J’adore foutre cul sur tête les hiérarchies alors ce matin, puisque, certains m’attendent au tournant sur les réponses à la question posée lors de Vino Latino : Quelle hiérarchie pour les vins ? et comme je suis au fond un bon garçon je vais commencer par la fin, par les vins qui accompagnèrent nos interventions à Vino Latino le 4 avril. Ainsi, en commençant par la fin, je ne parlerai vin et, en finissant par le début, je montrerai combien je suis vain.
Abritées sous une tente, d’où l’on pouvait contempler la campagne, jouxtant la salle de conférences, de saintes tables disposées en U, nappées de blanc, impeccables, charmaient l’œil, donnaient envie de déguster du vin. La présentation et le service du vin sont des manières importantes, une forme de politesse et de savoir-vivre, de respect, et du produit, et de ceux à qui on le présente. Trop souvent, lors de dégustations parisiennes, les lieux se transforment vite en bouges souillés de vinasse. À Verchant, dès le premier coup d’œil, comme tout au long de la dégustation, il était évident que nos hôtes savaient recevoir. Tout y était, personnel prévenant et compétent, vins à bonne température, de la place pour converser, des fleurs, du choix et même de l’humour puisqu’il était précisé que les vins étaient offerts par des vignerons hiérarchisés ou pas.
En voilà la liste pour les amateurs de vins méditerranéens.
- Mas Cascal 2010 (IGP Vaucluse) et le Mas des Quernes (dans le secteur terrasses du Larzac) Cuvée Les Ruches ((les vins de Jean Natoli)
- Mas de Daumas Gassac Blanc 2010 (IGP Pays d'Hérault)
- Mas Fabrégous blanc 2010 (AOP LAnguedoc)
- Mas Seren Blanc 2011 "Eticencelle Nomade"
- Château d'Assas blanc 2009 (vin produit par la cave coopérative d'Assas)
- Château d'or et de gueules - trassegum blanc 2011 (costières de Nîmes)
- Domaine de la rencontre - l'hédoniste 2010 - Muscat de Mireval
- Les Terrasses cévenoles - Cigalois rosé 2011 (jolie cave coopérative dans les Cévennes)
- Château Puech Haut - Rosé Tête de Bélier 2011 (AOP Languedoc)
- Domaine La Grange - Castalides Icone 2009 (AOP Languedoc)
- Château de L'Engarran - Quetton 2009 (AOP Languedoc - Saint Georges d'orques)
- Mas de Farjou - Les Lambrusques 2010 (Pic Saint Loup)
- Domaine de la Cadenette - Siracanta 2011 (Costières de Nîmes)
- Domaine des 4 Amours - Louis 2009 (AOP Languedoc)
- Château de Calvières - Espiritu santo blanc 2009 (IGP Pays d'Oc)
- Mas Coris - Le Pic de Vissou 2010 (IGP Cabrières - Languedoc)
- Château La Liquière - Cistus rouge 2009 (Faugères)
- Château Unang - La Croix 2009 (AOP Ventoux)
- Domaine de Roquemale - LEMA 2010 (Grès de Montpellier)
- Château La Dournie - Elise 2008 (Saint Chinian)
- Château les Mazes - Z blanc 2009 (AOP Languedoc - La Méjanelle)
- La Vieille Julienne - Châteauneuf du Pape 2009
- Mas Gabriel - Les 3 terrasses 2009
- Les Amants de la Vigneronne - de chair et de sang 2009 (Faugères)
- La Croix Gratiot - Picpoul de Pinet 2010
- Mas des Armes - 360 2009 (IGP Pays d'Hérault)
- Mas de la Séranne - Le Clos des Immortelles 2010 (Terrasses du Larzac)
- Domaine de Fabrègues - Domaine 2009 (AOP Languedoc)
Une belle palette donc qui, à elle seule valait bien plus que nos belles gloses le déplacement. N’attendez pas de moi des commentaires de dégustation puisque je n’en fait quasiment jamais. Simplement si vous vous colletez à ce qui va suivre, c’est-à-dire la relation depuis le commencement de ma journée à Vino Latino, vous constaterez que le taulier a bu. Enfin, pour les 100% vin je signale que tout à la fin de ce vain exercice le taulier revient au vin.
Donc, mercredi matin 4 avril, votre serviteur poireauta une bonne heure avant de s’envoyer en l’air dans un Bombardier Canadair de Brit Air qui finit par se poser à Montpellier-Méditerranée. Accueilli avec Philippe Faure-Brac sur le tarmac – j’exagère toujours – par le beau sourire de Stéphanie nous gagnâmes en automobile le magnifique domaine de Verchant où se tenait Vino Latino. Nous avalâmes en deux temps trois mouvements un plat succulent, un petit dessert et un petit café et nous gagnâmes une salle bien fournie où Jean Natoli au pupitre présentait l’après-midi.
À partir de là je sens déjà que mes fidèles salivent, qu’ils se disent tout émoustillés : notre taulier préféré va nous faire état de tout ce qui s’est dit sur la hiérarchie ou autrement dit il va nous faire un compte-rendu avec les pleins et les déliés. Et pourquoi pas un PV pendant que vous y êtes ! Je déteste les PV ! Prendre des notes, je ne prends donc jamais de notes. Ça me fatigue d’écrire, je préfère contempler les filles. Alors, les plus tenaces d’entre vous vont me réclamer une synthèse, brillante comme de bien entendu, des interventions. Désolé, mais je ne peux pas. Pourquoi cela me rétorquera-t-on ? Pour deux raisons : la première c’est que pendant toute la première partie je me suis dit : que vas-tu bien pouvoir raconter du haut de cette chaire ? Donc, j’avais la tête ailleurs. La hantise, non de la page blanche, mais de devoir jouer le mime Marceau ; la seconde c’est que, après avoir tenu la chaire un peu trop longuement, je fus de nouveau happé par mes vaches, normandes ou disons de Normandie cette fois-ci et j’ai dû sortir pour leur causer au téléphone. Donc, pour répondre à votre légitime attente je suis entre les mains de mes charmantes et studieuses voisines qui elles ont noirci des pages et des pages.
Entre les deux séquences je suis monté en chaire tout vêtu de vert. Qu’y ai-je fait, qu’ai-je dit, je suis bien incapable de vous répondre puisque, comme de bien entendu, j’ai prêché sans note et que je n’en ai point pris non plus. Tout ce que je puis vous dire c’est qu’en montant les marches de l’estrade je me disais Berthomeau t’as pas de plan B, t’as jamais eu de plan d’ailleurs, alors qu’est-ce tu vas placer comme boniment ? Jean Natoli avait prévenu l’assistance : tout était possible avec le Taulier. Allais-je faire le coup de « feu sur le quartier général ! » dans le style de l’ancien poulain de Germon (là je vous piège mes très chers) ou faire dans le style Delors je vous endors ? Face au public, alors que mes pauvres neurones s’entrechoquaient tels des glaçons dans un shaker, j’ai senti que je me devais de profiter impunément de la chaire pour dire tout le plaisir que me procurait ce retour sur les terres de mes premiers pas dans le vin. Pour ceux qui ne le savent pas encore je suis entré en vin par la politique, au ras des vignes d’aramon et des conseils d’administration peuplés de bougons.
Alors j’ai chroniqué en direct live, sans filet. Au moins en voilà une à laquelle vous avez échappée. Pour les totalement addict à mes célèbres chroniques je leur conseille de faire jouer le bouche à oreille pour atténuer leur manque. Plus sérieusement ce fut une belle journée où la parole fut libre, le public attentif et semble-t-il intéressé. Pour le compte-rendu complet je trouverai bien le moyen de faire du charme à mes voisines du premier rang pour qu’elles me le livrent tout beau tout chaud. Mais, paroles, paroles, c’est bien beau de blablater sur la beauté des hiérarchies, les datées : 1855, les d’Ernest&Young, les des ODG, les des écossais avinés… il y avait aussi beaucoup de beaux vins présentés (celle-ci je me devais de la faire) D’ailleurs, sitôt descendu de ma chaire je me suis précipité vers la sainte Table pour étancher mon inextinguible soif et l’officiant me tendit alors immédiatement un calice empli d’un cévenol breuvage blanc produit à Anduze : Mas Seren Blanc 2011 « Eticencelle Nomade ». De la belle fraîcheur, de la vigueur, une belle chair pour un Taulier descendu de sa chaire (celle-ci est notée nulle sur l’échelle de Richter de la rime à 2 balles).
À la nuit tombante, le Taulier à peine fatigué fut interviewé et filmé, accoudé à un tonneau, par deux jeunes gens de Vitisphère. Très cabotin comme à l’accoutumé il délivra quelques scuds acérés. Tout juste remis de ce bel effort le Taulier tombait nez à nez avec Véronique du Mas Coris qui était venu boire ses paroles – symptôme d’un beau cas inguérissable d’ego débordant du verre – et Olivier Nasles, à quelques encablures, faisait remarquer que le Taulier était toujours cerné par de jolies dames. Qu’y peut-il, le pauvre ? Rien, assurément et il est bienheureux de cette belle proximité. Quelques mots échangés avec Véronique, dont le Taulier avait repéré le vin Le Pic de Vissou 2010 (non, non, bande de coquins ce n’était pas Les Amants de la Vigneronne) et l’avait dégusté, et pour sûr qu’il ira un de ces 4 au mas Coris.
Et puis vint le temps de la troisième mi-temps. Jean Natoli avec un art consommé de la navigation automobile nous fit découvrir le charme de Montpellier by night jusqu’aux endroits les plus reculés. Pendant la virée le Taulier papotait avec son chauffeur préféré. Nous arrivâmes plein d’appétit aux bords d’un plan d’eau qui me rappelait le bassin de la Villette les palmiers de la terrasse en plus. Il guenassait (en vendéen pluie fine de type breton) mais à l’intérieur de Trinque-Fougasse de belles quilles nous attendaient à bras ouverts. Une belle tablée, une conversation animée, des nourritures terrestres goûteuses dénommées chez les indigènes du grand Sud : tapas. www.trinquefougasse.com/sud Ce fut une belle soirée comme je les aime, de celle où l’on ne voit pas le temps passer et, où surtout, on a envie de le retenir pour un tas de raisons ou une belle tout simplement. Je vous livre ci-dessous la liste des nectars que nous avons bus. Ce que je puis vous dire c’est que la nuitée d’hôtel fut courte, que je me suis éveillé tôt guilleret pour reprendre mon avion qui cette fois-ci fut à l’heure. Les lendemains qui chantent sont le plus bel hommage qu’on puisse rendre aux nectars savourés en belle compagnie la veille. En entrant dans l’Airbus d’AF l’hôtesse me complimentait sur mes couleurs : l’orange ce jour-là… Dieu que les hommes et les femmes arborent des couleurs de muraille : tristesse du temps ?
- Domaine Pas de l'Escalette - Blanc 2010
- Domaine Vincent Delaporte - Sancerre - Maxime Blanc 2010
- Mas de la Séranne - à l'ombre du figuier 2011 (rouge) et Antonin et Louis 2008 (rouge)
- Domaine Pierre Gaillard - Saint Joseph - Clos de Cuminaille rouge 2010
- Les Vins de Vienne - Sotanum 2009 - Vin de France
- Daumas Gassac - Rouge 2010 - IGP Pays d'Hérault
Merci à Alexandre Abellan de Vitisphère pour les photos.