La non-possession d’une étrange lucarne, un téléviseur, chez beaucoup de soixante-huitard non révisés et autres archéos, constituait un acte fort de résistance à l’abêtissement des masses, une affirmation claire de leur non beaufitude et bien sûr la marque indélébile de leur supériorité intellectuelle.
Ce refus, cette exclusion, m’a toujours paru étrange car c’est faire porter une responsabilité à un objet. Bien évidemment je ne conteste en rien le fait de ne pas vouloir posséder un téléviseur mais je m’étonne de la stigmatisation dont un objet inanimé ferait l’objet. La bouteille ne fait pas l’ivrogne et un récepteur télé, tout comme la radio ne porte aucune responsabilité dans une quelconque addiction à des émissions à la con.
On est libre Max !
L’irruption du Net dans le paysage a, dans un premier temps, provoqué à la fois une défiance de la part des gens de ma génération « c’est de l’informatique, donc je ne sais pas m’en servir… » et une forme de condescendance car nos enfants, eux, s’en étaient emparé et s’y mouvaient comme des poissons dans l’eau « la toile c’était pour les jeunes, leurs téléchargements, leurs jeux…etc.
Mais le sommet de l’incompréhension fut atteint de la part de mes collègues et de mon environnement en général, lorsque j’ai ouvert mon blog en mai 2005. Qu’allais-je faire dans cette galère de pré-pubères ?
Ma réponse invariable : m’exprimer, dire ce que j’ai envie de dire, créer un espace de liberté se heurtait à une réponse invariable : mais qui va te lire ? Ta belle-mère
Je n’ai jamais été et ne suis pas devenu un geek, le cambouis, ce qu’il y a derrière ne m’intéresse pas et, écrire une puis deux chroniques par jour ne relève d’aucune addiction particulière. C’est d’autant plus vrai que le vin n’occupe qu’une place relativement peu importante dans ma vie.
Le Net n’est qu’un outil, qu’une autoroute qui permet de toucher le monde entier même si la barrière de la langue limite la chalandise. Comme pour tous les outils le Net est neutre c’est ce que l’on en fait qui compte, seul l’usage est un marqueur. Qu’il y ait le pire comme le meilleur ou le vide de la pensée sur les blogs n’est pas à porter au débit du Net mais à celui de ceux qui écrivent et aussi à ceux qui les lisent.
Et puis sont venus les fameux réseaux sociaux : Face de Bouc puis Twitter, l’abomination de la désolation disent certains.
Là encore, se positionner sur FB ou s’abonner à Twitter ne créé aucune obligation de s’épancher, de raconter n’importe quoi, d’insulter, de raconter sa vie…
Pour ma part je me suis porté très vite sur FB car j’y ai vu un nouveau canal de diffusion pour mon blog. Bonne pioche, j’ai pu ainsi toucher un nouveau lectorat. Être sur FB ne créé aucune espèce d’obligation à participer à ces étranges échanges entre « amis » à propos de sujets qui font le buzz. Je laisse ça aux addict et je vire de ma liste d’amis tous ceux qui n’ont que le fiel à la plume. C’est simple. C’est clair.
Pour Twitter j’ai eu beaucoup moins d’appétence car y règne plus encore que sur Face de Bouc le bal des egos et surtout parce que c’est aussi un attrape gogos. J’y suis allé sur le tard lorsque je me suis aperçu que c’était un fil d’informations mondiales simple, pratique et gratuit link et pour le chroniqueur que je suis c’est du pain béni.
Mon père m’a légué le virus de l’information. À la maison, à l’heure des infos à la radio c’était grand silence et la lecture du journal, pas les chiens écrasés et les décès, relevait de l’acte premier de la citoyenneté.
J’ai toujours aimé glaner l’info mais je ne m’étais jamais imaginé qu’elle serait pour moi un jour un matériau pour une modeste entreprise installée sur le Net. Je joins maintenant l'utile à l'agréable.
Enfin, dans toute ma vie professionnelle j’ai appliqué une règle simple : mieux vaut être dedans qu’au dehors, ça présente parfois le risque de se salir, de se compromettre dirons les bonnes âmes, mais ça permet aussi d’être en prise directe avec la vie que l’on vit. Les gens qui mettent trop de distance avec leur sujet en arrivent à n’être que des correspondants de guerre installés au bar du Hilton pour écrire leur papier.
Je me lève avec la matinale de France Inter.
Il m’arrive, de plus en plus rarement, de visionner à la volée les Infos sur I. Télé.
Je consulte Face de Bouc lorsque des lecteurs like ou commentent la chronique du jour.
Du côté de Twitter je suis le fil de mes informateurs.
C’est peu chronophage ça me laisse le temps de lire la presse, des livres, des magazines, des publications diverses… d’écrire mes petites chroniques et bien sûr de jeter un œil sur le lait et de vivre ma vie de retraité.
La suite de cette chronique demain, elle vous surprendra !