« Allo Maillot 38-37… »
Qu’au fin fond de l’éternité Franck Alamo me pardonne mais, en ce mois d’octobre, j’aurais pu, tel sœur Anne ne voyant venir, impatient, trépignant, pianoter sur mon petit grelot pour que notre Eva Robineau (c’est pour la rime) vienne déposer sur la table du Taulier son beau jaja du mois d’octobre. Point ne fis, confiant et serein en la ténacité de mon Eva préférée, j’ai patienté. Bien sûr les jours passaient, gris, pleins d’ennui, mais jamais ne désespérais et puis, au crépuscule d’un dimanche 100% pluie, alors que des tas de seaux d’eau, des brocs, se déversaient sur Paris, sur l’écran scintillant de mon petit grelot turbulent s’affichait la bonne nouvelle : « Pinot, pinot… » disait-elle « noir », bien sûr, comme les lourds nuages du ciel, et c’était comme si l’archange Gabriel en deux ou trois coups d’ailes venait de m’offrir un arc-en-ciel.
J'aime le Pinot Noir pour sa finesse, son élégance, la subtilité de ses arômes. Mais certains Pinots Noirs, de deux régions différentes, m'ont récemment bluffée par leur gourmandise.
Alsace Pinot Noir barriques 2009, Domaine Pfister.
C'est un Pinot Noir gourmand, « engageant », son nez nous séduit et nous encourage grandement à mettre le vin en bouche. Aucune austérité dans ce joli pinot, l'impression qui s'en dégage n'est ni stricte, ni trop fermée, contrairement à certains vins sur ce cépage que je trouve trop ennuyeux.
C'est tout joli, c'est gourmand, ça surprend et c'est au moins aussi sympa que la vigneronne qui s'efforce de bien travailler ce cépage, de lui porter toute l'attention nécessaire pour en faire ce beau vin. Elle a d'ailleurs fait une partie de ses études à Dijon, ceci explique peut-être l'affection qu'elle lui porte, à ce cépage. Elle le travaille en tout cas merveilleusement bien et a l'avantage de nous régaler en douceur.
Nectar de Pinot Noir, les Vignes de Paradis, 2010.
Une soirée de dégustation à la Contre-Étiquette. De nombreux vins dégustés, de nombreux coups de cœur et au milieu, une baffe. Une baffe de gourmandise. Ce que j'appelle une baffe, c'est quand un vin, au milieu d'une foule dense avide de découvertes viniques, arrive à vous faire décoller et oublier tout ce qu'il y a autour. Vous ne vous concentrez plus que sur le vin, vous venez de vous régaler dès la première gorgée. Vous ne vous posez même plus la question d'aimer pour telles ou telles caractéristiques, juste, vous aimez. Point.
Il y a du fruit là-dedans, il y a de la matière, il y a du plaisir, encore et encore. Vous ne vous posez même pas la question de savoir avec quoi vous allez le boire tellement vous l'appréciez déjà pour lui-même. Vous ne vous cherchez même pas d'excuse, vous en achetez une bouteille. Et vous la rangez soigneusement dans votre cave et vous promettant de ne pas y retoucher. Pas trop tôt en tout cas. Même si ça démange quand même...
Un cépage, deux régions, mais beaucoup de gourmandise.