C’est l’âge, je sais ! Je prends le risque de me voir traiter de soixante-huitard attardé mais, que voulez-vous, ce qui se passe au Québec en ce moment ne peut que me réjouir. Que la jeunesse s’ébroue, proteste, résiste, me semble bien plus salubre, plus réconfortant, plus sympathique, que de la voir se comporter comme un troupeau de petits rentiers effarouchés.
« Depuis la mi-février, un mouvement de grève étudiant dénonce la décision du gouvernement québécois de Jean Charest d'augmenter les droits de scolarité de 75% en 5 ans. Ils sont plus de 300.000 en grève: parents, enfants, retraités, professeurs, membres d'organisations et étudiants se réunissent sous le thème « Pour un printemps québécois ». Des milliers arborent du rouge (la couleur du mouvement) dans les cheveux, aux oreilles, sur les sacs ou en épinglette. Certains parlent de "printemps érable", en écho au mouvement de contestation dans le monde arabe et au sirop d'érable, emblème du Québec » La suite sur le site de l’Express par Sophie Malherbe avec AFP, publié le 04/05/2012 à 15:02, mis à jour à 17:33 link
Nus dans la rue visionner la vidéo où une étudiante proclame là où il faut « je montre ma raie à Jean Charest »link
Pour clore cette chronique je vous offre l’article de Jean-Simon Gagné dans Le Soleil publié le 01 mai 2012 à 23h18 | Mis à jour le 02 mai 2012 à 09h22 Le Québec des vieux cons.
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Quatre cent quatre-vingt-quatorze dollars. C'est le montant des contraventions qui ont été distribuées à des étudiants, pour avoir «entravé la circulation», près de la Grande Allée, vendredi dernier. Bref, pour avoir manifesté pacifiquement, dans la rue.
J'en vois qui se réjouissent. «Bien fait pour eux, disent-ils. Ces morveux récoltent ce qu'ils méritent.»
Ah oui? Il a donc suffi de 12 semaines de grève étudiante pour égratigner notre vernis démocratique? Pour applaudir ce flagrant abus de pouvoir?
Pourtant, n'importe quel juriste confirmera que lorsque la punition est aussi exagérée, c'est la loi elle-même qui perd sa crédibilité. Les policiers qui distribuent ces amendes débiles ne maintiennent pas l'ordre. Ils jouent le rôle du nigaud qui scie la branche sur laquelle il est assis.
Deux écoles s'affrontent. Dans le coin droit, l'ancien maire de Chicago, le cynique Richard Daley, qui disait : «Le policier n'est pas là pour créer du désordre. Le policier est là pour préserver le désordre.»
Dans le coin gauche, le président François Mitterrand, qui répétait en substance : «Si la jeunesse n'a pas toujours raison, ceux qui font le pari de l'humilier ont toujours tort.»
D'accord. Il n'y a pas d'âge pour être un vieux con. Le vieux con, des fois, c'est vous. Des fois, c'est moi.
Je sais seulement que l'exemple à ne pas suivre vient d'en haut.
Pendant des semaines, le gouvernement de Jean Charest a traité les étudiants avec toute la condescendance d'un missionnaire jésuite parti évangéliser les pygmées, dans le Congo belge du XIXe siècle. Combien de fois a-t-on entendu que les jeunes étaient des «enfants gâtés»?
Et voilà que le gouvernement s'accroche désormais à la crise comme un nageur à bout de souffle se cramponne à une bouée. Réussir à mater les grèves, cela constitue son passeport électoral. Sa planche de salut. Sa meilleure chance de remporter des élections rapides, avant que les révélations de la commission Charbonneau n'achèvent de le déshonorer.
Reste qu'il est difficile de ne pas sourire lorsque le gouvernement prétend que la hausse des droits de scolarité constitue une question de principes. C'est qu'au fil des ans, voyez-vous, on a distingué autant de principes derrière les grandes actions de ce gouvernement que de peignes dans le garde-robe d'un chauve...
Soyons honnêtes. La condescendance n'est pas une exclusivité gouvernementale.
Dimanche, il faut voir avec quelle complaisance les trois principaux leaders étudiants ont été accueillis à l'émission Tout le monde en parle.
Quoi? Des jeunes Québécois qui savent s'exprimer? Des jeunes qui ne grognent pas comme des hommes de Neandertal? Des jeunes qui réfléchissent sans se curer le nez avec leur doigt? Les gens présents sur le plateau de l'émission n'en finissaient pas de s'extasier, comme s'ils n'en croyaient pas leurs yeux.
Des fois, les gloussements de satisfaction conduisent tout droit à la bêtise, plus sûrement qu'un coup de matraque sur la tête.
Le seul moment embarrassant est survenu lorsqu'on a rappelé à Gabriel Nadeau-Dubois, le porte-parole de la CLASSE, à quel point le cinéaste Xavier Dolan le trouvait «sexy». Plus léger, tu gagnes à une course de montgolfières. Si c'est cela, la gauche éclairée, qui pourra reprocher au mouvement étudiant de vouloir rallumer une lumière au bout du tunnel?
Du côté de l'humour, malgré la fièvre étudiante, l'humeur apparaît sombre, comme en témoigne cette blague, gracieuseté d'un étudiant...
«Un jour, un énorme tremblement de terre secoue la forêt où Blanche-Neige s'est réfugiée pour échapper à la méchante sorcière. La caverne des sept nains s'effondre, emprisonnant tous les habitants sur des tonnes de débris. Accourue sur les lieux, Blanche-Neige fouille les ruines à la recherche de survivants. Soudain, une voix se fait entendre, sous les décombres.
- Votez pour Jean Charest et le Parti libéral! Votez pour Jean Charest et le Parti libéral!
Un sourire radieux illumine aussitôt le visage de Blanche-Neige.
- Dieu soit loué, s'écrie-t-elle. Simplet est vivant!»