Pour cette chronique je prends de l'avance sur l'horaire classique pour donner un coup de main au Bojolo Nuovo qui, tel une rock star sur le déclin ou un top model en bute aux affres de liftings à répétitions, n’est pas au mieux de sa forme. Les pays traditionnellement importateurs, comme le Japon, ont levé le pied sur les commandes. La crise sans doute, mais le mal qui ronge le frétillant des comptoirs du troisième jeudi de novembre est plus profond. Après avoir été adulé, peloté par les médias et les faiseurs d’opinion, telle une fille facile, à la cuisse légère et au parfum bon marché, trop fardée, avec qui il est facile de s’encanailler, de s’envoyer en l’air sans grand dommage, le voilà couvert d’opprobre, chargé de tous les vices de ces vins dont certains disent qu’ils sont faits avec de la poudre de perlimpinpin. Alors ceux qui dans notre beau pays, au temps de sa splendeur, l’ont encensé le brûlent aujourd’hui sans aucun remord sur le bucher des vanités.
Au fait et ma Tombola les gars, les filles aussi, j'ai mis du Bojolo Nouvo dans les lots... Allez-y, vous avez jusqu'à midi un pti clic sur l'icône et c'est parti pour la chance...
Pourquoi un tel déclin : 272 615 hl en 2004 à 163,24 euros en moyenne l’hectolitre contre 154 470 hl pour cette campagne à 139,47 euros l’hectolitre fourchette haute ? C’est la Bérézina. Hormis une image dégradée par les flots déversés par la GD je crois que le Beaujolais Nouveau vieillit avec la génération, celle des baby-boomers, qui l’a porté au pinacle et la nouvelle génération, plus tentée par d’autres boissons festives ou plus radicales, ne prend pas le relais. Comme la consommation du vin s’est embourgeoisée : boire moins mais boire mieux disaient les bordelais sur des affiches du CIVB – censurées par les juges – le côté canaille et popu du Beaujolpif cher à René Fallet ne séduit plus ni les snobs qui lui trouvent maintenant des airs de produit de série, ni les bobos qui eux veulent rien que des nectars biodynamisés. Siphonné par les 2 bouts notre Beaujolais est tombé dans le trou.
Au fait les tickets de la Tombola c'est 5 euros pour 1, 10 euros pour 3 et 20 euros pour 7, pour des lots de oufs carresser l'icône et c'est parti mon kiki... Rassurez-vous je partirai pas avec la caisse...
Certaines belles âmes diront : à toute chose malheur est bon : le Beaujolais va retrouver son âme loin du tsoin-tsoin, des régimes de bananes ou d’exotiques fragrances venues d’ailleurs. D’autres, surtout dans les sphères interprofessionnelles rétorqueront qu’avec un petit coup de communication reliftée la machine va repartir de plus belle et que cette grande fête populaire va redevenir « tendance. L'an passé, c'est l'artiste Ben qui a été sollicité. Pour 2009, le Beaujolais se tourne vers le « pop art » avec un visuel qui utilise des couleurs très vives. « La nouvelle campagne souhaite également renforcer l'aspect festif de ce vin et lui redonner ses lettres de noblesses » explique Anthony Collet, responsable marketing et communication.
Le problème c’est que le rouleau compresseur « Beaujolais Nouveau » a complètement laminé et réduit l’image de l’appellation en la cantonnant dans la tête du grand public à une période de temps de consommation qui se contracte de plus en plus. Entre l’élitisme pur, certes souhaitable pour redonner aux crus du Beaujolais leur vraie place, et la remise en ligne de la grosse cavalerie par une communication redonnant au « Nouveau » un nouveau souffle, il y a un travail de fond à réaliser dans le vignoble pour mieux adapter la ressource raisin à sa finalité. Mais, comme c’est un sujet qui fâche, je ne m'y risquerais pas. Simplement je crois pouvoir dire, sans grand risque d’être démenti par les faits, que pour redevenir « tendance » il faudra tout à la fois conjuguer les efforts des musts, ces nouveaux vignerons revisitant l’appellation qui font de l’image, et des maisons de vins, des négociants en capacité de mieux maîtriser les volumes pour alimenter les circuits de distribution dits modernes.
Pour la Tombola faut pas que j'me plaigne j'ai déjà vendu 100 tixons en une journée mais je croyais que ma côte d'amour auprès de vous était meilleure. Bon si ça vous dit chatouillez l'icône et la chance vous sourira les amis...
Vous voyez que j'ai du beau monde avec moi pour ma Tombola.
Mais, en dépit du temps lourd, aujourd’hui est jour de fête, bien sûr celle du Bojolo Nouvo mais aussi celle du Vin tout court avec Autrement Vin au le CENTQUATRE, 5 rue Curial, Paris 19e, Métro Riquet ou Stalingrad de 14h00 à Minuit
14h00 : exposition et dégustation par le public des 4 catégories de vins atypiques
18h00 : autour des vins, quelques découvertes gastronomiques du sud-ouest, terre et mer.
19h 15 : Grand débat entre Michel Bettane/Marcel Richaud sur le Bio animé par Laurent Bazin d’I-télé. Puis questions de la salle aux intervenants.
20h00 : le Cercle des Dégustateurs commente les vins atypiques sur le plateau du CENTQUATRE.
Avec une TOMBOLA : des belles bouteilles à gagner ! http://www.berthomeau.com/article-en-avant-premiere-la-tombola-des-amis-de-vin-cie-a-autrement-vin-le-19-novembre-au-104-a-paris-39518632.html
Courez-y chers amis. Venez-y à pied, à cheval, ou en voiture, en Vélib ce jour-là tout est possible à Paris : le Bojolo Nouvo et les Petits Nouveaux du CENTQUATRE.
Bref le 19 il faut teuffer toute la journée car le vin c’est la fête. La vraie fête lire ou relire ma chronique : « Les jeunes, la fête et le vin : le seul cocktail sanitairement correct » http://www.berthomeau.com/article-les-jeunes-la-fete-et-le-vin-le-seul-cocktail-sanitairement-correct-38092108.html Et que les esprits chagrins ne viennent pas me dire qu’il fallait choisir un autre jour car si le Beaujolais Nouveau veut sortir du ghetto d’un seul jour où le tam-tam médiatique retenti, occuper un espace plus large, arrêter d’étouffer l’appellation et ses crus tout au long de ce qui reste de l’année, il lui faut sortir de l’instantanéité. Les temps médiatiques que nous vivons sont friands de ce type de séquence fugace. Le Bojolo Nouvo nous avons 3 mois pour le boire alors de grâce arrêtez de nous bassiner que c’est le grand soir ce soir.
Pour clore cette chronique je vous offre un must absolu : une Minute de Monsieur Cyclopède de l’irremplaçable Pierre Desproges : plongeons-nous dans la généalogie pontificale... à savourer sans modération sur plein écran en cliquant sur l'icone rectangulaire en bas à droite du petit écran. Bonne journée, à ce soir au 104