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14 juin 2014 6 14 /06 /juin /2014 00:09

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« De quelle planète vient Garrincha ? » s’interrogeait le Mercurio de Santiago lors de l’édition chilienne de la Coupe du Monde en 1962. Le n°7 de la Seleção est élu meilleur joueur, il dribble et marque des buts d’anthologie dont une feuille morte contre l’Angleterre en ¼ de finale.


Olivier Guez répond dans son excellent livre Éloge de l’esquive chez Grasset


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« Des entrailles du Brésil. Avec sa gueule de bagnard, ses épaules de lutteur et ses cuissots de feu, ce métis, de sang noir et indien, ressemble à ses admirateurs. Simple, créatif, joyeux, lui aussi  sera un jour exploité par ses employeurs. Il est l’un des leurs, un misérable, entré adolescent s’échiner à l’usine de textile de Pau Grande ; il a connu la faim et la polio ; le destin lui a infligé une colonne vertébrale en S et des jambes biscornues, deux virgules aussi tordues que les mosaïques qui tapissent les trottoirs du  front de mer d’Ipanema, la gauche vers l’extérieur – son corps penche à droite. L’anti-athlète roule, dangereusement en Coccinelle, collectionne les fanions pour sa cuisine et les conquêtes, il copule, quand il ne joue pas au foot et ne picole pas, il baise, Garrincha ne pense qu’à ça… »

 

Manoel Francisco dos Santos, dit Garrincha, est né le 28 octobre 1933 à Magé au Brésil et mort le 20 janvier 1983. Il évoluait au poste d'ailier droit.

 

J’ai chroniqué déjà sur Garrincha link


« L’efficacité du dribble de Garrincha semble liée à l’allure si étrange de son corps, mais aussi à sa grande capacité d’accélération. Car l’étonnant était la lenteur avec laquelle il emmenait la balle, sa façon de s’arrêter totalement devant l’adversaire et, grâce à son extraordinaire impulsion, passer d’une apparence d’équilibre instable à une course qui déséquilibrait le joueur adverse, quitte à s’arrêter de nouveau le pied sur la balle pendant que l’autre était emporté par son élan. D’autres joueurs revenaient alors à la charge et Garrincha savait exploiter immédiatement la brèche ouverte dans leur défense. Usant d’une analogie militaire, les journalistes sportifs parlaient à son propos d’un style de « guérillero ».


Il recevait la balle : vitesse zéro. En une seconde, il se jetait un mètre en avant, grâce à cette explosion musculaire qui le propulsait dans l’espace avec la légèreté d’un oiseau (…) Il lui suffisait ensuite de freiner son corps et d’obliquer de nouveau vers la droite pour faire s’écrouler l’équilibre universel des arrières latéraux. Très souvent, dans ses semblants de chute, il paraissait abandonner au milieu du chemin son centre de gravité alors qu’à la stupeur des physiciens eux-mêmes, il restait debout et continuait vers la droite, fluide comme une cascade. Le dribble le métamorphosait : il devenait Chaplin, déployant dans le vent une succession merveilleuse de gestes comiques ; il était le torero  que la multitude saluait à coup de « olé » ; il était saint François d’Assise grandi par l’humilité avec laquelle il subissait les coups de pied du désespoir […] Il arrivait sur la ligne de fond, les arrières encerclant la surface, l’espace se réduisant… un mètre, 50cm, « il n’y a plus de place, je vais le contrer ». Amère illusion du joueur adverse : pour un dribble de Garrincha, un mouchoir de poche était un « latifundio »

 

Jose Sergio Leite Lopes et Sylvain Maresca « la disparition de la joie du peuple »


Olivier Guez écrit « je voue un culte aux dribbleurs brésiliens, ces hommes élastiques qui cajolent la balle comme s’ils dansaient avec la plus belle femme du monde. Ils la couvent du regard et n’ont d’yeux que pour elle, s’ils la perdent, ils chercheront à la récupérer, à la séduire pour repartir avec elle et ne plus jamais, jamais, l’abandonner à un autre prétendant. »


Arthur Friedenreich (1892-1969) star du début du XXe siècle, « la première légende du foot brésilien, le buteur le plus prolifique (1329 buts), un tigre, « le tigre », un mulâtre aux yeux verts… »


« Il déconcerte les observateurs par ses feintes de corps, inédites. Le buteur est un artiste, un roi de l’esquive, sa façon  à lui  d’éviter les charges violentes de ses adversaires blancs que les arbitres sanctionnent rarement. Ainsi naît le dribble au Brésil. Ruse et technique de survie des premiers joueurs de couleur, le dribble leur évite tout contact avec les défenseurs blancs. Le joueur noir qui ondule et chaloupe ne sera pas rossé sur le terrain ni par les spectateurs, à la fin de la partie ; personne ne l’attrapera ; il dribble pour sauver sa peau. »


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R
<br /> Souvenirs de la Coupe du Monde de Football de 1958 regardée à la télévision dans un bistrot de Bois-Colombes avec mon père et mon frère...<br />
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