Coup sur coup j’ai lu la chronique du vendredi 8 février 2013 « De quels vins on s’abreuve, de quels mots on se saoule ? » de Jean Yves Devevey, Viticulteur en Bourgogne au 31 Rue de Breuil. 71150 à DEMIGNY.link puis celle d’un éminent dégustateur bourguignon Patrick Essa animateur de dégustateurs.com « Goûteux et/ou merdeux ? … Écrire sur le vin nécessaire ? »link
Mon propos est simple et direct, je ne suis qu’un simple buveux. J’achète mon vin pour le boire pas pour écrire même s’il m’arrive d’écrire sur un vin qui me plaît. Je ne démolis jamais, ce n’est pas le genre de la maison à une exception récente d’une bouteille de Coteaux Bourguignons du négoce qui a fini sa vie dans l’évier. Pendant tout un temps je me suis même qualifié de dégustateur-imposteur mais je ne le fais plus car je ne suis pas goûteux pour deux sous laissant ça à d’autres bien plus qualifiés que moi, c’est le cas de Patrick Essa.
L’adresse de Jean-Yves Devevey aux goûteux me plaît assez car elle ne manque ni de panache ni d’à-propos. Sans doute, comme le Taulier parfois, il se laisse aller à la facilité « Le vin finalement c’est un peu comme le sexe et tout le reste, c’est ceux qui en parlent le plus… » vraiment je ne vois pas le rapport. Dans son élan il met aussi un peu vite, avec un petit chouia de méchanceté, tout le monde dans le même sac, disons tout ce qui tient un porte-plume, façon de parler, mais il parle vrai. Je ne vais pas écrire que je le comprends, ou pire encore que je me mets à sa place, ce serait démago, mais depuis que je divague sur le Net, j’en ai aussi un peu ma claque de n’entendre gloser que sur le vin. Les détails d’intendance ne sont pas le souci majeur de nos goûteurs de vin. Ce qui se passe dans la vigne, les gens qui y travaillent m’intéressent et je suis soucieux de ce que vous, et nous, légueront à nos enfants. Faire du bon vin ou comme vous le dites un « vin buvable qui donne un peu de plaisir aux braves gens qui m’en achètent. » certes mais comme l’aurais dit ma mémé Marie faut pas mettre des saloperies dans l’eau du puits. Comme je ne connais ni vos vins, ni ce que vous faites à la vigne, mon propos est général et sans agressivité. Comme je ne suis qu’un simple consommateur, je n’ai aucune vocation à m’ériger en juge mais y’a aucune raison de ne pas discuter simplement et calmement de ces questions.
Patrick Essa, profitant des propos de Jean-Yves Devevey plaide pour sa chapelle, celle des « dégustateurs sérieux » en renvoyant à la géhenne la populace des petits merdeux qui batifole sur le Net. C’est son droit. Il « affirme sereinement ne pas écrire pour faire du foin - on dirait aujourd'hui du « buzz » - mais uniquement pour donner un avis senti, lucide et souvent engagé. Evidemment pas pour brasser de l'air et attirer le regard en jouant les agitateurs car j'ai une sainte horreur de cela. »
Dont acte mais lui aussi met tout le monde dans le grand sac de l’opprobre facile lorsqu’il affirme « Aujourd'hui sur le web l'internaute « boit » très souvent des vins frais et bio qui se singularisent par leur aspect naturel sans quoi il passe vite pour un gros naze qui ne pompe rien et qui est potentiellement pollueur, voire toxique. Les vins y sont immenses ou merdiques, bon ou mauvais, j'aime ou je n’aime pas...ils se facebookisent ! » Que ce soit une tendance je ne le conteste pas mais, quand à en faire un phénomène général, il y a un pas que je ne franchirai pas car il ne correspond pas à la réalité.
Patrick Essa vous vous posez la question « Combien se demandent s'ils sont capables de juger avec discernement ? » mais vous n’y répondez pas vous vous contentez d'asséner que « non ils raisonnent ainsi : « comme je suis libre de dire », « je publie mes propos librement ».
Oui et alors, pourquoi balancer :
- « La pertinence du jugement? On s'en fout!
- La forme? On s'en fout!
- La place du vin dans la dégustation? On s'en fout!
- La température de service? On s'en fout!
Si tu plussoies ou tu souris...alors là t'es un vrai bon pote qui a tout compris car tu es « ok » avec moi. »
Désolé Patrick Essa, c’est de la caricature, ceux de ces écervelés, ou décervelés d’après vous, que je fréquente sont très respectueux du vin et ils ne font pas n’importe quoi. Moi je trouve ça condescendant Patrick Essa car contrairement à moi, qui ne suis certes pas un vrai dégustateur, vous ne les côtoyez pas. Même s’ils sont provocants, qu’ils manient une langue crue, ils savent se tenir et ne boivent ou ne dégustent leur vin ni dans des verres sales, ni chaud avec une paille.
Franchement ça vous dérange Patrick Essa que des jeunes consommateurs entrent dans le vin par une autre porte que la vôtre ? Qu’ils déraillent un peu. Moi pas, ça m’amuse. Ça m’enchante même. C’est la vie et je ne crois pas, moi, qu’ « Aujourd'hui? » … comme vous le croyez, vous « Il faut être hors norme, pas dans les clous, borderline, tendance comme... produire des vins de pays à 30 euros la quille dans une région peu favorisée par la notoriété ou être dans la merde pour vendanger car on s'est fait avoir par un de ses acheteurs. Quelle classe, quel génie! Dès lors le net « humanitaire » vous adore... forcément. »
Non Patrick Essa, il n’y a aucune nécessité à écrire sur le vin, c’est le simple choix de ceux qui le font, quelles que soient leurs motivations. Libre à eux, libre à vous, la critique n’est utile que pour ceux qui estiment qu’elle l’est. Les critiques ont leur public, tant mieux pour eux, tant mieux pour vous, mais on peut vivre sans donc ce n’est pas une nécessité mais un simple besoin suscité.
Ceci écrit, je crois que tout ce qui se dit et s’écrit en ce moment sur ces sujets relève du mal bien français de vivre retranché dans son pré-carré, de se réfugier dans sa chapelle avec ses adeptes, de s’invectiver, de se détester : Bettane et Antonin en figures de proue des extrêmes, de se dire partisan de la liberté mais d’en dicter les contours. Je respecte profondément le travail des uns et des autres, vignerons en premiers, goûteux de tout profil, de toutes extractions, en leur rappelant que le buveux que je suis, et qui écrit, le fait comme un consommateur engagé, un client qui choisit, paie, ce qui lui laisse bien plus de liberté pour défendre la seule cause qui vaille : l’extension du domaine du vin…