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26 août 2013 1 26 /08 /août /2013 00:09

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Chère Laure Gasparotto,

 

À la veille de la Noël 2005, jeune chroniqueur esseulé sur le Net, après avoir lu « Aventures d'un gourmand vagabond » de Jim Harrison j’écrivais :

 

Chers lecteurs,

 

Joyeux Noël, j'espère que ces quelques lignes contribueront à votre sérénité, ajouteront un petit supplément d'âme, un soupçon de légèreté et de convivialité dans notre monde de brutes...

 

« Enfin, mais c'est peut-être là le plus important, car nous ne savons pas ce qui se passe après la mort, je dois au vin le fait d'être toujours vivant. Il y a quelques années j'étais en mauvaise santé et plusieurs médecins ont ainsi appris que j'étais complètement accroché au V.O., un whisky canadien qui, certes délicieux, n'en constitue pas moins un substitut déplorable de l'eau ou du vin. J'ai exposé ce sérieux problème à Michael Butler, qui travaille pour ce grand importateur de vins français qu'est Kermit Lynch. Nous avons alors décidé que quelques magnums de châteauneuf-du-pape Vieux Télégraphe pourraient m'aider à affronter l'épreuve terrible qui m'attendait. Un soir, dans notre petite casita, j'ai pris une bouteille de V.O. et je me suis installé dans un fauteuil à bascule en regardant pendant quatre heures cette potion redoutable, ne buvant rien d'autre que l'esprit du reniement. Si je ne pouvais pas arrêter de siroter du whisky, il me faudrait alors renoncer à l'alcool en général, et que deviendraient alors les bouteilles esseulées dans ma cave ? Je me balançais comme un enfant autiste. Les larmes m'ont rempli les yeux, mais j'ai gagné. J'ai vidé la bouteille de whisky dans l'évier, j'ai bu un verre de Vieux Télégraphe, j'ai caressé ma chienne et je suis allé me coucher, un homme nouveau dans une vieille bouteille. »


Jim Harrison in "aventures d'un gourmand vagabond" page 341 chez Christian Bourgois éditeur link 


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Vous, Laure, ayant le privilège de travailler pour le grand journal de référence Le Monde mon voisin du Boulevard Arago vous vous êtes rendu dans sa maison près de Missoula dans le Montana, le Middle-West légendaire, capitale de la pêche à la mouche où les boutiques connues des amateurs du monde entier se succèdent dans ses rues longilignes. »

 

Dans la cuisine de sa casita sont entreposés plusieurs cartons de bandols estampillés Domaine Tempier. « Harrison a toujours déclaré que ce bandol de Lulu Peyraud, ainsi qu’il l’appelle familièrement, lui faisait office de nectar quotidien. » Il débouche donc la cuvée Tourtine alors qu’un grand camion blanc de Fedex lui livre un « énorme sac sous vide qui contient… des fromages français ! « Ah, le mariage heureux, complice, parfait ! » semble penser votre hôte. « Silencieuse, l’épouse de l’écrivain, Linda » préparait « une salade du jardin et découpe finement quelques charcuteries. »


domaine-tempier-bandol-rouge-cuvee-la-tourtine-provence-fra.jpg

 

Vous étiez donc, chère Laure, au centre d’une image d’Épinal « sauf qu’ici Jim mange comme ça le plus souvent possible. » et que lorsqu’il vient rendre visite au Manoir de Pron, près de Nevers, « au Michaël Jordan » de la cuisine française, Gérard Oberlé « Jim continue d’apprendre donc tout des crus et des mets français. »


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Tout allait donc bien dans le meilleur des mondes lorsque, chère Laure, je ne sais quelle mouche vous a piquée dans le meilleur restaurant de Missoula, le Red Bird, le chef vous sert son « meilleur et gigantesque morceau de bœuf, accompagné de quelques légumes préparés avec raffinement. » et que vous déclarez « souhaiter goûter un Kenefick Ranch de la Nappa Valley. » Jim fait la tronche : « Tout à coup, le visage de mon cyclope* s’assombrit. Puis retrouve vite sa lueur lorsqu’il déclare : « Tu fais comme tu veux ! Mais je te le laisse. Pour moi et rien que pour moi donc, ce sera le châteauneuf-du-pape du Château Beaucastel »

 

Comme l’aurait dit ma mémé Marie « le Bon Dieu t’a punie »  Laure d’avoir choisi ce « jus de planche » et j’aime beaucoup la relation de ce tête à tête :

 

« On s’est retrouvé chacun avec notre bouteille à côté de notre assiette. On a toujours dit que le vin créait des liens ; il peut aussi se révéler clivant. Comme mon commensal n’avait même pas l’intention de humer le vin que j’avais choisi, jamais il ne m’a proposé de goûter le châteauneuf dont il se resservait à chaque fois avec délectation, en me regardant malicieusement, satisfait de son petit tour. « Alors il est bon ce vin californien ? ». Il était boisé à mort, et je n’avais pas dû choisir le meilleur… Selon Jim, j’étais puni pour avoir trahi le vin français.

 

Faute avouée est à demie pardonnée Laure mais il me semble que ce ne fut là que le résultat de la confrontation entre un buveur de vin et une goûteuse de vin.

 

Ceci écrit se retrouver face à un type qui déclare que « L’acte physique élémentaire consistant à ouvrir une bouteille de vin a apporté davantage à l’humanité que tous les gouvernements dans l’histoire de la planète. » et ce, bien sûr, avec un tire-bouchon qui « tutoie les sommets de l’imagination humaine. » est un privilège que j’aurais bien aimé partager chère Laure Gasparotto.

 

Merci à vous Laure pour cet article « le vin français…selon Jim Harrison » illustré par des photos de Michael Friberg  publié dans le Hors Série du Monde à table.


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commentaires

F
<br /> Et du coup je fais comme Michel, cela fera donc deux lecteurs de plus pour Le Monde...<br />
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M
<br /> J'ai entendu dire que ce sauvage raffiné aimait aussi quelques crus du Roussillon et ddu Languedoc. Je cours acheter ce hors-série ! <br />
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