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5 janvier 2014 7 05 /01 /janvier /2014 00:09

vin_carte_lorraine.jpg

 

Je lis.


« Décrocher l’AOC « crémant de Lorraine » ne lui changerait pas la vie, mais la lui simplifierait. « Même si le cahier des charges sera plus contraignant, la qualité restera identique. Mais cela nous permettra surtout de convaincre les sceptiques.


Coincées entre le numéro 1 mondial – le champagne – et le numéro 1 français des crémants – l’alsacien –, les bulles lorraines rêvent de se faire une place au soleil. Les viticulteurs de Moselle, du Toulois et de Meuse y travaillent. Car le terroir et le climat lorrains sont idéals. Particulièrement la fraîcheur, qui permet la maturité lente nécessaire à ce type de vins. La preuve : jusqu’à la création des Appellations d’origine contrôlée (AOC), la Lorraine a longtemps fourni en raisins les plus grandes maisons de champagne. »

 

C’est horrible ce que je lis.

 

J’en suis tout bouleversifié.

 

L’extension du domaine du crémant est en route : Alsace, Bourgogne, Loire, Limoux, Jura, Bordeaux, Die et Savoie… et sur la feuille de route 2014, du grand Jacques Gravegeal, le mousseux IGP d’Oc, « un marché en croissance, qu'il ne faut pas laisser aux Espagnols et aux Italiens ». Reste plus que les Provençaux s’y mettent avec un crémant rosé de derrière les fagots.


En France, on ne coince plus la bulle on se shoote à la bulle…


Moi ce que j’en dis c’est pour causer mais ça me rappelle l’histoire du Crémant de Limoux qui, pour naître dans les entrailles de l’INAO, devait juré, craché, se substituer à la vieille Blanquette jugée alors peu porteuse d’image. Les deux cohabitent.(j’ai gardé les papiers de l’INAO dans mes archives).


Pas de problème en notre beau pays nous aimons tant les belles étagères où il est facile de classer et d’empiler :


-        Le champagne tout au-dessus


-        Juste en-dessous les AOC effervescents dont les plus connues sont le saumur, le vouvray, le cerdon, le gaillac perlé et mousseux, le montlouis, le saint-perray, le touraine. Je ne sais pas  ce que va devenir le vin mousseux d’Ayze en Savoie. Y’a aussi le vin de Seyssel mousseux...


-        Juste à côté nos chers crémants qui prolifèrent comme une couvée de petits lapinaux…


-        Les nouveaux arrivants avec les futurs mousseux IGP du grand Jacques qui vont faire des petits : je vois bien un mousseux IGP de Gascogne par exemple ça ferait plaisir à l’ami André Dubosc grand admirateur du modèle champenois.


-        Tout en bas les VMQ avec les marques connues : Café de Paris, Charles Volner et Kriter qui a coûté 4 plaquettes au père Castel.


-        Reste enfin les nouveaux venus, inclassables, les pet’nat chers aux Tronches de vin. Ces fameux Vin de France honnis par le Grand Jacques, qui se vendent plus chers que ses chers protégés d’Oc.


Ne me dites pas que la maison des bulles française c’est l’auberge espagnole car dans celle-ci il est encore possible de retrouver ses petits…


Même si je dis une connerie, hormis les cuves closes des VMQ, la méthode traditionnelle est la règle de tous à quelques différences mineures près.


Je lis en effet.


« Que l'utilisation de la mention « méthode champenoise » soit abandonnée au profit de « méthode traditionnelle » afin d'éviter toute ambiguïté entre le Champagne et le Crémant.


Tous les raisins recueillis pour la production de Crémant sont ainsi issus de parcelles situées dans l'aire d'appellation. Pour respecter les méthodes d'élaboration dictées par l'INAO, le raisin se cueille et se transporte avec un soin extrême. Récoltées manuellement et acheminées dans des bacs perforés jusqu'aux chais, les baies sont alors pressées délicatement en plusieurs fois pour offrir un choix de qualité, dans la limite de 150 kg de vendanges pour 100 L de jus. Les jus minutieusement sélectionnés donnent alors naissance à un assemblage savant, pour une première fermentation. Cette fermentation alcoolique a lieu durant trois semaines à basse température. Aussitôt finie, un premier soutirage est effectué. La phase de stabilisation du vin commence alors pour atteindre une limpidité parfaite. On parle alors de « vin de base ». Pour obtenir un Blanc de noirs, le Pinot noir est pressé aussitôt et la couleur foncée de la pellicule de la baie n'est pas récupérée. Pour un Crémant rosé, le principe est le même mis à part qu'on extrait un tout petit peu de couleur ; le vin de base est alors légèrement saumoné. Il est obtenu par l'assemblage de plusieurs cépages, ce qui permet à chaque éleveur de typer son Crémant. Cette première étape est soumise à une dégustation d'agrément spécifique, effectuée par l'INAO afin de juger de l'aptitude du vin tranquille à devenir un vin effervescent.


 

Afin que la seconde fermentation (en bouteilles) se produise, une liqueur de sucre et des levures en activité (ferments) sont ajoutées au vin afin de provoquer la prise de mousse et obtenir la pression désirée. Les bouteilles séjournent ainsi sur lattes pendant neuf mois minimum. Le vieillissement sur lattes est le facteur qui influence le plus la qualité du produit. A la fin de cette période de vieillissement qui peut être encore plus longue pour certains millésimes, les bouteilles sont mises sur pointe sur des pupitres qui sont des planches perforées inclinées dont les axes de perforation se elèvent à chaque niveau. Cette opération qui dure de cinq à six semaines est longue et délicate. Elle consiste à remuer les bouteilles tous les jours de façon à les incliner progressivement sur leur pointe et les amener ainsi en position verticale afin que le dépôt de levures s'accumule dans le col de la bouteille. Cette opération se fait la plupart du temps manuellement chez les petits et moyens producteurs ; mais est réalisé mécaniquement grâce à des giropalettes dans les plus grosses structures.


 

 Le dépôt de levures sera éjecté avec le bouchon primaire de tirage, par dégorgement manuel ou par congélation partielle du goulot. Avant de reboucher les bouteilles, une liqueur d'expédition (liqueur de sucre de canne) peut être incorporée au vin effervescent. Certains producteurs ajoutent des liqueurs très sophistiquées ce qui leur confère leur formule particulière. La bouteille est ensuite fermée avec un bouchon en liège, et muselée. Un second contrôle par l'INAO permet l'accréditation au label de qualité et l'obtention de l'appellation « Crémant de ». L'étiquette peut alors être apposée et le Crémant dégusté.


On reconnaît donc bien tous les aspects de la méthode d'élaboration du champagne.

 

 Ces deux conditions étant réunies, la mention « Crémant » fût ainsi réservée aux VMQPRD (Vins Mousseux de Qualité Produits dans des Régions Déterminées) d'Appellation d'Origine, auxquels on associait le nom de la région en question. »


Ce qui est fait est fait, espérer changer quoi que ce soit  serait une illusion : droits acquis. En revanche, pour les nouveaux arrivants, qu’ils veuillent chaluter en AOP ou en IGP, peut-être serait-il bon de voir si, à partir de l’existant il ne serait pas plus opportun de valoriser les outils de production en place.


Pour parler plus clairement : la cave Sieur d’Arques est doté d’un tel outil et lui fournir un approvisionnement plus large permettrait sans aucun doute d’aller chasser sur le terrain du cava et du procecco avec des marques. L’IGP Oc n’est pas un modèle d’épicerie fine : le chiffre d'affaires généré par le marché du vrac (94 % de la production) a plus que doublé depuis 2000, passant de 195 millions d'euros à 415 millions d'euros. Au lieu de se la jouer modèle AOC, la maison du grand Jacques aurait là un beau modèle à jouer. Mais ça modifierait l’équilibre au sein du CA. Tout est là et tout est dit. La Chine oui, mais à mobylette.


Nous n’avons pas totalement épuisé le modèle AOC.  Usons-le jusqu’à la corde et ensuite nous nous étonnerons qu’il ne permet pas au vignoble français de tirer tous les avantages de son statut de vignoble généraliste. Nous pouvons tout faire à condition de bien le faire. C’est simple, mais la simplicité ne fait pas parti de notre génie national. Reste les espaces de liberté qui permettent de faire des pieds de nez aux chargés d’écriture qui règnent dans les zinzins à financement obligés. Je croyais les Français allergiques aux prélèvements obligatoires. Faut dire que dans le cas des vignerons ce sont des collègues à eux qui fabriquent le suppositoire.


« Mais on sent bien que le chemin qui mène à l’AOC s’annonce long et tortueux. » constate le vigneron mosellan partisan de l’AOC « crémant de Lorraine ».


Non comme le disait le génie du Poitou « la route est droite mais la pente est forte… » alors gardons la « positive attitude » face à la résistible extension du domaine des Crémants… À quand le crémant de Vendée ?


Dernier détail les 3 capitaines dont il est question dans mon titre existent bien, 1 femme et 2 hommes, lorrains ou apparentés :


-        L’une est blogueuse émérite dans un journal de référence ;


-        L’autre est blogueur et 100% naturiste ;


-        Le dernier fait de la télé sur le Woueb…

 

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commentaires

D
<br /> Bien entendu; desole de m'etre mal exprime: je voulais dire que ca existe en tant que vin, pas en tant qu'appellation, ce qui confirme qu'il n'y a pas besoin de l'AOP ni du mot Cremant pour ceux<br /> qui se lancent dans le vin effervescent.<br />
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D
<br /> Jacques, le Cremant de Vendee que tu presentes comme une boutade existe et est en fait un bel exemple en faveur de cette segmentation des marches que tu prones entre AOP et marques:<br /> l'hyper-actif Jeremie Mourat se met a faire de la bulle. C'est techniquement equivalent a un Champagne blanc de noir haut de gamme: meme technique d'elabortion, meme cepage.<br /> <br /> <br /> Il n'utilise aucune appellation et il n'en a pas besoin. Il est presente comme un "Blanc de Noir Extra-Brut" avec un nom de cuvee (11.22). Ca suffit au bonheur de Jeremie et de ses clients.<br /> <br /> <br /> Notons qu'il fait aussi un Pet' Nat' en rouge.<br /> <br /> <br /> Il y a une vie en dehors de l'AOP!<br />
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J
<br /> <br /> Désolé mon cher Denis le crémant de Vendée au sens de l'INAO n'existe pas et je m'en  réjouis quand au blanc de Noir extra-brut de Jérémie je l'ai reçu en avant-première en même temps que<br /> son Muscadet nature <br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> La lecture de cet article est à la fois jubilatoire et consternant. Tout est dit :<br /> <br /> <br /> -           dans la finalité (convaincre les clients… car il n’existe<br /> aucun autre moyens)<br /> <br /> <br /> -           dans la démarche entreprise (un chemin long et difficile…<br /> la jouissance perverse de l’INAO. Toute l’énergie mise à constituer les dossiers, tout l’argent investi, à combattre et le les fonctionnaires et surtout les « professionnels » des<br /> commissions seraient placés dans le commerce que tout irarit mieux)<br /> <br /> <br /> -          dans  les réactions (un Lorrain a le droit de boire du<br /> crémant lorrain… régionalisme, le but ultime de l’AOC. On est loin de l’idée de départ, qui était tout le contraire).<br /> <br /> <br /> Tout y est du modèle appellation. Mais votre commentaire achève le tout : effectivement, continuons à user le modèle jusqu’à la corde. Inefficace, poujadiste, passif, corporatiste. Sans<br /> ambition, quoi.<br /> <br /> <br /> D’un manière assez surprenant, l’INAO nous vend un gigot qui ne veut pas cuire (même en Bourgogne), mais tout le monde en veut un bout.<br /> <br /> <br /> Je ne comprends plus.<br />
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J
<br /> Bonjour Jacques,<br /> <br /> <br /> Pourquoi les Lorrains devraient obligatoirement boire un Crémant Alsacien ou Luxembourgeois ?<br /> <br /> <br /> L'autre projet, celui d'une AOP commune à la Lorraine, Luxembourg et Allemagne, qui se moque des frontières imposées par d'autre, devrait vous intéresser... et conduira de toute façon à<br /> l'émergence d'une bulle AOP.<br />
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R
<br /> Ouais, tout cela, c'est bien, je suis grosso modo d'accord, mais en revanche, à 3 h 25 du matin, les papiers du Taulier sont quand même un brin long à lire. Enfin, je suis arrivé au bout et je<br /> mérite le repos. Sans bulles, c'est-à-dire sans limonade...<br /> <br /> <br /> Large soif pour tous !<br />
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