Le Pierre il sait jouer du tam-tam pour rameuter le ban et l’arrière-ban de la fine fleur des dégustateurs pour son Concours National des Vins Bio. Mais moi qu’allais-je faire dans cette galère chargée d’amphores de vins bios ? Faire plaisir à Pierre, voir de près puisque c’était à deux pas de chez moi, m’obliger à faire un truc que je ne sais pas faire : noter d’excellent à mauvais, en passant par très bon, bon, insuffisant l’aspect visuel, l’intensité olfactive, la qualité olfactive puis gustative, la persistance gustative d’un vin. Donner une note à mon impression générale. Tout ça dans un puzzle de chiffres. Pire encore, faire la description du vin. Et pourquoi ne pas aussi me demander de deviner son nom de baptême planqué sous la chaussette !
Quand faut y’aller faut y’aller, remonter à vélo puis descendre la rue de Tolbiac pour se retrouver rue des Terres du Curé et me faire doubler par Véronique Raisin. Lorsque je pénètre dans le hall d’accueil de la Maison des Associations de Solidarité * je suis impressionné par le beau linge qui l’occupe. Y’a même des filles, chic ! Pour nous faire patienter nous avons droit à un trio de chanteurs bios tendance rétro. Et puis nous pénétrons dans le Saint des Saints, tables de 4 numérotées, boutanches encapuchonnées, verres, petit pain, serviette et liasse de fiches de notation. Dans ma petite Ford intérieure je me dis qu’il me faut m’incruster à une table avec une pointure. Je convaincs aisément Pierre de me laisser gagner celle, la n°26, où siège déjà Myriam Huet le top du top de la dégustation. Ouf ! Elle sera le chef de cabine car dans le petit jeu du concours des vins bio nous devons nous causer, nous recaler les uns par rapport aux autres afin au bout du compte de décerner des médailles or, argent et bronze.
Rasséréné je m’aperçois enfin que je suis à une table de vins espagnols : 11 DDO Alicante, 3 DOC Alicante, 1 DOC Rioja, 1 DOP Utiel-Requena et une méthode traditionnelle Valencia par laquelle nous commencerons après avoir dégusté un échantillon de calage. C’est du sérieux, ça ne rigole pas chez le Guigui, d’ailleurs nous étions sur la haute surveillance de la DGCCRF et moi qui pensais faire le coup de la caméra cachée je me suis vite ravisé laissant ça à ceux qui font des docus pour Arte en se contentant de rabouter des bouts de ficelles. Et ça se dit journalistes en plus, je me gondole grave et je fais une petite batterie de photos.
L’exercice Guiguien à notre table se déroula avec précision et efficacité sous la houlette de notre Myriam et des deux autres dégustateurs qui sont des pros. Moi je me concentre, je fais les gestes qu’il faut faire, je crache proprement, je gratte comme besogneusement, j’échange, je pose des questions, je me cale et je m’aperçois que je ne suis pas totalement con. Même qu’à l’échantillon 472 je me contente dans la description d’inscrire médaille. Nous lui donnerons l’argent. Je récidive avec le 444 où je suis un peu plus prolixe « me plaît beaucoup, bien équilibré, agréable, belle amertume en fin de bouche » et médaille. Nous lui donnerons l’or. J’adorais le 426 très vin nature mais mes coéquipiers n’étaient pas emballés. Nous avons terminé dans les temps. Myriam a rempli le PV. Nous l’avons signé et nous avons cassé une petite graine très sympathique en dégustant les nectars des tables d’à côté. Mon amie Aurélie est venue nous rejoindre avec son château de Baal et son superbe sourire.
Tout était bien qui finissait bien. Une seule remarque par rapport à nos gentils vins espagnols : nos 3 médailles n’ont pas tout à fait le même poids spécifique que celles attribuées par d’autres tables d’un niveau bien plus élevé. Nous jouions en DRH alors que d’autres batifolaient plutôt en ligue 1. C’est le lot de ce genre de compétition qui mêle des compétiteurs de calibres fort différents mais comme les vins présentés ne boxent pas tous dans la même catégorie ce n’est pas très important.
De Pierre Guigui quelques précisions :
« Nous avions toutes les régions de France avec une belle avancée à Bordeaux qui restait à la traine en terme de développement jusqu'à présent. Nous avions 110 jurés en très grande majorité des pros de la dégustation plus quelques dégustateurs-observateurs. La fiche de dégustations est aujourd'hui la plus précise dans notre secteur. J'ai fait le choix de ne pas attribuer de médailles selon un barème car celui-ci ne respecte pas l'avis des jurés. Certains mettent une médaille d'or sur une note correspondant au barème de bronze par exemple. Le règlement se trouve sur le site il est valable dans l'ensemble sauf sur l'ouverture à l'étranger puisque nous faisons cette année une première tentative en invitant uniquement l’Italie, l’Espagne et le Portugal. »
- « La MAS est née de la volonté d'un chef d'entreprise, Olivier Lafon, désireux de mettre son expérience et son argent au service de l'économie sociale. C'est ainsi qu'après s'être retiré des affaires, cet ancien patron de centres commerciaux a fait appel aux deux principales fédérations d'associations du secteur sanitaire et social de l'Ile-de-France, l'URIOPSS et la FNARS, pour mener à bien son projet :" »Beaucoup d'associations ont des problèmes de locaux, d'autres n'ont pas assez de subventions, d'autres encore manquent d'expérience et ont besoin de conseils. En les rassemblant, j'ai voulu créer un outil innovant pour leur permettre d'avancer plus rapidement et donc d'être plus efficaces… »
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Palmarès 2013 du Concours International des Vins Bio et en Conversion
483 inscrits, 416 français et 67 vins étrangers
133 vins médaillés soit 27%.
Prix Marc Jolivet : Sud-Ouest, Cahors Rouge 2009, Malbec XL, Château de Lacapelle Cabanac
Alsace, Vin d’Alsace, Gewurztraminer Blanc 2010, Vendanges Tardives, Pierre Frick.
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