« L’Invention de la France » Atlas anthropologique et politique d’Hervé Le Bras et Emmanuel Tood chez nrf essais Gallimard 25€ est comme l’indiquent les auteurs « un livre d’un genre nouveau, un atlas et un essai, intimement liés. La carte n’est pas pour nous un objet de curiosité, mais une façon de comprendre et de démontrer. Cette conception de la science sociale conduit à une réflexion sur la France, sur une nation pas comme les autres. »
Pour eux « La société industrielle n’a pas anéanti la diversité française (…) Chacun des pays de France représentent en fait une culture, au sens anthropologique du terme, une façon de vivre et de mourir, un ensemble de règles définissant les rapports fondamentaux, entre parents et enfants, entre hommes et femmes, entre amis et voisins. Aujourd’hui, la persistance d’écarts de fécondité importants entre régions, le maintien de différences étonnantes de mortalité entre départements, indiquent que ni le chemin de fer, ni l’automobile, ni la télévision, ni l’internet n’ont réussi à transformer la France en une masse homogène et indifférenciée. Du point de vue de l’anthropologue, la Bretagne l’Occitanie, la Normandie, la Lorraine, la Picardie, la Vendée, la Savoie et bien d’autres provinces sont toujours vivantes. »
« La France est, depuis la Révolution, un ensemble administratif unitaire, merveilleusement centralisé, obsédé de rationalité. De haut en bas et de gauche à droite de l’Hexagone, on tamponne les mêmes papiers, on passe les mêmes examens, on observe avec une précision maniaque les règles uniformes d’une grammaire et d’une orthographe reconnues comme sacrées. Nulle part ailleurs, en Europe occidentale, l’État n’est plus puissant, plus dirigiste. Mais justement, l’État est fort en France, parce q’il doit assurer la survie d’un système anthropologique décentralisée. La république Une et Indivisible coiffe cent types disteincts de structures familiales, cent modèles de comportements bsolument indépendants les uns des autres. »
J’avoue être un peu sceptique face, non pas à cette approche, mais par certaines des conclusions des auteurs qui projettent une France des années 80 (normal la première édition date de 1981) sans vraiment prendre en compte les nouvelles fractures régionales et surtout ignorer certains phénomènes massificateurs qui gomment les différences régionales. J’aimerais qu’il puisse se colleter aux 25 dernières années et mieux prendre en compte la grande bassine de la région Ile-de-France qui m’apparaît en réelle contradiction avec ce qu’ils avancent. Cependant, leur travail est extrêmement intéressant et constitue un formidable pied-de-cuve pour nourrir des études plus poussées plus approfondies sur beaucoup de thèmes abordés. D’ailleurs les auteurs le pressentent bien lorsqu’ils écrivent « Pourquoi ne pas ajouter quelques différences, parfois importantes, quelques nouvelles provinces mentales – maghrébine, africaine ou chinoise – pour les atténuer, les apprivoiser avec le temps, comme on l’a toujours fait en France. »
Je vous propose aujourd’hui de lire le bref chapitre consacré à l’alcoolisme il mériterait des développements plus poussés sur les causes afin d’aider à fonder une réelle politique de santé publique face à ce fléau plutôt que de continuer de brasser les idées fausses de la caste de ceux qui « vivent sur la bête » sans trop se soucier de l’inefficacité de leurs actions.