C’est fou comme certains du côté des appellations dites roturières de Bordeaux m’adorent, tel Jean-Dominique Poncet du château Font-Vidal link qui me tance parce que j’ai osé faire une petite chronique sur Jazz à Palmer pour connecter les amoreux du jazz sur ce concert diffusé en direct. « Décidément monsieur Berthomeau quand vous parlez de Bordeaux il n'y en a que pour les Cru Classé, pour votre info il y a de nombreuses propriétés qui font ce genre de manifestation dans l'aire d'appellation Bordeaux mais ce ne sont pas obligatoirement des "Cru Classé", vous pouvez aussi en parler même si c'est moins flatteur pour votre ego... »
C’est vrai que je passe mon temps à me goberger dans les châteaux huppés des GCC en compagnie de ma copine Marie de Saint-Drézéry et que l’été dernier, elle et moi, nous nous taillés un franc succès avec la grande saga de l’été « L’Ouragan sur les Primeurs se prénomme Marie» link J’invite ce cher monsieur Poncet à prendre le temps de lire cette petite pochade. Pour le reste, je n’ai nul besoin de me justifier car ce serait céder à un commentaire sans fondement et inutilement agressif. Comme le notait très justement Charles Maurice, prince de Talleyrand-Périgord , fin connaisseur de l’ego « Tout ce qui est excessif est insignifiant. »
Pour ma part j’assume la part d’ego consubstantielle à l’exercice de la chronique et pour soigner son éventuelle dérive ou plus exactement son enflure je vais vous parler de la chochotte du boulon.
Qui est donc la chochotte du boulon ?
Dans la galaxie des gens du vin elle est un petit confetti perdu du côté de Robion, c’est dans le Vaucluse et le Boulon c’est le nom du ruisseau qui traverse ses vignes. C’est son mentor Yves mossé qui a baptisé Doris Mossé la chochotte. Son histoire je l’ai raconté ICI link. Je l’avais rencontré au Parc Floral de Vincennes. Doris, petit bout de femme sympathique n’a évidemment rien d’une chochotte mais comme c’est maintenant sa marque de fabrique elle signe ses vins ainsi. Dimanche dernier c’est chez elle que j’ai fait mon unique dégustation du salon. Car trois ans après Doris Mossé est toujours là, certes elle a un peu abaissé de la voilure car elle ne cultive plus que 5 ha de vignes qu’elle loue et continue de faire son vin chez les autres. Avec la chochotte du boulon me voilà donc bien loin des ors et des dorures des grands châteaux de Bordeaux qui enflent mon ego et c’est une thérapie radicale.
J’ai goûté ses vins et croyez-moi ils valent largement certains des nectars se raccrochant à des vignobles de bien plus grande notoriété. Bien sûr, je sens venir la flèche perfide : je suis allé chercher Doris Mossé à la rescousse pour me dédouaner de mes amours avec Palmer. Et alors, je ne vois pas au nom de quoi certains viendraient me reprocher d’aller chez qui bon me semble. En effet, je signale aux archers de service que 99% des vins dont je parle ici sur cet espace de liberté sont payés avec mon bon argent. Je suis donc un consommateur et mes choix ne regardent que moi. Les GCC étant hors de portée de mes moyens mes petites chroniques s’alimentent donc au gré de mes pérégrinations de parisien. Même que l’autre jour, invité par le CIVB à l’Alcazar j’ai dit grand bien d’un Clairet link d’un certain Château Penin. Caramba je suis fait, ce n’était qu’un simple Bordeaux !
Trêve de raillerie, revenons à ma chochotte du boulon et à sa cuvée Le Bien Élevé, qui, je le signale au Forgeron de Dana, le feuilletoniste es-Carignan le plus prolifique du début du XXIe siècle, celui qui donne le la de ce cépage trop longtemps vilipendé, est une cuvée fondée sur essentiellement du Carignan bien élevé en cuve, le grenache et le mourvèdre étant eux élevé en barrique. Mais si dans son énième épisode de Carignan Story il veut bien se pencher un de ces dimanches prochains dans les 5 du Vin sur la cuvée Carignan de Doris Mossé ça fera un très beau papier de notre chapeauté. N’est-ce pas là le terrain de prédilection des blogueurs que d’aller dénicher et faire connaître des vins tels que ceux de Doris Mossé. Ce n’est pas faire la charité mais participer à la chaîne d’informations qui permettra aux dénicheurs de vin de faire leur emplette chez des vignerons, en l’occurrence ici une vigneronne, qui ne feront jamais la Une de nos chères revues dédiées aux amateurs de vin.
La morale de cette histoire, si tant est qu’il faille en tirer une, c’est que le Taulier n’a pas de leçon à recevoir sur les choix de ses sujets, en général ils lui viennent au gré de ses pérégrinations, comme ça, sans à priori ni volonté de faire plaisir à X plutôt qu’à Y. Je ne cultive aucune prévention vis-à-vis du grand vignoble de Bordeaux, tout comme je ne privilégie en rien les GCC, et je reste toujours disponible, même mobilisé pour toutes les justes causes : y compris celles du CIVB link Dans ma longue carrière j’ai côtoyé Louis Marinier qui fut l’un des ardents défenseurs de la cause des Bordeaux et Bordeaux Supérieur et lorsque j’ai écrit ce que j’ai écrit en 2001 j’ai pris grand soin de ne pas mettre tous les vins de ces appellations dans le même panier. Il n’empêche que, si j’ai bien lu le Plan Bordeaux, avalisé par les professionnels, il me semble qu’il y a du ménage à faire pour qu’une partie des vignerons puissent retrouver des couleurs et croire en leur avenir.
LA CHOCHOTTE DU BOULON
Impasse de la Juiverie – 84440
ROBION
Tél. + 33 (0) 6.08.41.71.02
Affaire à suivre…