En Vendée, dans le temps, comme disait pépé Louis pour regretter le bon vieux temps où l’on prenait le temps, en juillet-août, en fin de journée, les gens prenaient le frais sur le pas de la porte. Comme La Mothe-Achard était un village-rue, maintenant y’a des lotissements qui ont bouffés les champs avoisinants, construit autour de la Nationale menant aux Sables d’Olonne, la station balnéaire célèbre pour son remblai, l’attraction principale consistait à regarder passer les autos des estivants. Plaisir simple des gens de la terre qui jetaient un œil goguenard sur tous ces gens prenant des congés pour aller s’étendre sur la plage de sable de fin et s’entasser dans des appartements.
En ce temps-là pas de barbecue mais des feux de bois où l’on ne grillait que les anguilles du Marais de la Gachère et les grosses sardines fraîches sablaises qu’Eglantine, la grosse poissonnière, vendait en parcourant le bourg avec sa charrette tapissée de fougères. Tout le bourg sentait la sardine grillée ! En revanche, jamais on ne grillait de la viande ou des saucisses sur le feu de bois de la cheminée, les vendéens adeptes du beurre salé ne pratiquaient que la friture.
Autre sujet important, chez les paysans, le temps, source perpétuelle de récrimination Plau toutjour sus moulhats disent les gascons : il pleut toujours sur les mouillés. Cette année c’est vraiment le cas de le dire et notre Eva, jamais en reste, pour charmer le Dieu soleil inconstant, en profite pour se jeter quelques verres derrière la casquette…
Il est enfin là, l'été !
Le vrai, le beau, le chaud !
Bon, ben en fait... Pas vraiment. Pas partout en fait. Dans certains coins, on en attend encore durablement le soleil, celui qui ferra mûrir les raisins, sécher les vignes et qui, ô miracle, ferait râler les Parisiens sur autre chose que le mauvais temps : sur la chaleur, du coup.
Bref, dire que cette année n'est pas facile est un doux euphémisme dans certaines régions et pour certains vignerons. Seulement nous, consommateurs, à part faire la danse du soleil, on ne peut pas faire grand-chose de plus, si ce n'est continuer à se régaler avec des vins que l'on aime.
Alors soyons deux minutes optimistes et décrétons que le soleil va rester, s’installer et qu'il va falloir sérieusement penser à mettre des bouteilles au frais pour les futures soirées à rallonge en terrasse.
Si, si, on y croit !
Mais une terrasse avec un barbecue pas très loin, remplie d'une ribambelle de potes assoiffés. Seulement, avec le soleil, faut voir à ne pas servir des vins qui cognent trop dur. Alors pourquoi ne pas aller vers des Beaujolais, à boire un peu frais?
Illustrations des liquides :
La cuvée du Garde-Robe, réalisée par Jean-Claude Lapalu, en Beaujolais Villages. Le Garde-Robe, c'est un bar à vins très sympa du 1er arrondissement de Paris que Stéphanie (http://unmetsdixvins.com/) m'a fait découvrir. La cuvée du Garde-Robe c’est un vin sympa, léger, sur le fruit et pas prise de tête. Ça tombe bien, on ne lui en demande pas beaucoup plus pour nous ouvrir un bon petit repas.
Sur la root, un Fleurie, de Lilian Bauchet, 2011 (http://www.bachelards.com/), c'est bon, servi un peu frais, et il a le mérite de désaltérer tout en ayant un peu de corps. Ça, ça se trouve au Coinstot Vino, Passage des Panoramas, métro Grands Boulevards, et ça se vide un peu trop vite.
Vin de Kav, Chiroubles, de Karim Vionnet, 2008 (http://www.oenos.net/2011/11/le-vin-de-kav-cest-karrement-bon/). Le plus enrobant, le plus charnel des trois. Il a plus de corps, plus de matière. Vous en perdriez presque votre géographie. Plus généreux, il saura séduire les palais un peu viandards, qui râlent parce que les saucisses au barbecue, ce n’est pas vraiment de la viande. Et puis dans une Kav, il fait frais.
Bref, il y a encore beaucoup d'autres bons Beaujolais à ouvrir pour un barbec en terrasse, les vôtres, ce sont lesquels?