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11 décembre 2009 5 11 /12 /décembre /2009 00:08

« Ça ne se dit pas », comme son pendant « ça ne se fait pas », étaient des phrases cultes dans la bouche de ma sainte et prudente mère dans ma bonne Vendée bien comprimée. Toujours tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler constituait, bien sûr, le corollaire de cette façon d’être soucieuse de ne jamais donner prise à aucune forme de reproche. Être bien comme il faut, bien lisse, ne causer aucune peine, aucun chagrin à qui que ce soit, se garder à droite, se garder à gauche, passer au travers des gouttes, sourire à l’un, acquiescer aux propos de l’autre, savoir se taire donc. J’ai été trop bien élevé par un clan de pieuses femmes pour l’être vraiment donc ce matin je vais avouer à la face du monde du Vin une chose que j’ai jalousement caché pendant des années : « le vin du Jura n’est pas vraiment ma tasse de thé. » tout comme ce brave Félicien Guérillot, vigneron à Arbois, qui lui avait une aversion radicale pour le vin (voir la nouvelle de Marcel Aymé Le Vin de Paris http://www.berthomeau.com/article-34381963.html)

C’est dit et déjà je sens fondre sur moi l’opprobre des puristes, l’excommunication d’Erwan fan de l’Arbois, les ricanements des « on vous l’avait bien dit ce type n’est pas fréquentable », les gros yeux d’Olif, la pétition du syndicat de défense des vignerons du Jura, le fantôme d’Edgar Faure plaidant auprès de mon Ministre, avec son cheveu sur la langue, mon bannissement... Je n’assurerai pas ma défense, ou n’invoquerai pas des circonstances atténuantes, car si je suis coupable de quelque chose ce n’est sans doute la faute que de mon inculture crasse. Comme chacun sait le vin est un produit de culture et il se boit avec les mots. Moi je ne les ai pas et comme je ne les ai pas je n’ai aucun moyen de travestir ma pensée. J’eusse donc du continuer de me taire. Jusqu’au samedi 5 décembre, deuxième jour du Grand Tasting cher à B&D, je le fis sans grand mérite car, en public, je n’eus jamais à faire état de mes sentiments à l’égard des vins du Jura. Le coupable de retournement de jurisprudence se nomme François de Chavanes. Lorsque nos regards se sont croisés alors que j’errais après avoir été délogé par 2 pompiers « jugulaire-jugulaire », ainsi que d’autres pauvres hères, des marches où j’avais posé mon auguste cul - vu que B&D y z’aiment pas les sièges : ce sont des buveurs debout eux - pour boire un petit noir. Bref, ce cher homme dont j’ignorais alors, et le nom, et le prénom, a tout de suite perçu mon léger mouvement de recul face à la perspective de devoir affronter, non Jurrassic Park, mais l’épreuve d’une dégustation de vin du Jura. Je sais qu’en avouant cela j’aggrave mon cas.  

Face au péril deux stratégies possibles : aller au contact et jouer l’acte 2 scène 3 du dégustateur qui dit tout et son contraire – j’avoue que je sais faire eu égard à ma pratique des ors de la République – ou m’esbigner en prétextant la fatigue, l’envie d’aller faire la cour aux filles du Carrousel du Louvre ou tout autre prétexte vaseux... Si je n’adoptai ni l’une, ni l’autre c’est que François de Chavanes sut trouver les mots pour me convaincre d’avancer à découvert. Je ne les transcrirai pas ici car c’est lui qui subirait sans doute les foudres des susdits. Rassuré j’y suis allé de bon cœur et je ne l’ai pas regretté : de très beaux vins blancs, droit comme leur accoucheur, d’une fraîcheur extraordinaire, des blancs comme je les aime sans affèterie, ni lourdeur, ce doit être sans doute cela le Jura que je ne connais pas. Je le concède mon dossier jurassien est très lourd va falloir, maintenant que je suis accro des vins de François de Chavanes, que j’aille faire une virée du côté de Montigny les Arsures puisqu’il y a 6 chambres d’hôtes dans le beau château de Chavanes www.chateau-de-chavanes.com . J’ai donc goûté et apprécié 3 de ses vins, les blancs, avec une mention particulière pour le dernier qui porte allégrement sa dénomination de Grande Réserve :

-         le Chardonnay 2007

-         le Savagnin 2006

-         la Grande Réserve Blanc 2006 ;

Pour faire court, car je suis toujours trop long disons que François de Chavanes y fait pas comme tout le monde avec ses vins dans son beau Jura et c’est sans doute pour ça que j’ai pu leur déclarer ma flamme, à deux pas de la Pyramide de Pei puits de lumière et de minéralité. L’homme est avenant, sympathique car sans détours, il va droit au but, ses vins, et ce n’est pas une image de style, lui ressemblent. Donc, selon la formule consacrée « qui m’aime me suive » vous pouvez vous aussi vous laissez aller à aimer ses vins, ils vous le rendront bien. Dernière notation, mais elle est d’importance, le vignoble du château de Chavanes, est un vignoble de reconquête sur des prairies naturelles post-phylloxériques, donc indemnes de toute forme de chimie, je dirais naturellement bio.  

Pour ceux qui n’auraient pas le temps d’aller sur le site du Château de Chavanes je  vous livre le copié-collé de la page d’accueil.

 

Hier,

Aujourd’hui ……
Faire le choix au début du XXI ° siècle de reconstituer l’ancien domaine viticole des Boutechoux de Chavanes, décimé au XIX° par le phylloxéra relevait du pari.

Un pari, peut-être, si les différentes parcelles de ce patrimoine, 5 hectares environ, n’avaient pas été parmi les meilleures terres de Montigny, et que devenues des pâtures ou laissées en friche, elles aient ainsi échappé aux conséquences désastreuses de la culture intensive de la vigne, liées à l’emploi des désherbants, engrais et  traitements chimiques.
Un pari, plutôt un choix me permettant le retour à
un travail artisanal, petites surfaces, petits rendements
(35 hectolitres à l’hectare), travail mécanique des sols éliminant tout désherbant chimique.
Chacune des parcelles du domaine, bénéficiant de sols
aux expositions différentes, «  Le Clos », « La Barby », « Sauvagny » et « Changoin », est vinifiée indépendamment, selon les techniques actuelles de vinification : suivi œnologique en laboratoire, matériel de cave ultra moderne, fermentation sans levurage, élevage
de dix-huit à vingt quatre mois en fûts pour que
s’expriment pleinement le terroir et le millésime.

François de Chavanes

 

 

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commentaires

O
<br /> Ce ne sont pas les yeux, mais le cœur que j'aurais eu gros, si tu n'avais finalement succombé aux charmes jurassiques, qui ne se révèlent bien souvent que lorsque l'on va les chercher. Un peu comme<br /> ceux des vins vendéens, pas les plus faciles à vendre mais pourtant diablement séducteurs dans des mains expertes, lorsque l'on a envie de se laisser aller à la découverte.<br /> <br /> <br />
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