L’appellation « vigneron-paysan » accolée à son patronyme est du cru de la Rouletabille des GCC Isabelle Saporta dans son petit brulot VinoBusiness. Dans cette chronique je ne vais pas tirer le portrait de Dominique Techer, nous ne connaissons pas assez même si au travers de discussions passionnées sur le forum de Sève j’ai apprécié sa droiture et les raisons de son combat qu’il mène avec Claire Laval son épouse. Claire a pris en main le destin de Gombaude-Guillot en 1983, Dominique l’y a rejoint un peu plus tard.
Moi, qui suis un parigot tête de veau, je croise souvent au Lapin Blanc, le terrier des naturistes, Olivier Techer qui, sur Face de Bouc décline son pedigree ainsi Olivier Techer De Latécherie directeur artistique/agent de surface, à Château Gombaude-Guillot Pomerol link
C’est lui qui sur son compte Twitter a posté le 12 février la nouvelle « Pas de millésime 2013 pour Gombaude-Guillot, soyons lucide, le niveau espéré n'y est pas. Vivement 2014! #vin #bordeaux #pomerol ». En clair pas de premier vin le château Gombaude-Guillot en 2013.
« On ne peut pas produire la qualité que l’on désire cette année. Nos vins ont vocation à s’épanouir sur 20 ans, cette année la structure est trop légère. On ne veut pas prendre le risque de décevoir » explique Olivier Techer. Lire la suite ICI link
Le château s’étend sur 7 hectares pour élaborer entre 25 et 28.000 bouteilles par an. S’y ajoute le clos Plince, une propriété de 1 hectare 15, situé dans le secteur des sables de l’appellation.link
Dans l’opus de la grande copine d’Hubert, le Sarkozy du vignoble, Dominique Techer est cité à plusieurs reprises en contrepoint de la bonne conscience et de l’hypocrisie ambiante.
Page 103 « il y a ceux qui ne travaillent correctement leurs sols qu’aux abords immédiats du château et pour le reste de leurs parcelles, c’est banzaï. On sort l’artillerie lourde…. Ça leur permet de prendre de jolies photos et de faire une brochure réussie dans laquelle ils vantent leur attachement à l’écologie »
Page 235 « cette année, les viticulteurs vont crever, mais les vendeurs de peur vont se faire des couilles en or… Quand les vignerons vivent mal, le business des petits chimistes se porte à merveille »
En novembre 2012, à la suite la bénédiction des cloches d’Angélus par Mgr Ricard « devant un parterre de négociants et de journalistes forcément éblouis, dans une scénarisation tout à la fois bling-bling et grotesque, grandiose et ridicule, kitch assurément… » je lui avais donné la parole le 8 novembre 2012 dans une chronique « Après son envol dans les cieux de Saint-Emilion faut-il sonner les cloches de Mgr Ricard : François des Ligneris, Dominique Techer répondent… » link
Comme les voix du Seigneur sont toujours aussi impénétrables, et celles de ses serviteurs simples mortels bien plus encore, je me suis adressé à deux hommes du terroir profond de la Rive Droite pour les scruter.
Je les connais tous les deux et je sais que ce sont des hommes de bonne volonté. Fortes têtes, certes, peu adeptes de génuflexions civiles, mais leur fierté en ce monde si vénal trouvera, sans nul doute, une oreille attentive de celui que mon brave curé doyen de la Mothe-Achard appelait Le Très Haut.
Et que les thuriféraires des capitaines d'industries des GCC, ces supplétifs trop contents de grapiller les miettes du festin, ne m'accusent pas de cracher sur la brillante réussite de faiseurs de vin pour nouveaux riches. J'aime le talent, l'esprit d'entreprise, celles et ceux qui innovent, qui crééent... mais dans le cas d'espèce je n'ai rencontré que des voraces qui n'éveillent guère l'admiration.
Magnum de Chateau Gombaude Guillot 1997 en vente chez le meilleur caviste de Paris : Philippe Cuq Le Lieu du Vin link
Intervention divine à Saint-Emilion.
La cérémonie de bénédiction du carillon du Château Angélus de Hubert de Boüard par l’archevêque de Bordeaux a irrésistiblement réveillé en moi le souvenir de pratiques passées, peu glorieuses, de l’Eglise catholique : les indulgences. Elles consistaient à racheter ses pêchés, et par là s’assurer une place au ciel, au moyen de dons sonnants et trébuchants à l’Eglise. Comme le disait un ecclésiastique vénal du 16e siècle : « Aussitôt que l'argent tinte dans la caisse, l'âme s'envole du Purgatoire ».
Qu’un notable parvenu fasse admirer par le Rotary Club local et ses plumitifs l’étendue de sa réussite financière, qu’il fasse se pâmer les sommités de la sous-préfecture en étalant le montant des travaux entrepris, qu’il les éblouisse par une débauche de vins prestigieux, de mets raffinés et de spectacles grandioses, rien que de plus banal.
Par contre, en ces temps de spéculation financière indécente et de paupérisation d’une part croissante de la population dans notre pays lui-même, comment un archevêque peut-il accepter, de venir faire la promotion médiatique d’un vin vendu plus de 300 € la bouteille, soit près de la moitié du minimum vieillesse ? Quelle humiliation pour lui d’être ravalé au rang d’acteur de cinéma perché dans une nacelle et de devoir attendre pour officier, la dissipation de la brume matinale afin qu’arrive de la belle lumière pour les photographes !
On espère que la participation à cette farce n’a pas eu pour simple compensation les quelques bouteilles d’Angélus promises à la cave de l’évêché. Se damner pour si peu !
Des miracles à la pelle !
Mais Monseigneur Ricard aurait pu profiter de l’occasion pour édifier les populations locales en leur révélant les nombreux miracles survenus lors des opérations de classement des grands crus classés de Saint Emilion. Miracles qui, par leur ampleur, attestent incontestablement d’une intervention divine!
Miracle, la transmutation du modeste terroir de Château Quinault en Grand Cru Classé. Situé sur les « sables de Saint-Emilion», ce grand cru a été racheté dernièrement par Bernard Arnault et Albert Frère, et devrait voir sa valeur marchande fortement revue à la hausse.
Miracle, le classement direct du Château Valendraud et de La Mondotte en Premier Grand Cru Classé B, sans passer par la case Grand Cru Classé !
Miracle à rebours que le déclassement de La Tour du Pin Figeac pourtant situé sur un excellent terroir juste en face de Cheval Blanc, propriété de Bernard Arnault et Albert Frère. Dans leur malheur, les propriétaires actuels seront assurément réconfortés par de charitables propositions de rachat émanant de très pieux voisins.
Divine et totale surprise que l’accession au rang de Premier Grand Cru Classé A du Château Angélus d’Hubert de Boüard, président du Comité Régional de l’INAO, membre du Comité national de l’INAO, président de l’ODG Saint Emilion, Premier Jurat de Saint-Emilion, administrateur du Conseil des vins de Saint-Emilion, membre du CIVB et consultant de plusieurs crus promus. Parmi ceux-ci, celui du président du Conseil des vins de Saint-Emilion.
Divine surprise que la promotion en Grand Cru Classé de nombreux domaines possédés par de grandes fortunes, promotion il est vrai, légèrement favorisée par une grille d’évaluation génératrice de gros investissements de prestige.
Enfin, intervention divine pour que l’INAO laisse se dérouler sans broncher un classement où la grille de cotation n’existait pas à la remise des dossiers et n’a été connue de l’ensemble des candidats que huit mois plus tard.
Que de miracles ! Que de miracles !
Et s’il lui restait des forces à Dieu, ne pourrait-il pas aussi chasser les marchands du temple ?
Dominique Techer, vigneron à Pomerol, soucieux du devenir des Appellations d’Origine, plus très Protégées de la cupidité ambiante