« Une autre route » nous assène-t-on du côté de chez Pousson, seul porte-paroles autorisé de coopérative paysanne d’Embres&Castelmaure mais moi je sais que pour se rendre dans ce pays perdu il n’y en a qu’une route et même que y’a pas la place pour mettre en place une biroute dans le style plan routier breton du grand Charles.
Même si je sais que les hautes autorités de la coopé ont la tête près du bonnet (plutôt blanc pour le grand président PHDM) je suis en droit de m’interroger face à cette indéfinition : est-ce que la route indiquée c’est une parmi d’autres ou est-ce celle d’un alter-vin ?
Certes notre Pousson dans son style incomparable paysan -rural tente de nous orienter. Je le cite « Oui, la route continue, UNE AUTRE ROUTE continue. Apparemment, l’idée d’un vin « de luxe » sans bois vous a enchanté : ça fait d’ailleurs longtemps qu’il ne nous reste plus une bouteille du millésime 2010 d’Au village sans prétention. »
Y sont sortis du bois les gars, tout comme il y eu autrefois la route de la soie, celle du fer qui ne devait pas être coupées maintenant il y a celle du bois qui elle doit être barrée par les croisés de la divine coopé des Corbières.
Notre chantre continue son homélie missionnaire (aucune allusion à la position) « Voici le 2011, pardon, les 2011 ! Car nous vous l’avions promis (NDLR à E&C les promesses sont toujours tenues), cette cuvée n’était que le premier virage d’une autre route, de cette autre façon de concevoir le vin du Sud. »
Là, je crie halte au feu « Sortons de l’indéfinition hollandaise », avec les virages à répétition nous risquons de zigzaguer et de verser dans le fossé.
Bien sûr le chanoine Pousson se veut rassurant, il nous brosse dans le sens du bois, nous fait le coup du cran au-dessus, de la sélection au terroir. C’est du marketing pataugas pur jus. Comme c’est la mode de nos jours le père Pousson du haut de sa chaire nous énumère la litanie des cépages « Du carignan, parce qu’on est dans les Corbières, du grenache d’altitude et un tour de poivre de syrah… » Au nom de la tradition, contre l’impérialisme des vins de cépages, je revendique le droit de boire du Corbières et non une addition de cépages.
Je m’enflamme mais je dois à la vérité de noter qu’à E&C ils savent prendre les bons wagons même si la SNCF n’a pas cru bon de doter ce haut-lieu d’une gare comme celle de Latour-de-Carol. « En cave, la recette reste toujours la même : en faire le moins possible ! Les jus sont embouteillés dans leur prime jeunesse, au sortir de la cuve, puis élevés sur lattes. Résultat, du fruit, énormément de fruits et une incroyable disgestibilité. Des espèces de « grands vins de soif »… »
Je note avec regret l’emploi de « vin de luxe » et « grands vins de soif » : la coopé ne serait-elle pas en train de se saint et millionisée ?
Mais ce n’est pas tout mes biens chers frères, étant destinataire du routage client de la coopé que vois-je inscrit en toutes lettres sur la page 2 « Et puis il y a les classiques, les incontournables… »
Qu’est-ce à dire ?
Qu’Embres&Castelmaure soit incontournable c’est indubitable puisqu’il n’existe pas de rocade mais que sont donc ces classiques ?
Des Corbières Rouge élevage traditionnel : la Pompadour 2011, La Grande Cuvée 2011, le N°3 de Castelmaure 2011…
La route du bois n’est donc pas totalement coupée. La nurserie de la coopé dorlote toujours de beaux bébés dans des berceaux issus de nos belles forêts françaises.
Attention ne voyez pas dans ma remarque une quelconque critique : tous les goûts sont dans la nature et ce n’est pas moi qui vais vous dire comme élever le vin.
Mon propos matinal s’adresse essentiellement au grand maître de l’orientation le sieur Pousson : alors questions :
- « On the road again?... » ça se traduit comment en français, en català, en deutsch, en occitan ?
- Quelle est la marque de la camionnette qui roule encore sans contrôle technique ?
- Quel est le numéro du chemin vicinal reliant Embres&Castelmaure au reste du monde ?
- J’adore Charly Mingus mais… à part ça où sont passés les vins ?
- A quand « l’autre route » à sens unique ?
Je m’en tiens là avec cette chronique à ne pas piquer des vers – ne pas confondre avec piquer des verres au Grand Tasting de B&D – sinon je vais finir dans le goudron et les plumes lors de mon passage dans la cité des Hautes Corbières.