En France nous aimons les rapports. Ceux-ci font très souvent des constats intéressants, peinent un peu plus quand il s’agit de faire des propositions concrètes, mais leur destin commun est à coup sûr de disparaître dans l’oubli.
L’accroche du titre est capitale pour espérer émerger dans le flot continu et bousculé de l’actualité. Comme il s’agit de rapports officiels les auteurs ne peuvent se permettre de verser dans la fantaisie ou de verser dans la provocation comme je l’ai fait ce matin avec mon titre. Alors, pour faire genre, ils mitonnent une appellation qui se veut chic et choc : les vieux baby-boomers sont donc les nouveaux héros de la Silver Économie.
J’avoue humblement, moi qui ne me rase plus depuis une éternité : je taille ma barbe avec une tondeuse, que ça m’a fait penser aux lames Gillette Silver Blues.
Ça ne m’a pas empêché de me plonger dans la lecture de ce rapport « La Silver Économie, une opportunité de croissance pour la France »
En effet, j’en suis un des acteurs de cette Silver Économie et c’est vrai que nous allons dans les décennies qui viennent peser lourds.
Pour autant allons-nous n’être que des boulets, que des gens qui se baladent en car avec guides ou en chaises roulantes, que des gros égoïstes profitant de leur retraite ?
Comme toujours le tableau est contrasté et ça vaut la peine de l’examiner d’un peu plus près.
Quel rapport avec l’économie du vin me direz-vous ?
Sans vous faire un dessin : d’abord ces baby-boomers sont le cœur de nos consommateurs, ensuite tout ce qu’ils insuffleront dans notre économie pour lui redonner des couleurs ne peut qu’être bon pour le porte-monnaie de nos futurs consommateurs.
Revenons au rapport :
« Dans les sociétés développées, le vieillissement de la population, d’abord explicable par l’allongement de l’espérance de vie, se trouve accéléré par l’avancée en âge des cohortes de baby-boomers. Cette évolution démographique pose d’immenses défis en termes de financement de nos systèmes de santé et de retraites.
En 2005, un Français sur cinq était âgé de plus de 60 ans.
En 2035, la proportion sera de un sur trois.
Le nombre des seniors devrait connaître une hausse de 80 %.
Ce vieillissement de nos sociétés a suscité de nombreux travaux mettant en évidence les enjeux et les risques que représente une telle mutation démographique. La plupart abordent la question par l’angle sociétal ou médicosocial.
Selon une enquête du Crédoc de 2010, les seniors assureront dès 2015 une majorité des dépenses sur les différents marchés : 64 % pour la santé, 60 % pour l’alimentation, 58 % l’équipement, 57 % les loisirs, 56 % des dépenses d’assurance… Déjà, ce sont les seniors qui déterminent une large majorité de la consommation française. Ces baby-boomers disposent globalement d’un pouvoir d’achat et d’une épargne qui dégagent un marché potentiel pour tous les secteurs de l’économie liée à l’âge : bien-être, adaptation et sécurisation du domicile, transports, loisirs, santé, équipements, etc. Décathlon, Danone, Leclerc, LVMH, L’Oréal, Bouygues, Crédit agricole… toutes nos entreprises, tous les secteurs, seront touchés. Le vieillissement pourrait ainsi devenir source de valeur pour une économie comme celle de la France.
Dans quelle mesure le marché en pleine expansion des seniors peut-il être source de croissance pour l’économie française ?
Comment les pouvoirs publics peuvent-ils encourager la réalisation de ce potentiel de croissance ?
Peut-on envisager le développement d’une « Silver Économie » servant de levier à des secteurs comme les services ou les technologies avancées ? »
Ce double phénomène du vieillissement est très accentué en France. Premièrement, on constate un accroissement marqué du « ratio de dépendance économique », soit le nombre de personnes de plus de 65 ans rapporté au nombre de personnes en âge de travailler : sous l’impact de l’arrivée des baby-boomers à la retraite, ce ratio devrait passer de 28 % en 2013 à 46 % en 2050. Deuxièmement, l’espérance de vie continue de s’accroître régulièrement : elle devrait passer de 81 ans aujourd’hui à 86 ans en 2050.
Le rapport adopte deux partis pris.
Le premier est d’accorder dans l’analyse une place décisive à la forte hétérogénéité de la population des seniors, qui se révèle à la fois dans les revenus et les patrimoines, dans l’état de santé ou l’espérance de vie. Cette hétérogénéité n’est pas sans présenter des risques importants pour notre société, car elle menace de rompre le contrat social associé à notre système de retraite. Mais dans l’optique économique retenue ici, proche d’un marketing stratégique, elle suppose surtout des différences marquées dans les besoins comme dans les comportements de consommation. Le leitmotiv du rapport est que la Silver Économie ne pourra émerger qu’en prenant appui, au moins dans un premier temps, sur les catégories les plus solvables de la population.
Le second parti pris est de chercher dans la Silver Économie ce qui peut être un levier pour l’ensemble de l’économie. Au premier regard, cette économie des seniors rassemble des activités très diverses voire disparates. Si elles rendent difficile l’emploi du terme « filière » à proprement parler, cette multiplicité et cette complexité imposent comme prioritaire la question de l’organisation de l’offre. Précisons s’il en est besoin qu’il conviendra de combiner cette stratégie industrielle avec une politique sociale et sociétale visant les plus fragilisés.
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