé au tatoueur.
- Peut-être, Aurore, faut-il garder une surface libre sur ton corps.
- Libre de quoi ?
J'aime le soleil qui se lève dans ses cheveux sur l'oreiller humide de larmes et de salive.
Il décroche le téléphone. Je lui demande ce qu'il fait. Il me dit qu'il décroche le téléphone. Il a envie d'un petit déjeuner. Comment peut-on avoir envie d'un petit déjeuner ? On peut avoir envie de mourir ou de baiser. Mais un petit déjeuner ?
Je m'appelle Aurore, mais on aurait dû m'appeler Crépuscule. Aucune fille ne s'appelle Crépuscule. Pourtant, beaucoup de filles s'appellent Aurore. Dont moi.
Je promène ma nudité pensive autour du lit. Jean me tend les bras. Je fais celle qui ne comprend pas et ce n'est pas difficile, car je ne comprends pas. Ce que je fais là, où va le monde. Je prends quand même le sexe de Jean dans ma main. C'est rassurant, au moins pour ma main. Pour le reste, je ne sais pas.
L'objet tendre dans son enveloppe de satin : la peau de l'homme que je désire. Au début, sa beauté de fille me gênait. J'étais obligée, pour jouir, d'imaginer qu'il était une fille. Puis j'ai reçu l'homme dans ma personne, l'homme souple et sucré. Je l'ai admis comme une évidence verticale.
Nous ne nous arrêtons pas de faire l'amour quand le serveur japonais apporte le petit déjeuner de Jean. Voyant mon public multiplié par deux, j'en profite pour crier de plaisir. »