« … la chair et la chère ont toujours fait bon ménage. Dans les romans érotiques chinois, les soirées de débauche commencent souvent par un banquet, et n’ont généralement pas besoin d’autre détonateur. Quel meilleur stimulant en effet que des petits plats mitonnés avec amour, agréables à l’œil autant qu’au palais, accompagnés de breuvages choisis et savourés en bonne compagnie ? »
Volupté à la chinoise « Les bateaux à fleurs sont une des plus charmantes inventions du génie chinois (…). Ces bateaux sont les antres du plaisir. De jeunes femmes, rappelant par leur beauté et la mollesse de leur vie de courtisanes de l’Ancienne Grèce, y tiennent commerce permanent de galanterie. On les aperçoit rarement. Elles vivent dans l’espace caché par les portières de soie ; c’est là que s’accomplissent les doux mystères… » Auguste Montfort, Voyage en Chine, 1854.
Dans le domaine de la recherche du plaisir extrême, de la volupté, « les Asiatiques ont poussé le raffinement à son comble. Au Japon, en Inde et en Chine surtout, la littérature médicale, philosophique ou érotique témoigne depuis l’Antiquité de cette préoccupation très masculine.
La palme de l’imagination revient sans conteste aux Chinois, reconnus dans toute l’Asie, où ils ont exportés leurs recettes, comme les maîtres incontestés en matière de volupté. »
La liste des substances aphrodisiaques relève pour nous d’un musée des horreurs : plus les produits sont chers, rares ou répugnants, voire dangereux, plus ils sont réputés efficaces.
Pénis de tigre séché, perles grillées, bouse d’éléphant, yeux de lézard, testicules de panda, cervelle de singe trépané vivant…
« Les plus raffinés préfèreront acheter à prix d’or « un pénis d’étalon blanc séché cent jours à l’ombre et enduit de sang de chèvre »
« C’est la cas du chien, que l’on achète rasé et badigeonné de sauce de soja, dûment estampillé par les services vétérinaires. Il s’agit de chiens domestiques du Guangdong que les paysans locaux fournissent aux bouchers. »
« C’est aussi le cas du serpent – une viande blanche à la fois tendre et ferme, à mi-chemin entre la volaille et le poisson. Dans les établissements spécialisés où l’on saigne les reptiles, les clients sirotent le fluide qui gicle dans les verres – parfois additionné d’une bonne dose de cognac – comme un élixir de jouvence, censé décupler la virilité et prolonger la vie. Quant aux moelleux vers à soie, pour peu qu’on les déguste braisés avec des noix, ils feront redresser la tige de jade… »
La tige de jade masculine – alias la flûte de jade, le pic vigoureux, le bâton d’encens, la tête de tortue, la pousse de bambou de jade, la lance d’or « La littérature chinoise excelle dans l’art de ne pas appeler un chat, un chat… »
L’enjeu de « l’art de la chambre à coucher »
« L’usage d’aphrodisiaques pour brandir sans faiblir sa lance d’or est vivement recommandé à celui qui se prépare à la « guerre fleurie ».
« D’après le médecin taoïste Sun Simiao, qui vécut au VIIe siècle, « si l’on peut s’accoupler avec douze femmes sans une seule fois répandre sa semence, on demeure jeune et beau à jamais. Si un homme peut s’accoupler avec quatre-vingt-treize femmes, tout en continuant de se maîtriser, il atteindra l’immortalité. »
Le livre de Maït Foulkes : « La cuisine aphrodisiaque » aux éditions Philippe Picquier est une mine extraordinaire, savant mélange d’érudition, de recettes, qui vous permettront de découvrir ou de mieux connaître « le cri du ginseng le soir au fond des bois », « la grivoise muscade », le « clou de la soirée », « la vigne du mariage », « la coquine angélique », « des fleurs à réveiller un mort », les « nids d’amour »…
L’ivresse des sens
« L’empereur donna à Wufang mille onces d’or et retourna à bord du Bateau-Nuage où on déroula les nattes avant de servir un grand banquet. Feiyan, assise sur la cuisse de l’empereur, buvait du vin. Après avoir bu à son tour plusieurs coupes de vins, l’empereur sentit le feu du désir l’embraser. (…) Galvanisé par le vin, l’empereur fit plus de milles allées et venues, laissant Feiyan ivre de plaisir. »
Nuages et pluie au palais des Han.
Reste pour couronner mon butinage qui va peut-être me valoir les assauts des âmes sensibles, une recette barbare, la dernière du livre : « Crevettes ivres à l’étouffée »
C’est simple vous immergez des crevettes vivantes dans une casserole emplie d’alcool de riz ou de tout autre alcool, avec de l’ail, du gingembre et de l’huile de sésame. Vous couvrez hermétiquement et vous portez à feu vif.
« Lorsque les crevettes ont cessé de sauter, elles sont prêtes à être dégustées. Salez à votre goût. »
Désolé !