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13 mars 2014 4 13 /03 /mars /2014 00:09

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GNB est un obsédé de la peau… de la peau des raisins blancs bien sûr… mais aussi de toute peau qui se mange seule ou avec d’autres comme nous questionnait le curé à confesse à propos de l’acte de chair.


Ainsi vous comprendrez mieux le poids de son exhorte dans la préface de l’opus co-écrit avec Aurélie Portier La peau  dix façons de la préparer aux éditions de l’Épure : « Oser cuisiner toutes les peaux ! »


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Cuisiner les peaux encore un truc de bobos ! Va-t-on lui rétorquer dans les salons des bourgeois tout court du VIIe arrondissement.


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Ouais, ouais, pas tout à fait faux, mais le Guillaume, grand érecteur de la saucisse au couteau de Chevassieux link qu’a réponse à tout, leur cloue sitôt le bec avec l’argument qui tue « Oser cuisiner toutes les peaux, c’est rompre la monotonie des produits de l’industrie agroalimentaire avec son cortège de produits aseptisés et son prêt-à-manger ! […] Pour sortir des autoroutes du goût, la condition sine qua non est de cuisiner la peau rien que la peau. À ne pas confondre avec l’épluchure, l’écorce ou le zeste… »


Bon, bon, allez, ne chicanons pas, tous aux fourneaux pour vous colleter la préparation des fameuses peaux de bananes (pas celles bien sûr que se glissent gentiment par mots interposés les blogueurs qui s’adorent) C'est la recette 10 Muffins à la peau de banane.


À propos de peau, sans vouloir faire le ramenard, je n’ai pas attendu le Guillaume et sa charmante compagne pour me délecter de la peau dorée du poulet (recette 6 bonbons de peau de poulet) cuite sans une once de matière grasse bien sûr. Chaude ou froide, la peau des poulets de grains de mémé Marie c’était une vraie gourmandise, craquante…


En revanche j’ai toujours détesté, contrairement à ma grande sœur, la peau du lait (recette 8 petits pains à la peau de lait) ça m’asirait. En revanche, j’étais et je suis toujours capable de m’enfourner une belle tartine de pain chaud recouverte de crème crue.


Nos deux peaussiers, qui tiennent beaucoup à notre bonne santé, nous avertissent « pour exécuter cet entrechat culinaire, la peau ne doit surtout pas avoir subi d’opérations de chirurgie esthétique. Les fruits très lisses, trop brillants, sans aspérité sont à bannir car les produits chimiques de synthèse se concentrent dans leur peau. N’oublions pas qu’elle est un organe vivant et la première barrière contre les agressions. Le choix de matières premières d’origine biologique s’impose donc. Et pour qu’elles donnent le meilleur de leur potentiel aromatique, cela va s’en dire : il faut respecter les saisons. »


Le bon peuple naturiste n’en attendait pas mon moins de son guide suprême mais, toujours sans faire le moins du monde le ramenard, je me permets de faire de lui faire remarquer que le bio n’est pas forcément un exhausteur d’arômes, ni même la saison, c’est le temps qu’on a laissé à la plante, au fruit, à l’animal pour atteindre sa maturité. La nature quoi dans toute son expression et sa vérité, pommes ridées, navets tavelés et poulets potelés !


Bon public j’ai donc parcouru l’opus de nos jeunes peaussiers qui sont sans cesse en train de voyager et je me suis dit, dans ma petite Ford d’intérieur, « Tout ça est bel et beau mais, très franchement, je ne me vois pas me mettre au piano pour cuisiner des peaux et que j’étais en droit d’attendre du peaussier déluré GNB qu’il passât à l’acte. En effet, c’est bien beau d’aligner des mots sur les peaux mais rien ne vaut le geste du altier du cuisinier penché sur ses fourneaux et que jamais je n’ai goûté sa tortore alors que lui ainsi que toutes les Tronches de Vin ou presque savent combien on s’en met plein la lampe chez le Taulier. »


Nous disions, sur la cour de l’école, lorsque nous jouions au drapeau, « chacun pour sa peau » en clair ça signifiait que nous ne pouvions compter que sur nous-mêmes. Alors, dans la grande empoignade entre les naturistes et les anti-naturistes GNB est, sans aucun doute, celui qui défend mieux leur peau. Lui seul est capable, avec une foi qui ne saurait être qualifiée de mauvaise, de faire mieux que défendre ses liquides étranges qui ici sont oranges.


Sa passion, son culte de la peau ne pouvait que déboucher sur une balade dans la galaxie des vins de macération. Ceux pour lesquels le vigneron « laisse la peau des raisins en contact avec le moût bien plus longtemps que d’ordinaire ;  cela va d’une dizaine de jours à quelques années, contre un ou deux jours en moyenne pour les blancs classiques » nous précise-t-il dans sa préface.


Donc, très naturellement, chaque recette de peau de zébi est accompagnée d’un de ses vins orange dont raffole GNB. Y’a même un vin d’Ivo, l’homme qui séquestre mon couteau, c’est un blanc 2012 issu de la macération de cépages blancs entre 10 et 15 jours. Quand notre peaussier en chef nous concoctera un mouhalabier parfum peau d’avocat (recette 3) j’espère qu’il nous portera aussi les quilles d’Escarpolette Ivo.

 

« Le blanc de l'Escarpolette ! C'est la première année que j'en fais. Bien sûr, je le trouve bien bon mais surtout ce sont les premières parcelles que j'ai récoltées cette année, une récolte mémorable...  C'est un assemblage de muscat et de maccabeu qui subit une macération jusqu’à la fin des sucres, un peu comme en rouge. Du coup, on a un nez très, très exotique avec une bouche fraiche et tranchante. Le contraste surprend et j'aime ça ! »


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Désolé Aurélie de n’avoir causé que de GNB mais, comme il est un chouïa macho ça flattera son ego qui a bien du mal à dépasser la taille du mien. Pour vous le prouver je vais étaler ma culture comme de la confiture en me mettant dans la Peau de Curzio Malaparte, l’homme aux cent vies militant ambiguë des causes opposées, improbable mélange d’aventurier, d’affabulateur, de courtisan, de provocateur, de dandy, de diplomate guerrier, de Don Juan.


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Curzio Malaparte est un écrivain majeur, toujours lu mais un peu oublié. Les putes de Naples avec, sur le sexe, des perruques blondes pour aguicher les GI’s noirs, c’est en 1943, où correspondant de guerre et officier de liaison auprès des Alliés, il se trouve à Naples avec les troupes américaines venues libérer le pays. Malaparte avait le sens de l’image dans ses reportages comme dans ses romans, tels Kaputt (1944) ou la Peau (1946), ses deux œuvres les plus célèbres.


Dans la Peau Malaparte  entreprend une tragique odyssée à travers d’une Italie en ruine, livrée à la misère, au chaos, soumise aux plus viles exactions. Comme un écho au tumulte des hommes, le Vésuve entre en éruption, les animaux meurent au supplice, la terre se déchire. « De page en page, la complexité de ces destins happés par la brutalité de l'Histoire se déploie sous l'œil de l'auteur, intransigeant jusqu'à l'écœurement avec la cruauté des faits. Et c'est là la force de son récit : outre la beauté de son style, c'est sa capacité à s'indigner et à indigner le monde qui demeure remarquable. »


La Peau se clôt sur une phrase sibylline: «C'est une honte de gagner la guerre.» Mais le livre montre surtout combien il est honteux de la perdre. L'Italie des années 43-45 est une terre ravagée par la mort, la misère et l'humiliation.

 

)

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commentaires

P
<br /> Manque de pot, je souffre d'allergie et rien qu'a lire les louanges et les éloges de la ou des peaux j'en ai la chaire de poule ( curieux non de parler de chair pour décrire un phénomène purement<br /> dermique ) Ma sensibilité étant à fleur de peau, je fuis  cris sauve qui peau et sauve ma peau. Pour la suite du commentaire ce sera donc peau de balle.<br /> <br /> <br /> La seule peau qui pourrait trouver grace  c'est celle d'"ASTERIX chez les Hélvètes" ou l'on évoque la confiture d'épluchures ( peaux ?) de saucissons<br /> <br /> <br /> Pour Curzio MALAPARTE on peut lire "Le compagnon de voyage" Quai Voltaire éditeur,court récit étonnant et plein de charme qui change des pavés habituel et, pour moi quelque peu<br /> indigestes.<br />
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L
<br /> Le vrai canard laqué, façon Pékin, ne consistait-il pas, chez les riches , à ne manger que la peau caramélisée ? Et les grands romanciers français, du 19ème siècle notamment, ne<br /> nous disent-ils pas que les fils de bourgeois se déniaisaient en allant se farcir une vieille peau parmi les amies de leur maman ? <br />
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R
<br /> Et pour vous mettre en appétit, lisez cette ode à la peau de saucisson de Marie Rouanet dans son "Petit traité romanesque de cuisine" que j'ai publiée sur mon blog à propos de "L'Amicale du Gras"<br /> (lien : http://www.toutnestquelitresetratures.com/article-l-amicale-du-gras-la-bonne-chair-et-la-ripaille-sans-gene-sans-peur-et-sans-reproche-122616333.html) : "C’est à travers la peau de<br /> saucisson, de la saucisse et du boudin, que je me découvris amateur de tripes. J’étais encore une enfant. Ce fut d’abord une délectation solitaire, vaguement honteuse. Je crus longtemps qu’en<br /> mâchant en cachette la peau du saucisson jusqu’à ce qu’elle eût livré tout son goût celui-là même des pièces à demi obscures où l’on gardait les salaisons, où se mêlent le poivre, le laurier, une<br /> moisissure noble et la saumure et qu’elle fût devenue blanchâtre et insipide, bonne à cracher dans le ruisseau, ce que je faisais avant de revenir au jeu de balle ou d’osselets avec ce goût entre<br /> les lèvres, je crus longtemps que je commettais une action indécente. Des tranches de boudin, frites à la poêle, je gardais la tripe pour la fin. Cette peau craquante et grasse était le meilleur<br /> de la rondelle et je le pense encore aujourd’hui. Parfois j’arrivais à dérober les peaux croustillantes que les autres dédaignaient". - Et, bien sûr, bon appétit et... large soif !<br />
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