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1 avril 2013 1 01 /04 /avril /2013 13:00

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Être rond comme une queue de pelle, beurré comme un p'tit-Lu sont des expressions populaires qui sont compréhensibles par le premier con venu car elles se fondent sur une analogie incontestable : le manche de pelle est rond et le Petit Lu est pur beurre. En revanche l’expression être bourré comme un coing, et non comme un coin prononcé à la toulousaine tel  « putaing cong ! », est plus obscure. Et pourtant elle est quasi-universelle : pour preuve ce titre en août 2008 « Georges Bush bourré comme un coing à Pékin »   

 

Pour les petites louves et les petits loups urbains, surtout les locavores, je précise que le coing est le fruit du cognassier qui ne peut se consommer cru. Tante Aline, muette comme une carpe depuis quelques mois ce qui ne lui ressemble pas, nous avait gratifiés d’une belle recette de canard aux coingslink 


Tout cela est bel et beau mais pourquoi le coing serait-il bourré ?


Question essentielle pour nous mais à laquelle nos éminents grammairiens et linguistes, qui n’aiment guère l’argot, n’ont pas donné de réponses satisfaisantes. Nous faire accroire, puisque bourré en argot c’est être rond, que ce serait à la rondeur du coing que cette expression se référerait, c’est chanter les mérites des roues carrées ou ovoïdes. N’en déplaise à l’éminent Alain Rey, pour qui cette « rondeur » aurait été une des raisons du choix (les autres ont les ignorent) de ce fruit, très franchement il faut être né dans le XVIe arrondissement pour nous conter de telles sornettes car affirmer que le coing est rond c’est méconnaître son incapacité  à rouler ce qui n’est pas le cas bien sûr du mec bourré (le féminin prêterait à des interprétations tendancieuses.)


Plus tordu encore, en 1935, selon Gaston Auguste Esnault, né à Brest, donc dans un écosystème très porté sur la biture, professeur de l’enseignement secondaire, agrégé de l'Université, lexicographe et spécialiste de linguistique et de littérature qui a publié des études savantes sur l’argot en France, le coing aurait aussi été choisi par jeu de mots entre le fruit et le coin. Il y aurait eu homonymie entre le fruit et la cale que l'on met en général pour coincer quelque chose : et comme il n'y a plus d'espace en général entre la dite chose et ce coin, ce dernier est « bourré ».


Plus littéraire et tendance : « Pété comme un coing (Loulou traduit « quinced »), c’est une expression qui nous vient d’un soir à Marrakech, il y a quatre ou cinq ans, les Saint Laurent avaient invité Michel Polnareff : ivre de kif, il disait qu’il était « pété comme un coin » (parce que le coin de mur, le coin de table sont souvent ébréchés ?). Nous aimons dire aussi, comme Bill Willis (accent américain) : « Je suis hors de ma tête. »

Février 1972 Thadée Klossowski de Rola « Vie Rêvée » chez Grasset (c’est le fils cadet du peintre Balthus qui a vécu une vie oisive dans le sillage de Saint Laurent. Il publie aujourd’hui son journal des années 1965 à 1977)


Pas très convaincant tout ça, alors si vous trouvez mieux comme explication je suis preneur.

 

Merci de votre éventuelle contribution pour faire la lumière sur l’une de nos expressions familières…

 

En effet si vous buvez à tire-la-Rigault ou mieux à tire-larigot vous risquez d’être bourré comme un coing, de rouler dans le caniveau et de finir au violon (notre cher Charles Rauzan link   dans ses « Petites ignorances de la conversation » nous dit tout sur l’expression « mettre au violon » mais ceci est une autre histoire que je n’ai pas le temps de vous conter.)


Bon pour ne rien vous cacher dimanche matin j’ai acheté un coing au marché pour le caraméliser et dans l’après-midi je suis allé boire un petit Irish Coffee en feuilletant « Vie Rêvée » de Thadée Klossowski de Rola. Comme quoi les idées de chroniques viennent souvent de là où on ne les attend pas.

 

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commentaires

Y
Le coing est un fruit qui ne se mange que cuit, et quand on est bourré, on est cuit. Pourquoi pas ?
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Y
J'aurai envie de de dire qu'une pomme est ronde et "se tient bien".<br /> Le coing, lui, tout comme nous quand on est rond, ne sait pas se tenir, il est tout bourré quoi ! :p<br /> <br /> Peut-être que la première fois que quelqu'un à vu un coing, il a cru avoir affaire à une pomme bourrée ^^
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S
<br /> passer du temps sur votre blog est s'accorder un petit moment pour apprendre, pour s'enrichir au niveau culture général !merci. apiculture<br />
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P
<br /> Quand on est 'bourré', en argot, on est également 'rond' ("comme une queue de pelle", éventuellement). Or, il se trouve que le 'coing' est un fruit relativement rond, moins que la pomme ou<br /> l'orange, certes, mais bien plus que la banane !<br /> Selon Alain Rey, cette 'rondeur' aurait été une des raisons du choix de ce fruit.<br /> <br /> D'après Gaston Esnault en 1935, le 'coing' aurait aussi été choisi par jeu de mots entre le fruit et le 'coin' (on y revient), la cale qu'on enfonce pour coincer ou maintenir quelque chose. Sauf<br /> que, personnellement, je ne vois pas bien où est le jeu de mots.<br /> Bien sûr, on peut imaginer que le coin est 'bourré' dans l'espace où on l'a enfoncé. Et, en capillotractant un peu plus, on peut penser que le marin qui est 'bourré' traîne en fond de cale ; et<br /> qui dit 'cale', dit 'coin', et donc 'coing'.<br /> Pas convaincu ? Moi non plus !<br />
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L
<br /> Michelle Didio BELLE CHRONIQUE MAIS RESTE LE MYSTERE ET BOULE DE GOMME <br /> Cette expression aurait été employée pour la première fois dans la littérature<br /> par Henry de Montherlant en 1949 dans sa pièce Demain il fera jour.<br /> Pour certains, ce serait un jeu de mots construit à partir de « mystère de la<br /> Bégum » faisant référence au roman Les Cinq Cents Millions de la Bégum dont l’ébauche de Jean-François Paschal Grousset a été remaniée par Jules Verne (1879).<br /> Interjection exprimant le mystère, l’incompréhension.<br /> Comment il a fait pour grimper ces échelons, mystère et boule de gomme !<br /> ajouta Mrs Sixsmith en souriant. (Ronald Firbank, Oeuvres romanesques, 1984)<br />
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