Et oui, au XIXème siècle les prénoms Jacques, Gilles et Guillaume désignaient le « simple d'esprit » ou le benêt du village. Bien avant, les nobles nommaient leurs paysans, leurs vilains des « Jacques » ce qui fit désigner sous le nom de Jacquerie le soulèvement des paysans français contre leurs seigneurs en 1358. Le mépris de la haute société puis du bourgeois des villes pour les bouseux, les péquenots, les ploucs firent que les jeunes des années 60 n’eurent de cesse de se débarrasser beau mot paysan pour revendiquer l’appellation d’agriculteur : va pour les jeunes agriculteurs. Et puis, le productivisme perdant des couleurs pour laisser la place au vert tendre voilà que notre « Jacques Bonhomme » redevient le chouchou, surtout s’il est petit, des bobos des villes qui rêvent d’être des bobos des champs. Reste, cerise sur le gâteau l’expression « faire le Jacques » datée de 1880 qui signifie toujours, même si elle est peu usitée, « faire l’idiot, faire le con » et qui, je suis prêt à en convenir avec mes détracteurs, me va comme un gant sur cet espace de liberté.
Comme nous sommes dimanche, pour la St Jacques, je vous offre l’un des meilleurs albums du rock 'n' roll des années 70. Cosmo's Factory le quartette le plus roots du rock américain. Du rock brut millimétré, cocktail génial de tubes et de standards du patrimoine rock. Le tout enveloppé dans une pochette absolument « à chier » décor improbable d’un entrepôt de Berkeley, moquette rouge vermillon, fuseau moule-burnes assorti à la moquette du batteur Doug « Cosmo » Clifford juché sur son vélo de course, Marcel caca d’oie et grôles « Vieux Campeur » aux pieds, l’archétype du baba américain, ça vaut son pesant d’art nouille.
« Creedence, en 1969 et 70, est une impressionnante usine à tubes, à albums et à tournées. Sans doute le plus grand groupe de rock de ces deux années-là, succédant souvent aux Beatles dans les référendums des lecteurs, faisant la nique aux Stones et à Led Zep. Mais qui s'en souvient aujourd'hui ? Car leur musique regardait déjà en arrière, vers la source, c'est-à-dire la marmite des musiques venues du deep South : blues, country, rhythm and blues et rockabilly. A l'époque, c'était la matrice du rock qu'on appelle aujourd'hui « classique ». John Fogerty, homme à tout faire de Creedence, composait comme un Dieu (« Lookin' Out My Back Door », « Proud Mary »), jouait de la guitare avec une énergie et un son incroyable (l'intro de « Up Around The Bend »), chantait d'une voix qui n'avait rien à envier à Little Richard (« Travelin' Band »). Des mélodies simples, directes, avec un son qui évoquait le bayou de Louisiane et les studios Sun de Memphis mais made in San Francisco Bay. »
Rien que pour vous une vidéo et l'intégrale de l'album Cosmo's Factory :
1- Ramble tamble
2- Before you accuse me
3- Travelin'Band
4- Ooby Dooby
5 - Lookin'out my back door
6- Run through the jungle
7- Up around the bend
8- My baby left me
9- Who'll stop the rain
10- Heard it through the grapevine
11 - Long as I can see the light