Je viens de recevoir par le courrier un joli livre signé par Samuel Cogliati « Champagne le rêve fragile » chez possibilia www.possibiliaeditore.eu . Je l’ai feuilleté mais n’ai pas eu encore le temps de le lire car l’afflux de livres est tel que je ne puis leur consacrer le temps qu’il faut pour ensuite chroniquer. Tout viendra en son temps, il faut savoir être patient.
Comme vous le savez je ne suis pas un dégustateur patenté et je n’éprouve aucun attrait pour l’exercice de la dégustation mais je m’intéresse de près à cet outil essentiel pour un critique de vin.
Mon attention feuilleteuse a donc été attirée par la dernière partie du livre, les chapitres 4 et 5 qui abordent cette question et appliquent la méthode à 200 cuvées élaborées à l’échelle artisanale par 46 domaines.
Dans l’introduction l’auteur et JM Gatteron (LeRouge&leBlanc) précisent qu’ils ne sont « pas enclins aux guides « purs et dures », qu’ils n’aiment pas les classements car ils n’y croient guère. Leur approche du vin disent-ils est « culturelle et vivante ». En revanche pour eux « la dégustation dévoile jour après jour des surprises, ainsi que des erreurs, à condition de l’appréhender sans a priori, l’esprit libre et ouvert. » Ils concluent qu’ils ont « appris et expérimenté qu’une dégustation à l’aveugle bouscule les idées reçues et les hiérarchies. » pas de notes et des commentaires de dégustation qui correspondent davantage à des réflexions qu’à des jugements à part entière dont l’utilité leur paraît discutable.
Don’t acte mais page 168 je me suis penché sur les critères de dégustation de nos deux auteurs.
« … nous avons choisi d’indiquer 4 critères, notés de 1 à 4, qui permettent d’illustrer d’une manière générale le caractère et la qualité des vins d’un domaine. »
Comme je suis un peu taquin un petit zeste de note ne nuit jamais pour fixer les esprits. Mais ce n’est pas cette légère entorse qui a attiré mon attention mais le dernier critère : la complétude.
Mais qu’est-ce donc que la complétude ?
C’est un état, le caractère de ce qui est complet, achevé, parfait.
Dans le cas contraire, on parle d'incomplétude, surtout dans le contexte de la logique mathématique. L’incomplétude s'emploie aussi en psychiatrie
« Dans le rapport de possession, le terme fort c'est la chose possédée, je ne suis rien en dehors d'elle qu'un néant qui possède, rien d'autre que pure et simple possession, un incomplet, un insuffisant, dont la suffisance et la complétude sont dans cet objet là-bas. Sartre, L'Être et le Néant, 1943, p. 681.
Notion redoutable que la complétude même si les deux auteurs en donnent une définition moins radicale. La complétude peut-elle est être imparfaite et souffrir de se voir graduer sur une échelle de 1 à 4 ? Si l’on s’en tient à l’acception originelle la réponse est évidemment non mais puisque nous sommes en des œuvres humaines il est clair que nul n’est parfait, en Champagne ou ailleurs, mais que tous les vignerons-artisans tendent vers la perfection qui, comme chacun le sait n’est pas de ce monde, ni d’un autre d’ailleurs…
Les champagnes de l’ami Pascal Agrapart link sont au sommet de la complétude, ça ne m’étonne pas je suis addict, quant à ceux du toujours jeune Francis Boulard link leur complétude est proche, ami Francis s’il n’en tenait qu’à moi tu l’aurais atteinte mais chi va molo va sano…