Pour l’été c’est encore un petit « accroc de vie » de votre Taulier griffonné sur ses petits carnets puis ensilé pour l’éternité que je propose à votre lecture accompagné d’une grande voix.
Dans sa cuisine nue sous son peignoir
La petite faisait des rêves bizarres
Elle chantait dans un bar de Zanzibar
Pendant qu’elle préparait le petit noir
De son légitime époux
Pour alimenter ses rêves fous
Elle branchait son transistor sur radio Khartoum
Et se gavait des chansons d’Oum Kalsoum.
Au son des lancinantes mélopées
Dressée sur la pointe des pieds
Elle se laissait aller au plus loin
Là où ses yeux trouvaient enfin le point
De non-retour
Qui efface le désamour
Des petits bras de son amant besogneux
Ce sous-chef de bureau prétentieux
Qui ne tirait de sa nudité insatisfaite
Que des accents de défaite.
La petite rêvait de caresses
Du regard des hommes du désert
Envoutés par le déhanchement de son corps de déesse
Tétanisés par l’offrande de sa chair
Et lorsque le matin elle prenait le RER
Pour rejoindre son triste bureau du Ministère
L’éclat de ses yeux
Avait la couleur des hommes bleus.