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9 septembre 2010 4 09 /09 /septembre /2010 10:00

« La face cachée du vin » de Baraou&Septime, que je n’ai ni acheté, ni lu, mais que l’ami Stéphane Derenoncourt va m’offrir après lecture, agite le petit marigot de la Toile depuis que le Tambour Major, dit aussi Tonton Clarinette, alias Périco Légasse lui a apporté sa caution, j’écrirais même son onction extrême – Olif aussi d’ailleurs. Comme je suis à la fois un chroniqueur en cave particulière, ici, et chroniqueur coopérateur sur les 5 du Vin – où je suis comme un cheveu sur le crane de Yul Brunner en compagnie de gars qui savent de quoi y causent – j’ai commis un patchwork de l’affaire lundi dernier dans notre chais collectif. http://www.les5duvin.com/article-perico-legasse-quel-imbecile-ceux-qui-boivent-du-puzelat-comprendront-la-profondeur-de-sa-betise-56574833.html

 

Pas sûr qu’après avoir lu le bouquin de Baraou&Septime je chronique dessus. Pourquoi donc ?


Déjà le titre à un petit goût de « La Face cachée du Monde » de Péan ce qui voudrait donc dire que Baraou&Septime se glissent dans la peau de spécialistes de l’investigation pour lever le voile sur des comportements, des pratiques que l’on cache au grand public. Des faits concrets, des enquêtes approfondies, des révélations, pour étayer ce qui, qu’ils le veuillent ou non, revient à dire qu’il y a une face présentable du monde du vin et une qui, si vous me permettez l’expression, n’a pas les fesses propres. Convenez que ça n’est pas rien ! Les extraits que j’ai lus sur le site « les Picrates » de Facebook me troublent car le propos se rapproche plus du  « côté obscur de la force »d’Anakin Skywalker de Star Wars que du journalisme d’investigation. Et c’est là de PM Doutrelant avec « Les Bons Vins et les autres » remonte à la surface de ma petite tête de chroniqueur sis en Corse depuis 3 semaines.


Ce matin je suis monté de bonne heure au Clos d’Alzeto.(chronique de 2008 http://www.berthomeau.com/article-22597044.html )  Le ciel était lourd d’orage. Avec Pascal Albertini nous sommes allés dans ses vignes, il les aime ses vignes perchées, il les bichonne, il en parle avec passion, elles sont belles, pas d’une beauté fabriquée mais de celle qui respire l’harmonie d’une sculpture façonnée de la main de l’homme. En trente années, du maquis improductif, à force de travail, de ténacité, d’intelligence, il a créé le Clos d’Alzeto. Et je me souvenais de ce qu’écrivait l’ami Jacques Dupont Merveilleux du Vignoble dans son livre « Choses Bues » « J’ai plutôt tendance à trouver ringards tous ceux qui n’ont du mot terroir qu’une définition naturaliste, comme si c’était le fruit d’une sorte de génération spontanée. Le terroir béni des dieux, créé de toute pièce par Dame Nature qui en aurait fait don aux hommes, me donne envie d’aller me coucher. C’est de la philosophie de syndicat d’initiative. » Alors de quel côté de la force placeriez-vous le Clos d’Alzeto, vous les messieurs qui vivez du vin, j’écrirais même sur le dos de ceux qui font le vin ? Sans doute est-il plus facile de vendre des mots que de faire du vin !


Je m’échauffe, pardonnez-moi. Que voulez-vous, je suis un peu vieux jeu, je ne peux me départir du respect du travail de ceux qui créent sans pour autant verser dans le tout le monde il est beau tout le monde il est gentil. Brosser le tableau d’un monde du vin en noir et blanc, en affirmant être en capacité de séparer le bon grain de l’ivraie, en s’arrogeant le pouvoir de dresser l’échelle du propre et du sale, relève de la posture et de l’imposture intellectuelle. Je ne sais si Baraou&Septime ont versé dans ce travers. J’espère que non ! Alors je reviens au bon côté de la force avec « Les bons vins et les autres » de Paul-Marie Doutrelant. Qui se souvient de PM Doutrelant ? Quelques-uns d’entre-nous sans doute qui l’ont connu journaliste au Monde puis au Nouvel-Observateur. Un bon vivant qui savait lever le coude tout en portant un regard plein d’empathie sur le monde du vin tout en gardant sa liberté de plume. Il ne se prenait pas le chou, il ne nous prenait le chou le Doutrelant, il s’adressait aux buveurs de vin, tout bêtement, tout simplement.


1976, une éternité, l’année de la démission fracassante de Jacques Chirac de son poste de 1ier Ministre, l’arrivée du Pr Barre, une décennie de basculement pour le vin national : déclin du vin de table, résistible envolée des AOC. Bien sûr, les écrits de Doutrelant ont pris quelques rides – cependant sur le Bordeaux par exemple ses pages sont une bonne contribution à la compréhension du phénomène AOC Bordeaux et Bordeaux Supérieur –  mais ce qui m’importe aujourd’hui, plus que le côté factuel, c’est son approche du monde du vin de ce temps. Décontractée, rigolarde, impertinente mais sans le côté vachard ou donneur de leçons. Bien sûr que le Doutrelant il en a des copains dans le vignoble mais dans son bouquin il ne leur passe pas les plats. Il n’est pas sectaire, il n’excommunie personne, dans sa liste de ses 500 bonnes adresses y’a des vignerons, des coopératives et même des négociants. Moi ça me plaît le côté carnet de route impertinent. De plus c’est bien écrit ce qui ne gâte rien je vous assure. Bien sûr, en bon Français qui regrette toujours le bon vieux temps il ne peut s’empêcher de s’exclamer « France ton vin fout le camp ! » mais il n’en geint pas pour autant et surtout ne tombe pas dans l’élitisme. Bien au contraire, il est avant tout – je le suis aussi – un franc buveur « La fréquentation des caves incline souvent au lyrisme ou à la piété. Elle nous inspire plutôt bonne humeur et irrévérence. La d’entendre chanter des cantiques au pied de l’idole enivrante, il nous est venu l’envie d’envoyer un coup de pied dans la termitière des poncifs et des pantalonnades. Sacrilège ? Non, quand le vin est bon, nous ne connaissons qu’une manière de lui faire nos dévotions, c’est lever le coude. »


Pour tout vous avouer, le monde du vin qui chante son produit comme étant le plus beau support de la convivialité, qui nous rabat les z’oreilles avec son nouveau dada : l’oenotourisme, s’affiche de plus en plus dans le pontifiant, le « chiant » avec ses débats de chapelles, ses tirades de petits marquis, ses fait pas ci, fait pas ça, t’es un ceci, t’es un cela, ses annonceurs d’apocalypse, ses fouteurs de trouille, me gonfle parfois un peu, beaucoup, passionnément... Tout pondeur de rapport que je fus, tout pondeur de chroniques que je suis, je n’ai jamais fait partie du cercle des initiés, je n’en serai jamais et jamais au grand jamais je ne commettrai un opus sur le vin. Que voulez-vous moi ce qui m’intéresse c’est « l’extension du domaine du vin » pas les petites querelles entre initiés, ou les débats dans une cabine téléphonique, ou le déballage de poncifs ou l’étalage de propos rances. Bien évidemment, je n’ai rien contre les taillages de costards ou autres joyeusetés mais toujours avec un zeste d’humour, de bonne humeur. Ne pas se prendre au sérieux n’empêche pas de traiter sérieusement les questions que l’on aborde. Moi je m’y colle tous les jours, avec plus ou moins de bonheur, mais quand il faut lancer le débat sur le dossier OGM de l’INRA de Colmar je ne suis pas aux abonnés absents.


Pour en revenir à feu Doutrelant, pour le charrier un peu post-mortem, quand il écrit « Et puis à parcourir le vignoble, l’envie nous a pris de rompre des lances avec l’école laxiste qui le dirige : ce gentil Institut National des Appellations d’Origine (INAO), ces énarques de troisième rang qui font les choux gras du Ministère de l’Agriculture... » il se trompe et je me gondole gentiment car il n’y a jamais eu, avant l’actuel Directeur, d’énarques, de quelque rang que ce fut, à l’INAO. C’était la chasse gardée des IGREF avec un épisode Alain Berger qui venait de l’INRA et Jean-Daniel Besnard qui venait de l’Office du Lait. En ce temps-là, je puis vous l’assurer le Directeur de l’INAO, ce brave Pierre Marquet, comptait pour du beurre (normal avec les choux gras) les vrais patrons de l’Institut étaient les professionnels : des présidents bien sûr. Les fonctionnaires haut ou bas ont le dos large mais bon passons.

Reste le Baraou&Septime, je le lirai et après vous verrez : mon silence, si silence il y a, en dira plus long qu’un long discours...

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commentaires

S
<br /> <br /> Un peu tardivement, je voudrai faire un petit commentaire sur ce thème.<br /> <br /> <br /> Même si je partage les 11 autres analyses de la décadence de certaines de nos AOC, aimablement posté par Jacques Sallé.<br /> <br /> <br /> J’ai souhaité revenir sur J. M. Doutrelant et ses crus de petite vertu, quand on fait le métier qu’il a choisi, on se doit d’un devoir de<br /> réserve, et on n’a pas le droit de jeter l’anathème sur 2 seules appellations sur les 474 A.O.C. que compte la France, chacun sachant bien que dans chaque appellation, le pire côtoie le<br /> meilleur.<br /> <br /> <br /> Ce Monsieur aurait été bien inspiré de suivre la voie de son confrère, Jean Ferniot qui a dit que : "La qualité, ça se mérite".<br /> <br /> <br /> Ensuite une petite remarque, l’appellation Villaudric, n’a existé qu’en VDQS avant 1975,  depuis c’est une mention pouvant être<br /> ajouté à Côtes du Frontonnais, cette mention est un gage de qualité supérieure. (Comme Corbières-Boutenac ou Anjou-Brissac).<br /> <br /> <br /> Monsieur Doutrelant n’a jamais du déguster du Château de la Colombière à Villaudric, dans les années 1980, du temps de Mr Chabanon et plus tard<br /> du baron De Driensen, ni de Château Caze, toujours à Villaudric. (La liste n’est pas exhaustive)<br /> <br /> <br /> C’était porter en petite estime le comité olympique français ayant choisi cette appellation comme vin officiel de la délégation olympique<br /> française à Melbourne en 1956.<br /> <br /> <br /> Pas plus qu’il na du dégusté en Rosé de Provence de vin de l’Abbaye de Saint Honorat, de Côtes de Provence-Sainte Victoire du terroir de Palette<br /> à Le Tholonet, et tout simplement de la Cave Coopérative  du  Luc ou de Saint Romain près du Muy, dans les Coteaux Varois. Peut-être n’avait-t-il bu que du<br /> Listel ?<br /> <br /> <br /> Je ne voudrai pas suivre la voie tracée par Mr Doutrelant, mais j’aurai toute une liste d’appellations qui à mon goût, n’ont pas de vertu du<br /> tout, mais dans chacune il y a un ou deux bons vignerons  pour me démentir, donc je m’abstiens d’en dénigrer aucune.<br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Pour en venir directement à la conclusion d'une déjà longue relecture du bouquin en question que je fais par ailleurs, "La face cachée du vin" n'est à mes yeux qu'une longue et très approximative<br /> introduction à une (petite) liste de vignerons sauveurs des vins français.<br /> Le genre de chose que l'on peut commettre après un soir de beuverie accoudé au zinc du quartier, avec quelques potes, en mettant en forme les lieux communs et autre sidées préconçues échangé<br /> après la deuième quille.<br /> Nul et non avenu.<br /> <br /> (quant à la remarque d'Iris sur les vins que j'aime et/ou propose : je ne vois toujours pas en quoi les vins que j'aime et/ou propose peuvent servir en quoi que ce soit à juger de la validité des<br /> arguments que j'emploie !)<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Merci pour ces précisions, pour ce "jeune homme" et pour votre humour partagé.<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Quelle drôle d'idée que de parler d'un livre que vous n'avez pas lu en parlant d'un autre livre, pour comme à votre habitude parler de vous ! <br /> <br /> <br /> Comme le dit Iris, les 12 raisons de l'ouvrage d'Outrelant retranscrites par Jacques Sallé rappellent quelques propos du livre la face caché du vin.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Hé oui jeune homme je parle de moi comme d'habitude : normal qui le fera à ma place si je ne le fait pas... Plus sérieusement, si je fais allusion au livre de Baraou&Septime que je n'ai pas<br /> lu, sauf des extraits sur Facbook qui m'ont troublé, c'est qu'il y a une polémique et que j'avais envie de parler du livre de Doutrelant qui va bien au-delà des citations de Jacques Sallé mais<br /> qui surtout à une approche du monde du vin beaucoup plus amicale, même lorsqu'il a la dent dure, en clair je suis comme Iris, que vous avez lu en diagonale selon votre habitude, j'attends de le<br /> lire mais je me pose la question : à qui profite la critique. Enfin, dans cette affaire, et là aussi vous en savez quelque chose, il est plus facile de vendre des mots que du vin. Doutrelant SVP<br /> pas d'Outrelant qui bien évidemment aborde le même sujet que les 2, c'est pour cela que je leur ai conseillé de le lire, mais sans caricature, avec humour...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
I
<br /> <br /> Pareil pour moi, le bon vin et les autres est dans ma bibliothèque depuis des lustres! Et merci à Monsieur Sallé, d'en avoir cité les phrases essentielles de sa critique - qui ne semblent quand<br /> même pas si loin de ce qui est épinglé dans l'artcice d'un collègue caviste de Monsieur Baraou sur facebook, que vous avez lu - moi, j'attends deux choses, avant de me faire mon opinion: avoir lu<br /> le livre et avoir pu jeter un oeil sur la liste ds vins commercialisé par le caviste critiqueur, qui n'est pas visible sur son site Web - critiquer, ce n'est pas un crime, modifions donc la<br /> fameuse phrase, que j'aime toujours me poser en lisant des interventions polémiques: à qui profite la critique...<br /> <br /> <br /> <br />
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