À l’Assemblée Nationale, lorsque j’étais de permanence de nuit pour la Présidence, j’aimais bien sûr aller passer le temps à la buvette pour papoter avec celles et ceux qui y avaient accès : Ministres et collaborateurs, députés et assistants, et bien sûr des invités des uns et des autres. Mais ce que j’aimais par-dessus tout sur le chemin de la buvette c’était la batterie de télescripteurs qui, en permanence, dévidaient leur ruban de nouvelles du monde via les grandes agences de presse : Reuters, AFP, Associated Press… Au fur et à mesure du dévidement de la bécane, afin d’éviter l’entassement, les dépêches étaient découpées et pendues par les agents de l’AN en fonction de leur provenance, des thèmes. Ce qui me fascinait c’est que les plus grandes infos venues du monde entier comme les faits divers les plus banaux voisinaient sans hiérarchie. J’avais sous les yeux le fil du monde car partout des sourceurs, petites fourmis de l’information, captaient ce qui allait faire la trame des médias de toute nature. Il y avait, au contact de cette grosse machine cliquetante, une forme de lien matériel, charnel, entre l’émetteur et le récepteur d’information.
Les écrans du Net ont bouleversé, non la chaîne de l’info : il faut toujours une source et quelqu’un qui l’exploite, mais son fil qui devient flux instantané et change notre manière de la recevoir. Twitter auquel je suis abonné maintenant déverse sur mon écran des Twitter qui relaient des infos glanées sur la Toile. Pour l’heure j’observe. Ce que je constate c’est que beaucoup de messages ne présentent aucun intérêt, sont des encombrants, un petit ballet d’egos inoccupés ou en mal de reconnaissance. Ce qui est intéressant pour moi ce n’est pas le nombre de mes abonnés mais le nombre de mes abonnements. Là, dès que j’aurai un peu de temps je vais faire un tri, jeter à la poubelle les encombrants, et prospecter pour capter le fil d’émetteurs d’infos pertinents. Peu me chaut de savoir que tarte molle s’est brossé les dents à 8 h ou que duchmoll a photographié la Tour Eiffel au soleil couchant. En revanche pouvoir accéder en temps réel à des émetteurs d’infos de première main me fait redécouvrir les joies du télescripteur.
Face au flux de plus en plus rapide et volumique de l’info et comme notre capacité d’absorption est limitée si l’on ne veut pas se contenter d’effleurer, de lire en diagonale, de précéder tout le monde pour relayer ou retwitter l’info qui va faire du flux, choisir est vital. Ce qui me plaît dans Twitter c’est, non pas de ne me raccrocher qu’à la petite sphère du vin qui a tendance à se regarder le nombril, mais à celle des affaires du monde qui me passionnent. Vive Twitter, donc, grande agence d’infos sur le monde, qui va me permettre d’ouvrir plus grandes portes et fenêtres. La diffusion de mes petites chroniques via Twitter ne me semble pas l’essentiel car l’information d’un petit cercle sur mes goûts et mes couleurs d’ailleurs n’a qu’un intérêt limité et surtout ne génère aucun débat. Pour autant je ne porte aucun jugement de valeur sur la boulimie de certains, à chacun ses envies, ses besoins, mais de mon point de vue la facilité d’accès ne rime pas avec une quelconque addiction.
Concomitance, alors que cette chronique est déjà bouclée, sur mon écran apparaît un article de blog le Monde : Mali, Algérie : les comptes Twitter et sites d'information à suivre Notre sélection des sources fiables à suivre sur les réseaux sociaux, à propos de l'intervention militaire au Mali et de la prise d'otage à In Amenas link