Certains clients d’un établissement du Triangle d’Or, au dessert, lui demandaient si elle était « incluse dans la carte » une cheffe de rang expérimentée de 28 ans, licenciée abusivement, son employeur sera condamné pour le préjudice lié au harcèlement sexuel, coucher avec elle pour enterrer sa vie de fille avant son mariage, « avec ta grosse poitrine, ton copain doit se régaler », après 8 ans de procédure. L’employeur ne fera pas appel.
S, pâtissière, 23 ans, chaque jour son chef, à la mise en place fait le tour de la brigade « distribuant conseils, compliments ou reproches. Il aimait aussi corriger la tenue, celle de S notamment. Renouer lui-même un tablier enserrant la taille, vérifier un boutonnage, parfois un soi-disant faux-pli. Inutile de résister, de se récrier sous peine d’être rétrogradée, disgraciée, chassée. Jour après jour, affirmant son pouvoir sur sa jeune recrue, le mentor se fait bourreau. Gestes déplacés, mots exagérés… »
Et après, silence, solitude, voire le dédain… Se confier pour se voir conseiller de se taire… « En parler au chef star ? La tête dans les étoiles, loin des casseroles, il préfère répondre aux interviews, de signer de son nom des produits dérivés plutôt que des plats » Faut pas l’embêter avec ce genre de broutilles.
Ces témoignages sont dans un article de Frédéric Brun « arrière-cuisine Droit de cuissage » dans le dernier n° de 180°C.
« Une enquête de l’IFOP réalisée en janvier 2014 pour le compte du Défenseur des droits a mesuré que, si 1 femme active sur 5 a dû faire face en France, au cours de sa vie professionnelle à une situation de harcèlement sexuel, seulement 5% des cas ont été portés à la connaissance de la justice. Les victimes sont le plus souvent des femmes, jeunes célibataires dans une situation précaire ou cadres et professions libérales exerçant dans des structures de taille réduite et, en particulier dans des environnements professionnels majoritairement composés d’hommes…
Toute ressemblance avec l’univers de la cuisine ne serait donc pas tout à fait fortuite… »
À lire donc dans ce numéro