Ce dimanche matin je vais faire œuvre d’immodestie ce qui, j’en suis persuadé, n’étonnera guère ceux qui n’aimaient rien tant que de me voir moisir dans mon placard. Qui, en dehors du sérail politique, connaissait, avant qu’il fut nommé par le Président de la République 1ier Président de la Cour des Comptes, Didier Migaud ? Pas grand monde en effet avait suivi son impeccable parcours depuis son élection en 1988 comme député de la 4ième circonscription de l’Isère : rapporteur général du budget sous Jospin puis président de la commission des Finances dans la dernière législature. Le type est tout sauf bling-bling, mais sérieux, bosseur, rigoureux, compétent et, comme de le disent ses camarades socialistes qui adorent ce genre de saillies « terne et ennuyeux ».
Alors me direz-vous quel rapport avec moi ? Un seul, si je puis qualifier notre recruteur commun : Louis Mermaz. En effet, lorsque je rejoignais le cabinet du Président socialiste de l’Assemblée Nationale, au début juin 1981, Didier Migaud occupait le poste stratégique de directeur du cabinet du président du Conseil Général de l’Isère Louis Mermaz. Fils d’un notaire de Château-Chinon intime du François de Jarnac, ce jeune homme, il a 4 ans de moins que moi, cultivait la discrétion comme une plante en pot. Loin des ors de Lassay, De part mon goût prononcé pour le terrain je me colletais les dossiers des entreprises iséroises et j’étais souvent en contact avec lui. À l’hôtel de Lassay, mon directeur de cabinet, un énarque flamboyant, cultivait des ambitions électives en Isère et toisait ce pauvre Migaud, si terne, si modeste. L’Histoire a ainsi de ces volées de bois vert : l’autre n’a jamais été ni élu, ni aux cimes publiques et voila Migaud qui se retrouve lui à la tête d’une des plus prestigieuses institutions de la République.
Didier Migaud fut un fabiusien zélé et je suis content de sa référence, dans son interview au Monde où il justifie son acceptation, à Michel Rocard lorsque celui-ci dit que la République à intérêt à fonctionner dans un cadre plus apaisé. Bref, j’en reviens après ce long détour, au fond de mon propos dominical : la compétence. Dans l’imaginaire collectif, la compétence est à droite et le monopole du cœur à gauche. Comme me le faisait remarquer un ancien directeur de la FNSEA au dernier Salon de l’agriculture : « vous aviez deux fois plus à prouver... » En effet, le procès en incompétence fait parti intégrante du discours de ceux qui détiennent le pouvoir économique. Lorsque je dus affronter les charges de certains petits marquis contre le contenu de mon rapport j’eu droit au qualificatif de « haut-fonctionnaire parisien » avec le sous-entendu infâmant « de gauche ». Ça ne m’a jamais ému. Avec mon immodestie naturelle j’ai toujours tracé ma route sans me soucier de tous ceux qui n’avaient jamais mis les mains dans le cambouis. Pour autant suis-je compétent ? Ce n’est pas à moi d’en juger et je regrette que Thierry Jacquillat, l’ancien Directeur-Général du groupe Pernod-Ricard, qui nous a quitté tout récemment, ne puisse répondre à ma place. Fidèle lecteur de ce blog je salue sa mémoire d’Ardéchois discret et fidèle en amitié.