Un de mes fidèles lecteurs m’a demandé gentiment de mettre en ligne une chronique dominicale et musicale consacrée au chanteur catalan Lluís Llach et comme j’ai une petite anecdote à raconter sur les circonstances où je l’ai découvert je me suis dit qu’il était simple de le satisfaire.
C’était au temps du Service National, que j’ai effectué, en tant que VSNA, sitôt ma soutenance de thèse à l’Université de Constantine. J’enseignais le Droit comme maître-assistant à raison d’une petite poignée d’heures par semaine. Beaucoup de temps libre donc mais l’austère Constantine n’offrait guère de loisirs. Alors, la « colonie » des coopérants civils et militaires, parquée dans des logements sociaux tout neufs dans une zone à peine viabilisée : la cité de la SONATIBA (nom de la nième société nationale du régime « socialiste » de Boumediene. La plaisanterie, lorsque nous faisions la queue pour obtenir notre bouteille de gaz en compagnie des algériens stoïques, c’était « pour qui Sonelgaz ! ») passait le temps en se recevant. Nous refaisions le monde en picolant la cuvée du Président.
Quelques privilégiés, les « fonctionnaires internationaux » tout particulièrement, logeaient dans les beaux immeubles coloniaux en ville. C’était le cas de Jean-Louis Argelliès, médecin à l’OMS. Comme ses collègues étaient tous des vieux briscards de l’institution et que leur préoccupation première était la commande mensuelle de bouffe et d’alcools, Jean-Louis et sa jolie femme Vérène s’était retourné vers la colonie de la Sonatiba. Nous avons sympathisé et comme Jean-Louis jouait de la guitare et chantait en catalan, c’est ainsi que j’ai découvert avec lui Lluís Llach. Jean-Louis était le fils de René Argelliès, adjoint radical du maire de Perpignan, le papa de l’actuel. Bref, nous causions politique, picolions et Jean-Louis alternait son répertoire de carabin avec celui de la Catalogne. Esprit original, anticonformiste, ombrageux mais aussi très chaleureux, il avait fait sa thèse de doctorat sur Médecine et Surréalisme, Jean-Louis devint un bon ami. Comme souvent la vie nous a ensuite séparés, nous nous sommes revus et puis petit à petit nos liens se sont distendus et tout ce que je sais c’est qu’il a terminé sa carrière dans l’Hérault comme médecin de Santé Publique.
Je n’aurai pas l’outrecuidance de vous conter la vie de Lluís Llach i Grande, dit Lluís Llach. Simplement, comme lui, je suis né en 1948, lui le 7 mai 1948 à Gérone en Catalogne et lorsque l’ami Pousson, dans son adresse à nos amis vignerons d’au-delà des Pyrénées, a cité les paroles de l’Estaca j’ai pensé à l’ami Jean-Louis Argelliès et sur Internet j’ai découvert qu’il était l’auteur d’une somme, publiée en 1988, La formation des médecins: systèmes, institutions et acteurs : archéologie du pouvoir en médecine (1374 pages).