Sur Face de Bouc on ne collectionne que des « amis » et on like, ce qui en idiome étasunien signifie : j’aime. Mais y’a like et like « derrière chaque « like » se dissimule une arrière-pensée plus ou moins consciente, une stratégie, un sourire, un rictus, une grimace, un clin d'œil. » Voici une petite typologie non exhaustive des « like ».link
Le « like » urticant
« Typiquement, le « like » de retour de soirée. Les bulles de champagne n'ont pas fini d'éclater de joie dans nos artères et on a hyper envie d'aimer le monde entier sauf qu'on est tout seul dans le canapé sous la lumière blafarde de l'ordinateur portable. Alors on « like » sans mesure le statut vaguement raciste du beau-frère, des photos de chiots, la nouvelle photo de profil du chef de service, on like comme on se gratte, pour soulager une démangeaison, on « aime » pour ne pas avoir à constater qu'on est seul dans le canapé. »
Le « like » pur
C'est le seul « like » sans arrière-pensée, un « like » pétri d'amour et d'eau fraîche, qui ne se démontre ni ne se justifie. Le « like » a ses raisons que la raison ne connaît pas.
Sur Face de Bouc je suis affligé de 2 graves défauts : je like peu mais je like fort et je vire des amis qui n’en sont pas ce qui ne se fait pas me dit-on. Je ne comprends pas pourquoi ceux qui m’exècrent ne me vire pas eux aussi, sans doute souhaitent-ils me surveiller.
Tout ça pour vous dire que dans le cadre de ma nouvelle politique « L’amour, on s’enlace » inspirée de Frédéric Dard, je vous propose une recette d’amour tirée d’un beau livre de Françoise Dax-Boyer aux éditions de l’Amandier link Les recettes d’amour.
J’ai choisi la première car elle est l’œuvre d’un grand poète méconnu : Jean Tardieu.
Le 31 décembre 2007 je lui avais rendu hommage avec « Rin de Rin »link Ne voyez là aucune malice c’est un beau poème La môme néant.
Les asperges tièdes de Monsieur Jean
Jean Tardieu évoquait souvent Manet,
Un de ses peintres préférés, et, comme lui, fin gourmet.
- Une asperge, son asperge
Vaut plus qu’une botte d’asperges
Disait-il en arrivant près des berges,
Quand il venait déjeuner Quai de la Rapée.
Je ne mange jamais la botte, je me sentirai berné ;
Je préfère botter en touche et la proposer !
Il me regardait plonger dans l’eau bouillante
Des asperges vertes ou crémeuses à bout violet,
Huit minutes à peine pour qu’elles soient croquantes
Et gardent saveur et tiédeur assurées.
Mais ce qu’il aimait par-dessus tout, c’est vrai,
C’était la mayonnaise maison qui les accompagnait.
Savamment tournée par une main inspirée,
Elle déclenchait chez lui des images délurées.
Il suivait ce geste cadencé et rythmé
Qui lui rappelait la prise de Mahon par les Français,
Sur l’île de Minorque ensoleillée.
- Faire monter la Mahonnaise, pardon la mayonnaise,
Est un dicton familier, se plaisait-il à répéter.
Ça prend ou ça ne prend pas, selon affinités !
Voir le poète déguster une à une les asperges
En buvant un verre de sancerre bien frais,
Écouter ses mots sui, à l’infini, gambergent,
Était un privilège du joli mois de mai.
* « Le collectionneur russe Charles Ephrussi avait commandé en 1880 à Édouard Manet une nature morte représentant une botte d'asperges, pour la somme de 800 francs. À la réception de l’œuvre, il lui en donne 1 000. Manet décide alors d'offrir un nouveau tableau, de plus petites dimensions, à son généreux commanditaire, qu'il lui envoie accompagné du billet suivant : « Il en manquait une à votre botte. »