Comment soigner les êtres vivants contre les maladies ?
« Chaque créature vivante doit être considérée comme un microcosme – un petit univers, constitué d’une multitude d’organismes qui se reproduisent, inimaginablement petits, et aussi nombreux que les étoiles dans le ciel. » écrivait Charles Darwin.
« Nous sommes tous, au-delà de nos différences superficielles […] un paysage pointilliste composé de minuscules êtres vivants, poursuivait la biologiste Lynn Margulis plus d’un siècle plus tard, quand se révéla le degré de parenté jusque-là insoupçonné, qui nous unit à l’ensemble du vivant.
Durant toute notre existence, nous portons en nous le sentiment de notre unicité, de notre irréductible individualité. Pourtant nous savons aussi que, comme l’ensemble des êtres vivants qui nous entourent, les oiseaux, les fleurs, les papillons, les arbres, les colonies de bactéries et les colonies de levures, nous sommes, chacun, composés de cellules : les plus petites entités vivantes, microscopiques, capables de puiser leurs ressources dans l’environnement et de se reproduire. Et chacun d’entre nous ne représente que l’une des innombrables variations que les cellules ont réalisées sur le thème de la diversité et de la complexité. »
Ainsi s’exprime Jean-Claude Ameisen dans l’introduction de son grand livre « La sculpture du vivant »
L’homme du XXIe siècle, les plantes qu’il cultive et les animaux qu’il a domestiqué sont maintenant soignés par une pharmacopée et une chimie intensive, brutale parfois. Tout, même la maladie, doit être sous contrôle, maté, éradiqué. C’est rassurant mais aussi inquiétant « La résistance aux antibiotiques est « une réalité », s'alarme par exemple l'OMS link
L’excès « Pour l'OMS, l'usage inapproprié des antimicrobiens est une des principales causes de résistance aux antibiotiques : dans les pays pauvres, les doses administrées sont trop faibles et, dans les pays riches, leur utilisation est au contraire excessive. L'organisme dénonce aussi le manque de surveillance de l'usage des antibiotiques chez les animaux destinés à la consommation. »
Je suis frappé dans les débats, ou le non-débat plutôt, sur l’utilisation intensive des pesticides dans la vigne, par notre incapacité à sortir de nos à priori, de nos idées reçues, notre ignorance aussi, nous régressons vers un obscurantisme bien plus profond que celui supposé du Moyen Age.
Revisiter le passé n’est pas un retour en arrière, une régression, mais une approche nourrie de l’expérience de nos excès, de nos erreurs, de nos succès aussi.
Moqueries par exemple sur les tisanes des vignerons pratiquant la biodynamie, alors profitant de l’actualité j’ai décidé de vous parler des herboristes.
« Tout le monde connaît la potion magique d'Astérix. Et c'est justement de Bretagne, terre des druides, que vient l'idée de ressusciter l'herboristerie. Le sénateur PS du Finistère, Jean-Luc Fichet, vient de déposer une proposition de loi visant à recréer le diplôme d'herboriste, supprimé par Pétain en 1941. « A l'époque, Vichy a considéré que les pharmaciens devaient seuls prendre le relais, que les remèdes de grand-mères étaient dangereux », commente l'élu breton. Seuls ceux qui étaient déjà herboristes pouvaient exercer jusqu'à leur mort. »
« Aujourd'hui, il en reste officiellement un ou deux, qui ont autour de 90 ans», remarque Clotilde Boisvert, ethnobotaniste et fondatrice de l'Ecole des plantes, où l'on transmet le savoir des plantes, mais sans que le diplôme ne soit validé par l'université.
En 1514, l’année précédant le célèbre 1515 et sa bataille de Marignan chère aux vieux moutards rois du par cœur qui récitaient les dates des batailles en chantant, Louis XII fera cette distinction révélatrice : « Qui est espicier n’est pas apothicaire et qui est apothicaire est épicier »
Voilà une formule qui chagrine plus encore le Michel-Edouard Leclerc qui est épicier mais voudrait faire l’apothicaire, le potard quoi !
Mais les potards bénéficient d’un numérus clausus qu’ils défendent becs et ongles même si leurs officines sont de véritables épiceries à parapharmacie.
« Tous les pharmaciens ont écrit herboristerie sur leur boutique. Mais ils ne sont pas plus herboristes que je suis pape ! Ils vendent des gélules ou des mélanges tout prêts dont ils ne connaissent même pas la composition. »
Les officines surfent sur la lourde tendance du retour à la nature. Les plantes médicinales, délaissées au XXe siècle pour les molécules de synthèse, retrouvent aujourd'hui les faveurs du grand public. Échaudés par des affaires mettant en cause des médicaments (Mediator, Diane 35), la moitié des Français ont désormais recours à la phytothérapie pour se soigner. Et le commerce des plantes médicinales augmente de 10 à 20 % chaque année en Europe (convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages). »
Le métier d'herboriste n'existe donc pas officiellement. Le diplôme et l'activité ont été supprimés en 1941, au profit des officines. Depuis, l'ordre des pharmaciens veille sur son monopole en attaquant systématiquement les contrevenants. Michel Pierre, gérant de l'Herboristerie du Palais royal à Paris, condamné à une amende avec sursis en 2013, ou l'Herboristerie Cailleau de Chemillé (Maine-et-Loire), fermée par l'Affssaps en 2011, en ont fait les frais. »
« La plante concentre une multitude de principes actifs, et il est difficile de déterminer lequel est à l'origine de l'effet sur l'organisme, surtout sans étude clinique. « Pour certaines plantes, il est très probable que ce soit l'ensemble des molécules qui soit responsable de l'effet, comme l'artichaut », explique Julie Subirana, médecin, diplômée en phytothérapie.
C'est l' « effet totum », souvent vanté par les herboristes. « Nos préparations ne changent pas la nature de la plante : pas de modification de la composition, de la concentration de telle ou telle molécule particulière, pas de dosage scientifique de principe actif. C'est d'ailleurs ce qui distingue une préparation herboristique d'une préparation pharmaceutique », soutient Thierry Thévenin, porte-parole du Syndicat des simples, qui regroupe une centaine de producteurs de plantes médicinales en France.
« La tisane a l'avantage de libérer un maximum de principes actifs qui passent immédiatement dans l'eau et qui sont rapidement diffusés dans l'organisme », renchérit Michel Pierre.
Tisanes, crèmes, huiles de massage..., depuis une dizaine d'années les remèdes de grand-mère ont le vent en poupe. Face à une demande de plus en plus forte du public pour des "soins plus naturels", la quinzaine d'herboristeries recensées en France ont du mal à se faire une place officielle aux côtés des 22 000 pharmacies. Souvent inclassables, héritiers d'une image médiévale de "sorciers" manipulant des plantes de manière artisanale, les herboristes sont au carrefour de la pharmacie, de la botanique, de l'agriculture, de la médecine et de l'anthropologie. A quoi l'herboristerie sert-elle ? Ses remèdes sont-ils efficaces ?
Qu'en dit la science ?