Dans ma jeunesse vendéenne j’ai le souvenir de conversations à la maison où il était question de ceux de nos voisins dont la seule ambition dans la vie était de guetter la mort du père ou de la mère untel pour, profitant des bisbilles entre héritiers, acheter un bout terre qui viendrait arrondir leur patrimoine. La plupart se saignaient aux quatre veines, vivaient chichement, pour accumuler dans leur bas de laine les picaillons nécessaires à leurs acquisitions alors que les grands propriétaires – des nobles – qui tenaient toutes les grosses métairies du canton, les clients de battages de mon père Arsène, données en métayage puis en fermage, pestaient contre la baisse de la rente foncière et ne rêvaient que de vendre leurs terres pour investir dans des activités plus rentables.
Ça m’a beaucoup marqué. Pour moi, la terre agricole, la terre arable, est un outil de travail pour les agriculteurs et non un objet de thésaurisation ou pire de spéculation lorsqu’elle devient terre à bâtir.
Sans être un panier percé j’ai toujours privilégié la vie à l’accumulation financière, ce qui ne m’a pas empêché d’acquérir un appartement à Paris à une époque où les prix d’achat restaient plus que raisonnables. Je ne l’ai pas fait pour transmettre mais pour habiter encore à Paris dans des conditions acceptables. Valeur d’usage plus que valeur de rente. Pour moi la transmission se situe ailleurs, dans les valeurs de vie que dans le capital.
Ceci écrit, arrivé à l’instant de ma vie où, retraité actif : je m’occupe jusque fin 2014 des quotas laitiers de mes vaches pour le compte du locataire du 78 rue de Varenne, se préoccuper de l’avenir de celles et ceux qui vivent sur et de notre terroir profond m’apparaît comme une ardente obligation. Les petits ruisseaux font les grandes rivières et joindre le geste à la parole vaut mieux que de se contenter de maugréer, de pester contre le système car nous sommes aussi le système.
Bref, sur ces fortes considérations voici quelques nouvelles de mes propriétés dans le vignoble profond.
Du côté de Catherine
Chers associés,
Quelques nouvelles en bref :
1) La récolte a été belle et abondante, 99hl, soit presque 13 000 bouteilles. J’espère retrouver dans les vins la saveur des grains de raisin que je goûtais dans les rangs.
2) Le millésime s’avérant pointu, pointu, je viens de faire l’acquisition d’un foudre de 20hl, une belle pièce vraiment, pour apprivoiser ce pointu-pointu.
3) Les vins n’étant pas tout à fait finis, les vignes appelant à être labourées et chaussées avant l’hiver, j’y retourne.
Du côté de Solenne
C’est fait. C’est bouclé. Solenne, grâce au crowdfunding link et link , va pouvoir être équipé d’un collier lui permettant de décavaillonner dans les vignes d’Alexis et Pascal Peyvergès qui ont repris le vignoble de leur père en 1999 et qui en 2008 ont décidé de convertir la conduite de la vigne et la vinification aux méthodes de l'agriculture biologique. Lire ICI link
Je suis, bien sûr, prêt pour d'autres aventures dans le vignoble profond... et à tous ceux qui s'étonnent que sur le répondeur de mon téléphone je déclare que je suis dans mes vignes lorsque je ne réponds pas, je déclare qu'ils ne savent pas rêver...